La saison étant officiellement terminée, c’est le moment d’en tirer les conclusions en essayant de mettre habilement sur pied les trois meilleurs cinq de l’année. Les trois All-NBA Teams. Afin de respecter les positions définies par la ligue, j’ai retenu un pivot, deux ailiers (Forwards) et deux arrières (Guards) pour chaque équipe. Histoire que ce soit un peu réaliste. Attention, exercice casse-tête.
THIRD ALL NBA TEAM
Guard : Chris Paul
Increvable. Pour la quatrième fois de sa carrière, Chris Paul a mené une franchise à son record historique. 64 victoires pour des Phoenix Suns au sommet. Les joueurs de Monty Williams ont montré que leur qualification pour les finales l’an passé n’était pas juste le fruit d’un accident. C’est bien la meilleure équipe de la Conférence Ouest. Et même de toute la NBA cette saison.
Avec à sa tête un meneur génial, leader, distributeur, décisif. Les statistiques de CP3 au scoring et les cartons de Devin Booker à ses côtés lui coûtent sans doute un potentiel MVP (et vice-versa) mais avec plus de 14 points et presque 11 passes (numéro 1 en NBA évidemment), le vétéran est toujours le « Point God. »
Guard : Trae Young
Impressionnant. Si les Atlanta Hawks ont réussi à sauver leur saison en arrachant au moins le play-in – ce qui fait déjà tâche après avoir été en finales de Conférence l’an passé – c’est d’abord grâce à Trae Young. Normal, tout passe par lui là-bas. Il fait chauffeur-livreur, scoreur-passeur. Quasiment 30 pions, quasiment 10 caviars. Du Nate Archibald moderne dans les chiffres.
Malgré l’attention défensive qui est constamment sur lui, Young tourne à 46% de réussite et même 38% derrière l’arc. C’est vraiment fort. Les comparaisons avec Stephen Curry n’étaient vraiment pas usurpées.
Forward : DeMar DeRozan
Surprenant. Déjà de le retrouver ici, à 32 ans. DeMar DeRozan a sorti la meilleure saison de sa carrière sur le tard. Il a toujours été fort mais il s’est encore sublimé depuis son arrivée aux Chicago Bulls. Surprenant, aussi, de ne pas l’avoir finalement plus haut. Pendant un temps, il pouvait prétendre au trophée de MVP. Et donc à une place dans l’un des deux premiers cinq majeurs.
Mais DD paye aussi la dégringolade des Bulls, passés de la première à la sixième place à l’Est. Lui a su maintenir le cap en tout cas. 27,9 points de moyenne, un career high. Et des séries de matches à 30 unités qui resteront dans les mémoires, mais aussi dans l’Histoire de la franchise de l’Illinois.
Forward : Pascal Siakam
Rafraîchissant. Dire que les Toronto Raptors devaient faire une saison de transition. Et bien le résultat est plus que probant : 48 victoires et une cinquième place finale à l’Est après une superbe remontée au classement. Avec un Pascal Siakam revenu au sommet de son art. Le niveau de jeu affiché est digne de son statut d’All-Star un temps pressenti pour assumer le rôle de franchise player à Toronto.
En réalité, il est un basketteur atypique. Pas forcément une première option traditionnelle mais une superstar dans un costume de rôle player. Un mec qui contribue en apportant 23 points, 8 rebonds et plus de 5 passes. On est pressé de voir ce que les Dinos peuvent donner en playoffs.
Center : Karl-Anthony Towns
Hésitant. Rudy Gobert aurait pu y prétendre. Mais j’avais envie de récompenser la belle saison des Minnesota Timberwolves. La franchise va peut-être enfin retrouver les playoffs (septième, elle dispose de deux chances via le play-in) tandis que le Utah Jazz m’a déçu dans l’ensemble, et ce alors que je n’en attendais pas grand-chose. Même si ce n’est finalement pas tant de la faute de Gobert.
