Tim Duncan, tu es une légende

On vous propose de replonger dans l'histoire de Tim Duncan, l'icône des San Antonio Spurs et de l'un des plus grands champions de la NBA.

Tim Duncan, tu es une légende

Au sommet en 2003

Ainsi est Tim Duncan. Un personnage ennuyeux pour certains et terriblement intriguant pour d’autres. Une fois sur le parquet, il domine en silence. Il se rapproche du sommet de son art en 2002 et 2003. Il est d’ailleurs nommé MVP deux saisons. Mais ses San Antonio Spurs prennent l’habitude de rendre les armes face à Shaquille O’Neal et Kobe Bryant. Les Lakers viennent de remporter trois titres consécutifs. Mais pas en 2003. Cette année-là, « Mr Big Fundamentals » était trop fort. Trop complet, trop agile, trop puissant. Trop Duncan, en somme

. Il sort l’une des plus belles saisons de sa carrière et plante même 53 points (ce qui restera comme son record en NBA) face à Dallas. En playoffs, il fait plier les Suns, les Lakers et les Mavericks. Direction les finales. On lui promet alors un affrontement épique avec le jeune Kenyon Martin, star montante des New Jersey Nets. Le duel n’a jamais eu lieu. Avec un Tony Parker encore en rodage, un Manu Ginobili rookie et un David Robinson au bord de la retraite, Duncan mène les Spurs vers un deuxième titre. A vrai dire, on peut même considérer sans exagérer que Stephen Jackson est le deuxième meilleur joueur de l’effectif texan cette saison-là… mais Timmy est injouable.

Ses playoffs 2003 resteront dans les annales : 24,7 pts, 15,4 rbds, 5,3 pds et 3,3 blocks. Injouable. Et que dire de sa performance lors du dixième et dernier match de la finale ? 21 pts, 20 rbds, 10 pds, 8 blocks, le titre pour les Spurs, les honneurs pour « TD ».

« C’est cool », réagira-t-il avoir appris sa ligne de statistiques.

« Je lui ai dit qu’il avait été incroyable. Il n’y avait rien d’autre à dire », note Steve Kerr.

« Ce match confirme qu’il est l’un des meilleurs joueurs de tous les temps », ajoute Danny Ferry.

Voilà seulement six saisons qu’il trimbale sa carcasse dans la ligue et le voici déjà considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA. Sa carrière est déjà bien remplie : deux titres de MVP, deux titres de champions et autant de trophée de MVP des finales. Mais après six belles premières années, une page se tourne. David Robinson tire sa révérence à l’issue du deuxième sacre des Spurs.

« Lors des dernières secondes du match, je me suis dit : ‘Je ne vais plus jouer avec David (Robinson). Ça va vraiment me faire bizarre. Je ne sais pas à quoi m’attendre. »

L'avènement du "Big Three" texan

Les éperons entrent dans une nouvelle ère. Duncan est désormais entouré par deux jeunes joueurs internationaux. Manu Ginobili, qu’il surnomme « l’autre fou » et Tony Parker. Malgré toute sa confiance envers le staff de San Antonio, l’intérieur s’inquiète. Il a besoin de soutien et ne sait pas encore si ses deux nouveaux lieutenants sont réellement capables de l’aider à remporter de nouveaux trophées.

« Je ne savais pas à quoi m’attendre avec Tony Parker vu son âge et son inexpérience. On demandait au petit français de 13 ans d’être titulaire pour une équipe qui a très bien marché. Pour l’autre fou (Manu Ginobili), il a fallu que je m’adapte à son jeu et aux tirs qu’il prend parfois. »

L’Argentin et le Français ne tardent pas à montrer ce dont ils sont capables. San Antonio remet la main sur le titre en 2005, porté notamment par un excellentissime Manu Ginobili en finale contre Detroit (victoire 4-3). Le titre de MVP des finales est une nouvelle fois remis à Duncan mais « El Manu » le méritait tout autant.

En 2007, c’est au tour de Tony Parker de se mettre en avant. Le Français progresse saison après saison et il a gagné le respect de ses coéquipiers, du staff, de ses adversaires et des spécialistes. San Antonio vient à bout de Cavaliers d’un certain LeBron James au bout d’une finale terriblement monotone dont « TP » est nommé MVP. Petit à petit, ce dernier prend les commandes de l’équipe. Duncan en profite pour s’effacer légèrement.

Avec le recul, on réalise aujourd’hui que les trois stars de San Antonio ont réalisé des performances uniques. On a rarement le souvenir de trois stars ayant joué pendant plus de dix ans dans la même équipe, pour le même coach et avec un tel succès. Et ce tous sports confondus.

« Si nous avions fait ça à New York, nous serions des dieux », a un jour déclaré Tony Parker.

Mook REVERSE #9 : La révolution 2003

L'icône d'une franchise

Tim Duncan est un dieu à San Antonio. Même lorsqu’il n’est plus le meilleur joueur sur le terrain, il est toujours l’âme et l’icône de la franchise. Les Spurs sont Tim Duncan et aucun membre de l’organisation ne le renie.

« Vous pouvez jeter un œil à ses statistiques mais je ne suis pas sûr qu’elles montrent ce que Tim représente pour cette équipe et pour cette ville. Je n’ai jamais été aussi impressionné par un joueur », signale Sean Elliott, son ancien coéquipier. « Nous ne sommes pas bêtes, nous savons tous que nous n’aurions jamais gagné sans Tim. »

« Nous travaillons tous pour Tim Duncan », R.C. Buford.

