Il y a 23 ans, Vince Carter entrait dans la légende du basket avec ce qui reste pour beaucoup le dunk le plus violent et spectaculaire de l'histoire de ce sport. Contre l'équipe de France aux Jeux Olympiques 2000 de Sydney, la star de Toronto Raptors avait tout bonnement escaladé le géant Frédéric Weis, dont la carrière n'a jamais pu décoller par la suite. Dans une "oral history" à l'américaine, ESPN avait regroupé les témoignages de certains acteurs de l'époque sur ce micro événement qui a fait le tour de la planète et a durablement marqué les esprits. Voici les réactions les plus pertinentes.
Antonio Davis, ex-coéquipier de Carter à Toronto : "Cette participation aux JO était juste ce dont Vince avait besoin pour canaliser son énergie. Je ne sais pas si quelque chose n'allait pas dans sa vie privée, mais il avait constamment l'air sur les dents et j'aurais aimé qu'il soit comme ça tout le temps. C'était la différence entre un bon Vince Carter et un très grand Vince Carter".
Rudy Tomjanovich, coach de Team USA en 2000 : "A l'entraînement, il attrapait des passes lobées complètement manquées et loin du panier. Il sautait partout et rattrapait tout pour les transformer en dunks. Les mecs n'arrêtaient pas de dire : 'Vous avez vu ça ??' Jason Kidd disait qu'il pouvait lancer la balle n'importe où et que Vince l'aurait quand même".
Vince Carter : "Je savais que j'étais en bonne position pour réussir une interception. Une fois que j'ai pu avoir la balle je me souviens d'avoir fait le premier dribble, puis le second, juste pour voir ce que Weis allait faire. Il ne s'est jamais vraiment mis face à moi, il attendait simplement là. Je me suis dit que si je décollais, il n'aurait pas la moindre chance de m'arrêter. Il est resté là et je me souviens d'avoir posé ma main sur son épaule en m'élevant. Je me suis mis à regarder le cercle en me disant : "Oh, oh...' Si vous regardez les images, vous pouvez voir que je tends le haut de mon corps autant que possible parce que je pense que je ne vais pas y arriver. Puis l'excitation est venue. Personne ne pouvait savoir ce qui me passait par la tête. Je n'ai jamais pensé une seule seconde au gars en dessous de moi".
Frédéric Weis : "Je ne me suis pas rendu compte de ce qu'il se passait. La seule chose dont je me souviens c'est Moustapha Sonko en train de crier depuis le banc comme si c'était moi qui était en train de dunker. Il était en train de lever ses bras en l'air. Sauf que ce n'était pas moi le dunkeur..."
Tim Hardaway : "Sur le coup, j'ai probablement sauté plus haut que Vince. Tout le monde a sauté, c'était comme si on était à Rucker Park. Les gens ont failli jaillir sur le terrain. On a dû contrôler nos émotions pour ne pas le faire".
Ray Allen : "J'ai cru que j'étais en train de rêver. Vince sautant au-dessus d'un type aussi grand que Weis c'était impossible pour moi. Je n'en croyais pas mes yeux, qu'est ce que je venais de voir ? Est-ce qu'il venait vraiment de faire ça ? J'en ai presque oublié que j'étais sur le terrain. Je me suis transformé en fan en train de regarder des highlights. Je suis toujours en train de rappeler aux gens que j'étais juste derrière cette action !"
Jason Kidd : "Il fallait bien que quelqu'un d'autre fasse partie de cette action. Je ne pensais pas que ce serait aussi péjoratif pour Weis, mais ça a été le cas parce qu'il avait été drafté par les Knicks. Ca a rendu les choses plus énormes. Je pense que si Weis avait été drafté par n'importe quelle autre franchise NBA, les choses se seraient tassées et il serait venu ici. Il aurait pu avoir une carrière tout à fait honnête".
George Eddy : "Beaucoup de gens ont raconté que Fred Weis avait été traumatisé et ne s'en était jamais remis. Ce sont des conneries. Il a sorti un bon match contre Luc Longley et l'Australie en demi-finale et a fait un bon tournoi avec une médaille d'argent pour le prouver. Il a eu des problèmes personnels ensuite mais aujourd'hui il va bien. C'est un businessman. Les gens qui disent que Fred est une victime ratent l'essentiel de cette histoire".