Karl-Anthony Towns a fait une saison assez spéciale pour un pivot, voire tout simplement unique. 24 points, 10 rebonds et 41% derrière l’arc ! L’intérieur « moderne » (ça ne veut rien dire, ou alors si, mais il y a plusieurs définitions différentes) par excellence.
SECOND ALL NBA TEAM
Guard : Stephen Curry
Arfffffff, ça va peut-être faire grincer des dents pour ceux qui auraient voulu le voir dans le premier cinq. Mais les matches manqués sur blessure sur la fin ainsi que l’inconstance dont Stephen Curry a fait preuve, notamment en termes d’adresse, m’a poussé à le rétrograder. Mais le meneur des Golden State Warriors a tout de même réalisé une excellente saison.
J’ai évoqué sa maladresse mais c’est presque injuste parce qu’il n’est maladroit que vis-à-vis de ses propres standards. Il reste à 38% derrière la ligne à trois-points sur la saison en plus de ses 25 points, 5 rebonds et 6 passes. Le tout en étant défendu comme aucun autre joueur en NBA. Un crack. Vivement son retour en playoffs.
Guard : Ja Morant
Aaaaaaaaah. Il fallait trancher entre Luka Doncic et Ja Morant pour la première sélection (spoiler). C’est donc le meneur des Memphis Grizzlies qui descend un cran en-dessous. Ça pourrait choquer, vu que la franchise du Tennessee a fini deuxième à l’Ouest avec une superbe saison de Morant. Mais le capital sympathie du bonhomme, ainsi que ses qualités athlétiques hors du commun et la « surprise » de retrouver les Grizzlies aussi haut font que sa saison est peut-être un peu surestimée.
Attention, il a été extraordinaire. Il faut être exceptionnel pour figurer parmi les quatre meilleurs arrières d’une saison NBA. 27 points, des cartons, des moments clés. Mais au final, Doncic présente de meilleures statistiques et un meilleur bilan collectif sur les matches qu’ils ont joué. Memphis étant incroyablement fort sans son meneur. Du coup, avantage au Slovène, qui est sans doute un basketteur plus complet et encore plus talentueux.
Forward : LeBron James
Beeeeeeeh, 37 ans, 19 saisons NBA et LeBron James ne passe pas loin de finir meilleur scoreur de la ligue. 30,3 points de moyenne. Du jamais vu à ce stade d’une carrière. Après, oui, il s’est clairement concentré là-dessus et son attitude n’était pas particulièrement exemplaire cette saison. Un désintéressement quasiment total par moment et des Los Angeles Lakers à la dérive.
N’empêche que James peut sans doute toujours mener une équipe très loin en étant bien entouré. Voire très bien entouré. Pas seulement en matière de talents mais aussi de cohérence. Tout ça pour dire que le King a peut-être perdu sa couronne mais il reste incroyablement fort.
Forward : Kevin Durant
Pfiouuuu, ça fait un sacré cinq avec déjà Curry, LBJ et maintenant Kevin Durant. La superstar des Brooklyn Nets aurait aussi pu figurer plus haut. Mais KD n’a joué que 55 matches et sa franchise va devoir passer par le play-in pour chercher sa qualification en playoffs. Ça fait tâche quand même.
Au-delà de ça, Durant a encore une fois été impressionnant. En fait, quand il joue, il est le meilleur basketteur du monde. Mais il ne joue pas assez pour vraiment assoir sa domination. N’empêche que personne ne voudra l’affronter en playoffs.
Center : Joel Embiid
Ohohohohohohohoho. Me tapez pas, me tapez pas ! Choisir entre Nikola Jokic et Joel Embiid revenait un peu à choisir le MVP avant l’heure. Bon, vous devinez donc mon choix. C’est un peu injuste parce que ça donne l’impression qu’Embiid est condamné à ne pas gagner quoi qu’il fasse. Sa saison est épatante. Je manque même de superlatif. Je ne suis même pas encore convaincu à 100% qu’il ne soit pas le MVP. Mais pour l’heure, je le mets dans le deuxième cinq.