« Ce n’est pas une blague au final, c’est la vérité », Michael Finley.

« Une fois par mois, alors que je marche autour de notre maison, je dis à ma femme de remercier Tim. Avant de féliciter tout le monde au sein de cette organisation (les Spurs), rappelez-vous bien que tout commence et tout passe par Tim. Je prendrai ma retraite dans la minute après qu’il ait pris la sienne car je ne suis pas stupide », Gregg Popovich.

La deuxième carrière de Tim Duncan

Il faut dire que le champion se maintient au plus haut niveau depuis plus de quinze ans. Même à 38 balais, il continue d’imposer sa patte sur le jeu de son équipe.

« Ce qui est bien avec Tim, c’est que sa passion du jeu ne s’est pas éteinte. Plus il prend de l’âge, plus il s’investit pour le basket », remarque Stephen Jackson.

« Son jeu est éternel. Ce n’est pas seulement la fontaine de Jouvence. Je suis sûr qu’il est très discipliné et ce qui concerne la nutrition, la préparation et l’entraînement. Ce ne peut pas être que de la chance. Il a l’air si jeune », souligne Erik Spoelstra.

Tim Duncan n’est plus la première option des Spurs. Il n’est plus cet intérieur dominant qui tournait à 24 pts et 13 rbds par match. Il ne joue plus 40 minutes par rencontre non plus. Mais pourtant, il répond toujours présent quand son équipe a le plus besoin de lui. Il prend toujours l’avantage au poste, tout en technique et tout en touché, lorsque son équipe a besoin d’un panier facile. Il marque toujours ses 20 points lorsque les défenses se resserrent sur Parker ou Ginobili.

« Evidemment, il n’est plus aussi athlétique que par le passé. Mais il a une intelligence unique et il connait ses forces et ses faiblesses », Gregg Popovich.

« Je ne sais pas comment il fait… il est éternel », Chris Bosh.

Le meilleur de sa génération ?

Quinze ans après son premier titre, Tim Duncan a donc décroché sa cinquième bague en juin dernier. Un an après la frustration immense de la défaite cruelle face au Miami Heat, le vétéran tient sa revanche. Les Spurs ont donné une leçon de basket. Lui a donné une leçon de vie et de professionnalisme. Il a remporté au moins un titre lors de trois décennies différentes. Les larmes aux yeux, il a pris ses enfants dans ses bras dans les secondes qui ont suivies le sacre de San Antonio. Ému, enfin expressif, il a finalement oublié la douleur de ce fameux Game 6 perdu contre les Floridiens en 2013.

« C’est bon désormais, c’est oublié », avouait-il à la presse dans la foulée.

Ce cinquième titre relance le débat pour le trophée honorifique de meilleur joueur de la génération post-Jordan. A priori, cette distinction se joue entre Kobe Bryant et Tim Duncan, tous les deux à cinq bagues. Les avis sont partagés et à chacun son favori.

« Je pense que Tim Duncan est le meilleur joueur de sa génération. Il fait son boulot tous les soirs. Il n’a aucun point faible et il fait tout ce dont équipe a besoin pour gagner », estime Kareem Abdul-Jabbar.

« Tim Duncan restera mon joueur préféré. Il est vieux et il joue de la même façon depuis quinze ans. Il se fiche de ce que pense les autres. Il joue, c’est tout. » Karl Malone.

« C’est probablement le meilleur ailier fort de tous les temps. Il sait tout faire », note Dirk Nowitzki.

« Probablement l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du basketball. Il a été le joueur le plus régulier et le plus dominateur de ces quinze dernières années. Il a gagné quatre titres et a été nommé plusieurs fois MVP. » Remarquait LeBron James avant les dernières finales.

« Nous avons tellement en commun… je suis fier d’être comparé à toi. » Bill Russell, dans ce qui restera comme l’un des plus beaux hommages fait à Tim Duncan.

« TD » n’a pas pris sa retraite à l’issue du titre, même si cet article laisse penser que la fin est déjà écrite. Oui, c’est beau de partir sur une dernière bague. Mais peu importe que Duncan range ses sneakers cette saison ou dans deux ans. Profitons de sa présence au sein de la ligue. Profitons de ces instants. Quoi qu’il arrive, la fin de l’histoire sera belle. Quoi qu’il arrive, il aura marqué la NBA et ses fans, lui qui espérait « juste faire la différence » à son arrivée dans la ligue. Peu importe sa place dans l’histoire. Il a réuni deux générations : les fans qui ont grandi avec Michael Jordan et ceux qui admirent aujourd’hui LeBron James.

Qu’ils apprécient ou non le personnage et le joueur, tous les fans de basket ont eu affaire avec Tim Duncan au cours des dernières années. Celui qui était considéré à tort comme un personnage plat ne laisse aujourd’hui personne indifférent. Il fait partie de notre histoire, du basket que nous suivons depuis des années ou des semaines.

Pour la première (et dernière…) fois, je vais me permettre de m’exprimer à la première personne du singulier. Car Tim Duncan fait aussi partie de « mon histoire ». En 1999, j’ai découvert et aimé le basket à travers lui. Je suis devenu dingue de balle orange et je n’ai jamais arrêté de suivre la NBA depuis, au point d’écrire sur le sujet et de passer des nuits blanches devant des matches, comme le font des milliers d’autres fans dans le monde. Merci pour tout Tim, tu es une légende.

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Cet article a été publié pour la première fois en 2016 sur BasketSession.com