Notre MVP Race 2024 mensuelle se poursuit avec ce volume 2, pour tenter de déterminer au fil de la saison qui sera le plus à même de succéder à Joel Embiid. Au terme du premier mois, notre synthèse avait désigné ce top 5 dans l'ordre : Nikola Jokic, Jayson Tatum, Joel Embiid, Luka Doncic et Tyrese Haliburton. Autant vous dire que ce top 5 a changé alors que l'on entame l'année 2024 et le troisième mois de compétition en s'approchant de la mi-saison.
Mentions honorables
En toute logique, il y a nettement moins de joueurs en embuscade et encore capables d'intégrer le top 5. On notera que Tyrese Haliburton et Jayson Tatum en sont sortis mais ont toutes les chances d'y retourner s'ils continuent de faire de belles saisons individuelles, en menant les Pacers en playoffs pour l'un, et en haussant un peu le ton individuellement pour l'autre, même si son équipe se porte à merveille dans ce schéma. Avec les Wolves leaders de l'Ouest grâce à leur collectif, pas simple de citer un seul joueur de Minnesota, Anthony Edwards et Rudy Gobert apportant beaucoup dans leurs registres respectifs, sans pour autant concourir réellement pour le MVP. En continuant de faire grimper les Clippers et en ne manquant pas trop de matches, Kawhi Leonard pourrait avoir son mot à dire pour une place en bas de top 5.
Le top 5 de la MVP Race
5- Giannis Antetokounmpo (Milwaukee Bucks)
Ses stats : 30.9 points, 11.3 rebonds, 5.7 passes, 1.2 contres, à 60.6%
Sans surprise, Giannis a gentiment haussé le ton après un premier mois où le démarrage de ses Bucks l'a peut-être un peu pénalisé. Sa relation avec Damian Lillard se peaufine et lui continue de poser des stats ultra copieuses pour assurer à Milwaukee un minimum syndical en termes de production qui fait quand même très souvent la différence. Le Greek Freak pâtit peut-être un peu injustement de la constance de son excellence statistique, à l'instar des deux autres extraterrestres de ce top 5 déjà sacrés par le passé. En attendant, les Bucks sont remontés (ils sont 2e à l'Est) et Giannis Antetokounmpo a décroché son premier trophée de joueur de la semaine (11-17 décembre). Pour Giannis, l'important ne semble pas être dans cette MVP Race qu'il ne connaît que trop bien, mais dans le travail de développement collectif pour oublier l'échec de la saison dernière en playoffs. Ce qui ne l'empêchera évidemment pas de monter de quelques places si l'occasion se présente et que la concurrence faiblit un peu.
4- Luka Doncic (Dallas Mavericks)
Ses stats : 33.4 points, 9.4 passes, 8.3 rebonds à 48.4% (37.8% à 3 pts)
Si les Mavs n'étaient pas 7e de la Conférence Ouest, Luka Doncic serait vraisemblablement sur le podium. Déjà 4e dans le volume 1 de notre MVP Race, le Slovène fait une saison folle en termes de production en étant le deuxième meilleur marqueur de la ligue, tout en étant dans le top 3 à la passe et en signant pour le moment sa meilleure saison à 3 points (37.8%) depuis sa Draft. Avec le retour de Kyrie Irving pour lui ôter un peu de pression à la création et à la finition, Luka parviendra peut-être à ramener Dallas dans le top 4, ce qui donnera une autre perspective sur ses performances ahurissantes. Le type n'est quand même pas si loin d'un triple-double de moyenne, avec cette sensation qu'il est absolument impossible à défendre, si ce n'est en trouvant le moyen de générer de la frustration chez lui pour qu'il la passe sur les arbitres et perde en lucidité. Le voilà en tout cas lancés sur les bases de sa meilleure saison en NBA au scoring et à la passe. Doncic n'a pas encore 25 ans et a donc encore une marge de progression, ce qui est quand même sacrément effrayant.
