Ces joueurs qui ont surmonté des drames de jeunesse

Beaucoup de joueurs NBA ont vécu des choses terribles avant d'atteindre le plus haut niveau. Voici l'histoire de quelques uns d'entre eux.

Ces joueurs qui ont surmonté des drames de jeunesse

Emmanuel Mudiay et Serge Ibaka, enfants du Congo

Emmanuel Mudiay parle un anglais parfait, ce qui a pu faire tiquer certains spectateurs qui l’ont vu porter le maillot de la sélection internationale lors de son premier Rising Stars Challenge. L'ancien meneur des Nuggets et des Knicks a passé les 5 premières années de sa vie à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo et troisième ville la plus peuplée d’Afrique.

Alors qu’Emmanuel ne marche pas encore, son père Jean-Paul, colosse de 2m08 et chef de famille aimant, décède brutalement à la suite d’un problème cardiaque. La Seconde Guerre du Congo est meurtrière pour la population et il n’est pas rare que les enfants Mudiay voient des cadavres de gens suspectés d’être des Tutsis joncher le sol autour de leur quartier, ou passent des nuits cachés sous leur lit pour éviter des balles perdues.

En 2001, Thérèse Mudiay, la maman d’Emmanuel, confie ses trois enfants à sa mère et trouve asile aux Etats-Unis, où elle travaille comme infirmière pour préparer leur venue.

Après un an d’éloignement et quelques mois de transit pénible à la frontière zambienne, les Mudiay obtiennent le droit de rejoindre leur mère à Arlington, dans le Texas. L’adaptation se fait vite grâce au temps passé sur les playgrounds par Emmanuel et ses frères. Cette histoire permet de comprendre pourquoi Mudiay a refusé de rejoindre son frère et Larry Brown à la fac de MSU pour aller en Chine pendant un an et « subvenir aux besoins de sa mère » qu’il ne supportait plus de voir trimer.

Serge Ibaka

Serge Ibaka est du genre « tough » et se plaint rarement au moindre bobo. Là aussi, on comprend pourquoi. Si Emmanuel Mudiay et lui ont 7 ans d’écart, ils ont connu le même théâtre de guerre au Congo dans les années 90. A la différence de Mudiay, Ibaka vient du Congo-Brazzaville et d’une famille de… 18 enfants, avec ce que cela comporte de difficultés supplémentaires dans un tel contexte. Si ses deux parents ont été internationaux de basket, l’intérieur de Toronto n’a pas eu le bonheur de connaître sa mère, Amadou, aussi longtemps qu’il l’aurait souhaité. La jeune femme décède des suites d’une maladie alors que Serge n’a que 8 ans, à l’aune de la Seconde Guerre du Congo. Pendant quatre ans, la famille vit du côté de Ouesso, au nord du pays, sans électricité ni eau courante… Desiré, le patriarche, occupe un poste non loin de la frontière avec la RdC et souhaite regagner Brazzaville. Ce qui lui vaut d’être capturé et emprisonné pour s’être trouvé du mauvais côté du champ de bataille. Pendant un an, Serge est donc également privé de son père, libéré une fois cette guerre au bilan humain dramatique (5 millions de morts) terminée. Décidé à quitter le pays pour jouer en Europe et aider sa famille à ne plus vivre dans la précarité, « Ibloka » débarque en France à 17 ans, dans le club de Nationale 2 de Prissé-Mâcon, loin d’imaginer qu’il deviendra l’un des défenseurs les plus redoutés de NBA quelques années plus tard, après une parenthèse salvatrice en Espagne.