C’est cruel pour le meilleur marqueur de la ligue, le premier pivot depuis Shaquille O’Neal à décrocher ce titre mais aussi le premier depuis Moses Malone à dépasser les 30 pions. Une machine à double-double. Un joueur inarrêtable. Un protecteur de cercle. Le leader d’une franchise qui termine dans le top-4 à l’Est. Mais quand même le deuxième meilleur pivot NBA.
FIRST ALL NBA TEAM
Guard : Luka Doncic
Le plus élégant. Son retour en forme a propulsé les Dallas Mavericks vers le top-4 de la Conférence Ouest. Les Texans sont même passés à une petite victoire du podium. Et c’est sacrément fort quand on regarde l’effectif. Luka Doncic est la seule superstar à bord. Un jeune homme qui continue de flirter saison après saison avec le triple-double de moyenne tout en atteignant facilement les 28 points.
En fait, il est peut-être même le meilleur joueur de la Conférence Ouest – bien qu’il y ait un vrai débat avec Nikola Jokic (et Kawhi Leonard mais bon). Une donnée importante puisqu’en playoffs, le meilleur joueur sur le terrain suffit parfois à faire la différence.
Guard : Devin Booker
Le plus clutch. Quel développement pour Devin Booker. L’arrivée de Chris Paul et le changement de statut des Phoenix Suns ont complètement fait évoluer les regards sur l’arrière américain. Plutôt ironique, hein. Pas vraiment cité pour le MVP, Booker mérite tout de même d’être retenu dans le premier cinq de la saison.
Il a dominé tout du long ! Sans être aussi spectaculaire que Morant ou Curry mais en enchaînant les performances studieuses tout en étant décisif lors des nombreux matches serrés gagnés par les Suns.
Forward : Jayson Tatum
Le plus satisfaisant. Parfois tellement frustrant, Jayson Tatum s’est affirmé comme un meilleur leader en 2022. Et cette progression, ce changement de cap, doit s’accompagner d’une récompense. Ses performances ne sont pas forcément plus brillantes que celles de Kevin Durant mais il a joué une vingtaine de matches de plus tout en menant les Boston Celtics à la deuxième place de la Conférence Est !
Enfin. Surtout qu’avec 27 points, 8 rebonds et 4,4 passes (record en carrière), Tatum continue de noircir les feuilles de statistiques, soir après soir. J’espère simplement qu’il ne va pas vouloir trop se la jouer Kobe Bryant lors de certains matches de playoffs. Sauf s’il parvient à vraiment l’imiter en atteignant un niveau exceptionnel.
Forward : Giannis Antetokounmpo
Le plus fort. Le basketteur total. Le meilleur joueur d’une planète où Kevin Durant manque une grosse vingtaine de matches chaque année. Peut-être même le MVP de la saison, même si j’ai peur que les votants ne prêtent pas assez attention à ses prestations. Giannis Antetokounmpo est le joueur ultime. Il n’y a rien qui personne qui ne peut l’arrêter.
Il n’a même pas besoin de shooter pour dominer. Mais il continue quand même de progresser aux lancers-francs. Et de progresser tout court. Il est plus fort saison après saison. Encore 29,9 points (sa meilleure moyenne en carrière), 11,6 rebonds et 5,8 passes tout en étant l’un des favoris pour le ROY. Quelle classe.
Center : Nikola Jokic
Le plus génial. Un crack. Sa saison est encore plus brillante que la précédente, quand il avait déjà été élu MVP. Il faut que les partisans de Joel Embiid comprennent quand même que Nikola Jokic évolue sans son deuxième et son troisième meilleur joueur. Les Denver Nuggets sans lui seraient encore plus faibles que les Philadelphia Sixers sans le Camerounais (les stats vont aussi dans ce sens). C’est dire.
En tête dans la plupart des catégories chiffrées, impressionnant au « eye test », kiffant, dominant, moderne, de plus en plus complet même en défense, le Serbe a bouclé un exercice inédit. 27-14-8, 32 de PER, 15 Win Shares. Le MVP.