NBA et Liaisons Dangereuses
Les mauvaises fréquentations ne sont pas seulement criminelles. Elles sont aussi sexuelles. Et là, on aborde un sujet presque tabou. Les sollicitations féminines font partie de la vie d’un joueur NBA. A chaque déplacement, certaines filles n’attendent qu’une chose : mettre le grappin sur un joueur, riche de préférence. C’était déjà le cas à la fin des années 70. Darryl Dawkins en donne un aperçu aussi hilarant que terrifiant dans son autobiographie. La mode, à l’époque, était de s’arranger pour tomber enceinte, et ensuite intenter un procès en paternité pour récupérer une pension alimentaire rondelette. Quand on voit à quel point les salaires ont augmenté depuis 30 ans, inutile de dire que ce risque existe toujours. Ralph Sampson, par exemple, a huit enfants de cinq femmes différentes et a été récemment inculpé pour défaut de paiement de pension. Shawn Kemp est père d’au moins sept enfants. Jalen Rose a pris le problème en pleine figure… bien avant de passer pro. Le jour où il a appris l’identité de ce père qu’il n’avait jamais connu. C’était Jimmy Walker, une légende des playgrounds de Boston, 1er choix de la draft NBA 1967 et deux fois All-Star. Marié, il avait entretenu une courte liaison avec la mère de Jalen et l’avait abandonnée dès qu’il avait eu vent de sa grossesse.Autour de vous, tout ou presque incite à la débauche. Alors certains craquent...On peut bien sûr voir avant tout en tous ces joueurs NBA des connards machos qui trompent leurs femmes. Mais plutôt que de juger un comportement dont on ne comprend pas les mécanismes, autant essayer de se mettre à leur place. Vous avez 25 ans, vous avez signé un contrat de 50 millions de dollars, les gens autour de vous vous lèchent les sneakers depuis 10 ans, l’ambiance dans le vestiaire (telle que racontée par John Amaechi) se résume parfois à un concours de virilité, et des filles plus attirantes les unes que les autres n’hésitent pas à vous faire des propositions d’autant plus difficiles à refuser que vous passez la moitié de votre temps à voyager de ville en ville et d’hôtel de luxe en hôtel de luxe. En gros, autour de vous, tout ou presque incite à la débauche. Alors certains craquent. Comme James Worthy, qui fait venir deux call-girls dans sa chambre en 1990 et se retrouve avec deux flics et de vraies menottes au poignet. Ou Magic Johnson, qui a payé très cher le prix de ses aventures extraconjugales. C’est pour tenter de préparer les jeunes à cet environnement potentiellement destructeur que le NBA a créé le Rookie Transition Program en… 1986. Mais certaines personnes ne parviennent pas à se blinder suffisamment. Ricky Berry, ailier prometteur des Kings, s’est ainsi suicidé après sa première saison, en août 1989. Il venait de se disputer avec sa femme. Il avait 24 ans. L’envers du décor peut parfois être malsain, violent, rempli de tentations auxquelles les joueurs ne peuvent pas être vraiment préparés tant qu’ils n’y ont pas été directement confrontés. Même un professionnel sérieux et stable comme Bobby Phills s’est laissé aller à faire le con en Porsche avec son pote David Wesley et y a laissé sa vie. Combien de mecs n’ont pas eu la carrière qu’on leur prédisait parce qu’ils n’ont pas réussi à résister aux sirènes de la vie de rockstar ? Et combien de joueurs de rue au talent affolant n’ont même pas eu leur chance dans la grande ligue à cause de leur incapacité totale à se conformer un tant soit peu aux exigences du monde pro ? Pour chaque Tim Duncan, combien d’Isaiah Rider ou de Richard Dumas ont décroché de la voie royale sans atteindre leur potentiel ? Et pour chacun d’entre eux, combien encore de Fly Williams, Earl Manigault, Joe Hammond ou Pee Wee Kirkland se sont scratchés avant même d’atteindre la NBA ? Pour chaque success story accrocheuse et vendeuse, bien trop de destins tragiques qui ne laissent, au mieux, que des regrets. Cet article a été initialement publié en janvier 2009 dans le REVERSE #19