Après des semaines de préparation avec les Spurs, Victor Wembanyama est enfin plongé dans son nouvel univers. Ses débuts en NBA, bien que remarqués, restent contrastés. Des victoires éclatantes côtoient une irrégularité notable et des obstacles imprévus. Voici le bilan du mois d’octobre de « Wemby ».
Chaque mois, Benjamin Moubèche, correspondant à San Antonio pour BasketSession, dresse le bilan du parcours de Victor Wembanyama. Un rendez-vous à retrouver jusqu’à la fin de la saison.
Les performances : quatre matches, pour un bilan mitigé
Après quatre matches de saison régulière, l’analyse précise des performances de Victor Wembanyama serait prématurée. Néanmoins, certaines tendances se dessinent. En octobre, le rookie affiche une moyenne de 16,3 points et 7,5 rebonds. Son taux de réussite aux tirs atteint 46 %, et 26,3 % à trois points. Mais là n’est pas l’essentiel.
L’intérieur des Spurs a clairement du mal à démarrer les rencontres, mais accélère en seconde partie. Il inscrit plus de la moitié de ses points en deuxième mi-temps (moyenne de 10), avec des pourcentages impressionnants : 68,2 % aux tirs, 42,9 % à longue distance. « Mieux vaut être mauvais au départ et bien finir (son match) que l’inverse », souligne le Français, qui reconnaît toutefois qu’être efficace du début à la fin constitue un axe de progression majeur. « Les grands joueurs sont bons tout le temps. »
Par moments, « Wemby » semble désorienté — il découvre la meilleure ligue du monde et ses codes. Il balbutie régulièrement et perd 4,8 ballons par rencontre. Bien qu’il excelle souvent dans son rôle de « roamer », en véritable tour de contrôle protégeant la raquette tout en couvrant un large périmètre, il ne paraît pas encore totalement à l’aise dans ce rôle. Et ses partenaires, en phase d’expérimentation avec Jeremy Sochan à la mène, ont toujours du mal à le trouver.
D’un autre côté, Victor Wembanyama a d’ores et déjà marqué les esprits par ses actions spectaculaires. Ses gestes venus d’ailleurs, qui étonnaient déjà en France, ainsi que ses contres (2,3 par match) ont suscité l’engouement attendu. Face aux Rockets, il a réalisé deux contres consécutifs sur une même séquence, contre Jabari Smith Jr, l’empêchant de creuser l’écart. Il a ensuite inscrit le panier de l’égalisation, propulsant les Spurs vers une victoire en prolongation. Contre les Suns, il a enregistré deux contres à trois points et marqué une claquette décisive, aboutissant sur l’interception et le game winner de Keldon Johnson.
Les débuts du premier choix de la draft NBA soulèvent de nombreuses questions, qui trouveront leur réponse plus tard dans la saison. « À ce stade, nous sommes en période d’observation », a ainsi tempéré Gregg Popovich, le coach de San Antonio. « Nous ne savons pas encore quel sera son style de jeu. Quatre matches sont un échantillon trop faible pour déterminer où il se sent à l’aise, quelles sont ses capacités innées sur le terrain et les endroits où il peut être le plus efficace. » Alors, patience.
Les déclarations : « Victor Wembanyama est un jeune homme très spécial »
Plus que ses performances, c’est la maturité de Victor Wembanyama qui séduit. Son entraîneur, ses coéquipiers, le staff des Spurs… tous s’accordent à le dire, devant les micros ou en coulisses. C’est surtout un sentiment qui s’impose à travers ses propres déclarations.
Gregg Popovich : « Il est l’une des personnes de 19 ans les plus matures que j’ai jamais rencontrées. Il a une personnalité incroyable, il sait qui il est et il se sent à l’aise dans sa peau. Mais il réalise qu’il lui reste du travail. […] Il est respectueux envers ses coéquipiers, très facile à coacher et agréable à côtoyer. C’est un jeune homme très spécial. »
[ITW] Gregg Popovich : « Victor Wembanyama est un jeune homme très spécial »
Wembanyama après avoir tiré à 3/10 contre les Rockets, ce qui ne l’a pas empêché de peser sur le match : « Ça va m’arriver des centaines de fois dans ma carrière, tout comme dans la carrière de n’importe quel bon joueur. Il y a d’autres façons d’aider mon équipe. »
Après s’être mesuré à Kevin Durant, qui lui a fait comprendre le chemin qu’il lui restait à parcourir : « J’ai appris que je suis loin de maîtriser le jeu autant que lui. Je le sais parce que j’ai essayé de faire quelques trucs comme lui, mais je pense que je ne le suis peut-être pas assez patient. »
La question : Victor Wembanyama peut-il jouer davantage ?
Au lancement de la saison, face aux Mavericks, Wembanyama a vu son temps de jeu limité à 23 minutes, entravé par des fautes. Sa moyenne globale de 27,3 minutes le place seulement quatrième à San Antonio, derrière Devin Vassell (34,8 minutes), Keldon Johnson (31) et Zach Collins (30,8). Alors, peut-il jouer plus et se hisser au niveau de ses coéquipiers ?
L’utilisation que fait Gregg Popovich de lui est très éparse. Il a tendance à le faire sortir au milieu de chaque quart-temps, y compris le dernier — ce qui a le don de frustrer les fans. Est-ce un indicateur que Wembanyama éprouve des difficultés à jouer au rythme de la NBA ? Il a lui-même mentionné avoir besoin d’un « petit temps d’adaptation », et semble être en plein dans cette période.
« C’est un cardio différent », a récemment souligné le joueur, qui a placé l’endurance au cœur de sa préparation estivale. « Il y a beaucoup plus de contact en Europe, mais ici ça court et ça saute comme dans aucun autre sport. Je pense qu’il y aura encore une adaptation. » Un passage attendu pour un athlète de 2,24 m, si jeune et mobile.
Les matches à ne pas manquer en novembre :
- Jeudi 2 novembre : Suns — Spurs, deuxième acte
- Mercredi 8 novembre : Knicks — Spurs, le premier match au Madison Square Garden
- Vendredi 10 novembre : Spurs — Wolves, duel français face à Rudy Gobert
- Mardi 14 novembre : Thunder — Spurs, Victor contre Chet
- 20 et 22 novembre : Spurs — Clippers, l’occasion de se rattraper
- Dimanche 26 novembre : Nuggets - Spurs, le test face aux Champions NBA