Argent, sexe, drogue... en NBA, les sorties de route sont fréquentes et ne pardonnent pas.
Len Bias. Eddie Griffin. Bobby Phills. Trois carrières brisées. Trois décès tragiques venus rappeler à tous que, dans la ligue la plus médiatisée au monde, les tentations sont nombreuses… et les dérapages fréquents. Ces trois joueurs ne sont pas les seuls à avoir cédé, mais leur mort en a fait des symboles. Entre drogues, mauvaises fréquentations et sexe, l’envers du décor idyllique façonné par la NBA peut parfois générer une violence inouïe. Où, plus encore que sur les parquets, « only the strong survive ».
Durant tout son règne, David Stern a fait de son mieux pour « nettoyer » la NBA en consacrant l’essentiel de ses efforts à faire de sa ligue un produit incontournable pour les familles et les enfants. Comment ? En privilégiant attaque et spectacle sur le parquet, bien sûr, mais aussi (surtout) en faisant le maximum pour lisser l’image de ses joueurs. Sa hantise, c’était le scandale. Celui qui suit une arrestation en état d’ivresse, ou la possession de marijuana, ou une fin de soirée qui part en sucette. Le modèle à ne pas suivre, c’est la NFL, où les affaires d’homicides sont presque devenues banales. Darrent Williams, par exemple, mort par balle le 1er janvier 2007. Williams, 24 ans, sortait d’une boîte de nuit où il avait fêté l’anniversaire de… Kenyon Martin. Le monde est petit, surtout dans le sport pro américain.
Si Stern a dépensé autant d’énergie pour éviter ce genre d’incidents, ça n’est pas seulement parce qu’il voulait protéger ses joueurs, c’est tout simplement parce qu’il ne voulait pas que la classe moyenne américaine blanche les prenne pour des voyous tout droit sortis du ghetto. Ça limiterait le business. Mais quoi qu’il ait pu faire, personne ne pourra jamais contrôler ce qui se passe dans la tête d’un gamin de 19 ans qui se retrouve du jour au lendemain avec un compte en banque blindé, des sollicitations constantes, et la nécessité de bien s’entourer. Bien s’entourer… Quand même vos proches et vos amis d’enfance veulent une part du gâteau, c’est parfois mission impossible.
I'm not an addict
Draft NBA 1986. Len Bias, ailier surpuissant et surdoué de Maryland, est drafté en 2e position par les Celtics de Larry Bird. Mais celui que l’on présente comme un garçon sérieux et stable décède deux jours plus tard. Overdose de cocaïne. Il aurait pu terroriser les défenses pros et se faire un palmarès magnifique avec Boston. Au lieu de ça, il est devenu le symbole des carrières gâchées.
Les détails de cette soirée tragique ont mis du temps à faire surface. Il semble que Len Bias n’ait jamais été accro à la coke (mais qu’il n’en était pas à son premier rail), qu’il ne buvait même pas lorsqu’il allait en boîte. Par contre, des proches ont remarqué un changement de personnalité lors de sa saison senior : Bias, probablement impatient de mener la vie de star qui lui était promise, se mit à sécher tous les cours et à se comporter de manière arrogante. Pas assez pour en faire un mec détestable, mais juste de quoi réaliser qu’à 21 ans il n’était pas encore arrivé à pleine maturité. Comment lui en vouloir ? Les semaines précédant la draft, le prodige de Maryland a certainement senti la pression monter, et les demandes avec.
De retour sur le campus de la fac le lendemain, il a probablement voulu s’isoler, le temps d’une soirée, avec quelques amis et de quoi quitter la terre ferme quelques heures. Là encore, comment lui en vouloir ? Son jeune frère Jay, traumatisé par la mort de Len, connaîtra une fin tout aussi tragique, tué par balle à la sortie d’un centre commercial, en 1990, à 20 ans. Leur mère a décidé d’honorer leur mémoire en sillonnant les écoles pour sensibiliser les jeunes aux dangers qui les guettent. Pour que la mort de ses fils puisse sauver des carrières, et surtout des vies.
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De cette draft maudite sortiront également Chris Washburn, William Bedford et Roy Tarpley, respectivement 3e, 6e et 7e choix. Les carrières de Washburn et Bedford se perdent dans la poudre et les fumées de marie-jeanne. Incapables de se comporter en vrais professionnels, ils s’en vont par la petite porte, celle des espoirs déchus. Washburn ne jouera que 72 matches. Tarpley, lui, se fait définitivement bannir par la ligue en 1995 après plusieurs contrôles positifs à la cocaïne. Contrairement à ses trois compagnons d’infortune, il aura quand même laissé un aperçu de ses capacités, en tournant à près de 12 rebonds dès sa deuxième saison, en à peine 28 minutes par match.
Quatre des sept premiers choix de 86 sont donc emportés par leur addiction. Le phénomène n’est pourtant pas nouveau. Avant eux, d’excellents joueurs comme Michael Ray Richardson et John Lucas avaient vu leurs rêves de grandeur leur passer littéralement sous le nez… Banni, Richardson a prolongé sa carrière en Europe. Lucas, lui, a décidé de se remettre sur les bons rails en se portant volontaire pour une cure de désintoxication. Devenu coach, il s’est battu pour sortir certains joueurs de la drogue ou de l’alcool. Parmi eux, Richard Dumas et Lloyd Daniels, deux joueurs aussi talentueux que fragiles qui ont bousillé leur avenir à cause de la coke. Daniels a même réussi à se faire renier par sa fac de UNLV après s’être fait choper en train d’acheter du crack. Le dealer était un flic. Quelques années plus tard, à 22 ans, il se prend 3 balles, dont une ne sera jamais enlevée, dans une embrouille liée au crack. L’ex-prodige new-yorkais s’en tire d’un rien.
Les destins brisés de la NBA : 12 joueurs partis trop tôt
La drogue n’est pas le seul refuge. De nombreux joueurs ont dû lutter contre l’alcool. Comme Pete Maravich, génie dépressif incapable de trouver le bonheur sur un parquet pro, tiraillé entre la fascination des spectateurs pour son jeu flamboyant et l’incompréhension dont il souffrait dans le milieu. Ou, plus récemment, Eddie Griffin, alcoolique notoire, condamné à 18 mois de prison avec sursis pour avoir tiré sur son ex-copine, et qui a fini, à 25 ans seulement, écrasé par un train au volant de son véhicule. Avec un taux d’alcoolémie trois fois supérieur à la limite.