3- Nikola Jokic (Denver Nuggets)
Ses stats : 25.7 points, 12.3 rebonds, 9.1 passes à 55.9% (33.3% à 3 pts)
Le Joker a été contraint de prendre plus de responsabilités offensives, notamment pendant l'absence de Jamal Murray, et ce n'est pas forcément la meilleure chose pour lui ou pour Denver. Moins adroit globalement, il n'en possède pas pour autant moins de prétentions légitimes pour récupérer sa couronne. Maintenant que l'on a évoqué les petits bémols, il faut souligner le fait que Jokic fait à nouveau un démarrage qui n'a aucun sens avec du scoring (plus de 25 pts/match), de la passe (plus de 9 assists/match), du rebond (+12/match) et, ce qui est moins facile à analyser sur le plan comptable, une capacité à rendre les autres meilleurs et à orchestrer le jeu sans pareille en NBA. Lui aussi proche d'un triple-double de moyenne (il lui manque une passe par match), il fait encore de Denver une équipe redoutable à l'Ouest, même si les objectifs ont changé et que c'est surtout en post-saison que l'on devrait revoir l'homme qui murmurait à l'oreille des canassons donner le meilleur de lui-même et corriger la concurrence. Point toujours anecdotique mais intéressant : il n'en a toujours absolument rien à carrer de gagner un troisième titre de MVP.
2- Shai Gilgeous-Alexander (Oklahoma City Thunder)
Ses stats : 31.4 points, 6.4 passes, 5.7 rebonds, 2.6 interceptions à 54.9% (33% à 3 pts)
"SGA" a trouvé le moyen de prouver que sa 5e place de la saison dernière au classement du MVP n'était pas une parenthèse enchantée. Le Canadien est en train de faire du Thunder une machine de guerre et absolument tout le monde prend très au sérieux l'équipe et son franchise player. Actif des deux côtés du terrain, l'ancien arrière de Kentucky est prolifique au scoring (n°3 dans la ligue), incroyablement adroit à deux points, n°1 à la moyenne d'interceptions et suffisamment doté en sang froid pour piloter soir après soir avec régularité et justesse l'une des plus jeunes équipes de la ligue vers les sommets. Shai Gilgeous-Alexander a de vraies chances d'être élu MVP s'il maintient le cap. Les votants aiment les histoires nouvelles et une narration rafraichissante, ce qui sera évidemment à son avantage. En attendant, il se montre imperturbable et pas du tout surpris d'être désormais considéré comme l'un des 10 meilleurs joueurs du monde et un authentique incontournable de la ligue.
1- Joel Embiid (Philadelphie Sixers)
Ses stats : 34.8 points, 11.8 rebonds, 6.2 passes, 2 contres à 53.9% (35.3% à 3 pts)
Aujourd'hui, ce qui sépare Joel Embiid d'un back to back comme l'ont fait Giannis Antetokounmpo et Nikola Jokic avant lui, c'est probablement la nouvelle règle sur le nombre de matches minimum à disputer pour être éligible. Il faut souhaiter au pivot des Sixers de ne plus manque de séries de matches comme récemment, puisqu'avec 11 absences de plus, il devra renoncer au trône. On n'en est pas là et il faut admettre qu'on ne s'attendait pas à ce que le futur international américain (grrr) soit aussi épanoui en ce début de saison, alors que l'on imaginait Philadelphie en difficulté avec le dossier Harden et un effectif moins flamboyant qu'à une époque.
On avait tout faux : Embiid est phénoménal, prend du plaisir, a trouvé un jeune lieutenant capable d'atteindre le niveau All-Star en la personne de Tyrese Maxey, un coach avec lequel la relation de travail est pour le moment excellente, et enchaine les performances de très, très haut niveau, parfois avec une facilité déconcertante. Sur le plan statistique, il score pour le moment plus que la saison dernière (il est à nouveau n°1 en la matière), mais il donne aussi deux passes décisives de plus en moyenne, prend plus de rebonds, réalise plus de contres... et fait des Sixers un bon 3e en embuscade à l'Est. Il dégage en plus la sérénité de ceux qui n'ont plus à courir après le titre de MVP, ce qui ajoute de la solidité à sa candidature.
A l'heure de ces lignes, Joel Embiid est notre MVP 2023-2024.