1. Envoyer Aaron Gordon en mission sur Anthony Edwards
Kentavious Caldwell-Pope (1,96 mètre) fait officiellement trois centimètres de plus qu’Anthony Edwards (1,93). Ça ne se ressent pas sur le terrain. Le prodige des Minnesota Timberwolves a beau être plus petit, il paraît tellement plus costaud, tellement plus aérien, tellement plus dominant et même carrément plus grand que son vis-à-vis, qui est pourtant l’un des meilleurs défenseurs sur l’homme de cette ligue.
Après deux matches, KCP est clairement en difficulté. Qu’il se rassure, il n’est pas le seul. Aucun joueur des Denver Nuggets (ni même des Phoenix Suns, balayés au tour précédent) n’a trouvé de solution pour arrêter celui qui est comparé à Michael Jordan. En fait, ce n’est pas tant que Caldwell-Pope est dans le dur. C’est surtout que tout semble facile pour « Ant », qui compile 35 points à 61% aux tirs après deux matches gagnés contre les champions en titre.
Il n’y a personne pour l’arrêter. Surtout quand il s’applique à jouer avec justesse, lâchant vite la gonfle sur les prises-à-deux et exploitant le moindre espace en transition ou sur les switchs après un pick-and-roll. Il provoque une situation, il regarde ce qui se passe et il exécute (dans tous les sens du terme).
Le seul qui peut physiquement lui tenir tête, c’est Aaron Gordon. Un bon bébé de 2,03 mètres et une bonne centaine de kilos de muscles. Un joueur réputé pour sa polyvalence défensive. Gordon est le meilleur défenseur des Nuggets mais il a une autre tâche, à savoir ralentir Karl-Anthony Towns (qui est à 23,5 points, 64% aux tirs et 55% à trois-points depuis le début de la série).
Il s’est retrouvé sur Edwards par moments lors des deux premiers matches mais sans avoir la principale responsabilité, un rôle qui revient à Caldwell-Pope la forte majorité du temps quand ces deux équipes s’affrontent. Mais avec deux victoires de retard, Michael Malone va devoir tenter des coups.
Un tel changement signifie que Nikola Jokic devra se coltiner KAT. Ou Michael Porter Jr. Avec par exemple KCP sur Rudy Gobert ou Jaden McDaniels selon la formule choisie. L’idée, justement, c’est de forcer les Wolves à finir le plus souvent leur possession avec le ballon dans les mains des de Gobert ou McDaniels, deux excellents défenseurs capables de contribuer en attaque mais sans pour autant être des experts pour créer leur propre tir.
Les Nuggets doivent miser sur le fait que les joueurs de devoir de Minnesota n’arriveront pas suffisamment à les punir. Parce que tant qu’ils tendent le bâton à Anthony Edwards, ils prendront des grands coups de latte.
2. Jouer (beaucoup ?) plus vite
Denver ne peut absolument pas gagner une série défensive avec un tempo lent. Même avec un génie comme Jokic pour guider son attaque. Ils ne battront pas les Timberwolves à leur propre jeu. Ils doivent mettre le feu. Showtime ! L’équipe de Chris Finch possède la meilleure défense du championnat – et Gobert va prendre son quatrième DPOY – mais c’est une formation qui a déjà montré des limites en attaque. Marquer 120 points reste un sacré défi pour elle, même si elle fait preuve de beaucoup d’adresse depuis le début des playoffs (48,8% de réussite, deuxième derrière les Los Angeles Lakers).
Les Nuggets se compliquent la tâche en laissant la défense des T-Wolves se mettre en place. McDaniels, Edwards et Nickeil Alexander-Walker font pression sur les porteurs de balle très, très loin du cercle et Jamal Murray peine même à enclencher la machine offensive redoutable qui a mené la franchise du Colorado jusqu’au titre l’an dernier. D’ordinaire si inventifs, les joueurs de Michael Malone donnent parfois l’impression d’être perdus, sans solutions.
« Il y a eu au moins 15 possessions où l’on ne savait pas ce que l’on faisait en attaque », déclarait le coach après le Game 1. « On n’était pas organisé. »
Seulement 99 points inscrits lors du premier match. 80 dans le second. Le plus petit total de la saison. 34% de réussite. Un fiasco. Jokic et Murray ont perdu 18 ballons à eux deux en deux rencontres. Le premier est à 42% aux tirs – tellement, tellement loin de ses standards – et le second à 28%.
Mettre du rythme est peut-être la parade pour marquer des paniers plus faciles en transition et trouver des solutions plus simples en attaque. Les Nuggets ont souvent tué leurs adversaires avec leur tempo infernal. Mais en sont-ils seulement encore capables ? Ils ont l’air éreintés. Complètement éteints par des Timberwolves plus forts physiquement et surtout plus frais. Eux aussi peuvent courir. La campagne victorieuse de 2023 a laissé des traces à Denver. Ce n’est pas un hasard s’il y a si peu d’équipes qui font le back-to-back après tout.
3. Laisser Aaron Gordon initier plus souvent le jeu balle en main
Ça commence à faire beaucoup de responsabilités pour Aaron Gordon… quelque part, c’est exactement ce que veulent les Timberwolves : éloigner le jeu de Nikola Jokic et Jamal Murray. Mais vu que Rudy Gobert défend sur lui, Gordon va devoir le forcer à sortir le plus possible de la raquette. Pour l’instant, le plan est clair pour le Français et ses coéquipiers. Ils laisseront shooter l’ancien joueur du Orlando Magic pour rester à proximité du cercle. AG a mis 20 points (meilleur marqueur des siens) avec 3 paniers primés lors du Game 2. Il risque de devoir faire encore plus.
4. Garder leur calme
Ce n’est pas vraiment un ajustement tactique. Juste une question d’état d’esprit. La vibe qui se dégage des Nuggets n’est pas forcément bonne. Ils sont frustrés. Parce qu’impuissants devant la situation. Les joueurs ont quitté le terrain sans dire un mot, même pas une once d’encouragement, après le Game 1. Ils se sont énervés sur les arbitres dans le Game 2.
Malone s’en est très bien sorti en n’écopant pas d’une faute technique après être passé tout près de venir coller son front contre celui de l’arbitre. Murray aurait dû être sanctionné – et la NBA le mettra probablement à l’amende – après avoir balancé un « heat pack » sur le terrain. Un geste « stupide et dangereux » pour Chris Finch, le coach de Minnesota.
Jokic a avoué qu’il devait « garder son calme, tout comme Jamal. » Ils ont été beaucoup trop relax par moments mais ils ont mis leur énergie au mauvais endroit la nuit dernière. Denver a compté 10 points de retard ou plus lors des 6 des 7 matches de playoffs disputés jusqu’à présent. Il faut une révolte, oui, mais pas comme ça. Stop crying, start fighting.