Non, Marine Johannès n’a pas « fait un choix »

Marine Johannès ne disputera pas l'Eurobasket 2023 à cause d'une situation ubuesque avec la Fédération, dont le comportement est incompréhensible. Eclairage sur le vrai noeud du problème, avec Ghislain Clément.

Non, Marine Johannès n’a pas « fait un choix »

A quelques encablures d'un Eurobasket que l'équipe de France espère remporter pour la première fois depuis 10 ans, la situation autour de Marine Johannès monopolise l'attention. La joueuse de l'ASVEL et de New York ne fait pas partie du groupe de 15 joueuses retenues par Jean-Aimé Toupane pour préparer la compétition qui débutera la 15 juin prochain en Slovénie et en Israël. En cause, le refus de la Fédération d'accorder à "MJ" le droit de se rendre quelques jours à New York pour des questions administratives et contractuelles.

Les coups de gueule de Nicolas Batum et Tony Parker n'y ont rien changé : les Bleues vont se passer de l'une de leurs meilleures joueuses, avec en filigrane la menace d'un conflit qui pourrait s'étendre jusqu'aux Jeux Olympiques à Paris l'année prochaine. Une issue catastrophique que l'on n'ose pas imaginer, d'autant qu'elle provoque une impression de deux poids, deux mesures, tant des cadres de l'équipe masculine ont pu jongler avec les règlements et les directives par le passé sans connaître le même sort que Marine Johannès.

Ghislain Clément est un suiveur attentif du basket féminin depuis de longues années en même temps qu'un fidèle de la Late Session du mardi soir (23h). En lisant son point de vue sur cette affaire sur Twitter, on a souhaité relayer sa mise au point absolument parfaite sur ce dossier.

Non, Marine Johannès n'a pas "choisi" de ne pas être sélectionnée en équipe de France.

La liste des Bleues pour préparer l'Euro... sans Marine Johannès

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On va remettre l’église au centre du village car je lis beaucoup d’erreurs depuis ce matin. Le CBA (le Collective Barganing Agreement, comme en NBA) de la WNBA autorise les joueuses à partir en sélection 15 jours avant une compétition et personne ne peut s’y opposer, ni New York, ni aucune autre franchise. C'est la règle. Marine Johannès étant en statut "reserved", son contrat n’est pas encore signé. Pour qu'elle puisse disputer la saison 2023 en WNBA, elle doit remplir comme conditions la signature de son contrat et le passage de tests médicaux. C’est compliqué de faire ce genre de chose à distance, n'est-ce pas ?

Marine veut juste jouer à la fois en WNBA et avec l’EDF. Elle n’a jamais priorisé les États Unis par rapport à la France. C’est la Fédération qui lui met un ultimatum pour une absence... de moins d’une semaine. Il faut donc arrêter de dire qu'elle a "fait un choix". Non. C’est la FFBB qui fait le choix de ne pas la sélectionner et qui d’ailleurs ne l’assume pas en utilisant l'idée d'un choix de Marine dans sa communication.

Sur les calendriers soi-disant chargés, évoqués ici et là par les membres de l'équipe de France... C’est la FFBB qui fait ses calendriers ! On peut d’ailleurs fortement s’interroger sur un camp d'entraînement de l'équipe de France qui commence le 15 mai, alors que la finale de LFB (à laquelle a participé Marine Johannès avec l'ASVEL, comme ses coéquipières Alexia Chartereau, Helena Ciak et Sandrine Gruda, mais aussi les joueuses de Villeneuve Caroline Hériaud et Janelle Salaun) se termine le 22/05. Super idée !

Je voudrais juste signaler que des pays voisins ont des championnats avec plus d’équipes, un système de playoffs eux aussi, mais finissent leurs saisons avant nous. Quand on veut, on peut trouver des solutions. Mais encore faut-il le vouloir.

Enfin, c’est tout de même un comble que l'on ne trouve pas de solution pour qu’une joueuse cadre de l’équipe de France puisse faire un aller-retour à New York pour signer un contrat, simplement parce qu'elle manquerait 5 ou 6 jours d'un camp d’entraînement (elle reviendrait largement avant la fin du camp et du départ pour l'Eurobasket le 15 juin) alors qu’elle sort d’une saison éreintante et que quelques jours sans basket lui feraient le plus grand bien.

Actuellement, j’ai surtout de la peine pour Marine qui vit basket à 100% dans tout ce qu’elle fait et pour qui l'équipe de France représente énormément. Elle se retrouve prise au milieu d'une lutte de pouvoir absurde. Je lui souhaite du coup de partir aux USA. Car au moins là bas, on la considérera comme il se doit.

D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si les médias locaux et ses coéquipières à New York sont en ébullition autour de ce dossier. Tout le monde, là-bas, est prêt à l'accueillir à bras ouverts et est excité à l'idée de pouvoir compter sur elle sur toute la durée de la saison. Et on imagine qu'après avoir entendu Jean-Aimé Toupane et Céline Dumerc, respectivement coach et General Manager de l'équipe de France, ne pas aller à l'encontre du message passé par leur hiérarchie et adopter une communication docile, Marine trouvera le réconfort qu'elle mérite sur les parquets américains.