La puissance de l’instant, ça peut agacer. Notre ère est tellement ultra-connectée que chaque moment est unique… l’espace d’une seconde, avant de se perdre dans l’immensité d’internet. Ja Morant devient le joueur le plus excitant depuis Vince Carter, comme si Derrick Rose ou Blake Griffin n’avaient jamais existé. Ou Nikola Jokic, meilleur joueur de l’Histoire des Denver Nuggets. Sauf, que, hum, oups, là, c’est sans doute vrai.
Dès qu’un joueur moderne, encore en activité, est présenté comme le plus talentueux de son organisation, cette pensée se heurte à une forme de défense sacrée du passé. Soudainement, certains ressentent le besoin de rappeler l’héritage de basketteurs, aussi glorieux soient-ils, partis à la retraite 30 ou 40 ans plus tôt.
Dire que le « Joker » est le plus fort à avoir porté un maillot des Nuggets, ce n’est absolument pas un manque de respect envers les autres légendes de la franchise du Colorado. Le débat existe entre Damian Lillard et Clyde Drexler aux Portland Trail Blazers. En fait, le constat, c’est que les plus nostalgiques donnent parfois plus de poids aux performances historiques. Le fameux : « c’était mieux avant. » C’est souvent quand quelqu’un est parti que l’on apprend à l’apprécier réellement.
Nikola Jokic est jeune. 27 ans. Il commence seulement son prime. Il joue en NBA depuis 2015 et dispute donc sa septième saison à Denver. C’est quand même le meilleur joueur de l’Histoire des Nuggets.
« Il y a eu quelques grands joueurs aux Nuggets. Alex English, Bobby Jones, David Thompson, Dikembe Mutombo, Carmelo Anthony. Jokic est le meilleur », remarquait George Karl, coach emblématique de la franchise.
Nous sommes d’accord. Le pivot All-Star est d’ailleurs le seul MVP des Nuggets. Et il est parti pour faire un doublé. Les statistiques donnent peut-être raison à Alex English, avec des saisons vraiment prolifiques et quelques belles campagnes de playoffs. Mais Jokic est déjà au-dessus. Déjà trop fort. C'est ironique que les dirigeants aient accepté de filer le 15, le numéro de Carmelo Anthony, à un rookie serbe drafté au second tour. Au final, il est déjà plus grand. Peut-être le seul joueur dans l'Histoire de la franchise à pouvoir la mener un jour au titre.