Les Milwaukee Bucks n’ont pas été mis en danger une seule fois lors du duel contre les New York Knicks hier soir. Et la rencontre a rapidement tourné au massacre. 33-15 après un quart temps, 132-88 score final. La deuxième victoire de plus de 40 points en quelques jours après l’extermination des Charlotte Hornets samedi dernier (137-96). Voilà une franchise du Wisconsin lancée, bien lancée, sur 12 succès de rang. Une série qui a propulsé Giannis Antetokounmpo et ses partenaires en tête du championnat avec 18 matches gagnés sur 21. Le meilleur départ du club depuis 1972.
La montée en puissance ne s’est pas fait attendre. Les Daims ont finalement repris sur les mêmes bases que l’an dernier, quand ils avaient terminé à la première place de la saison régulière, en claquant un 15-1 impressionnant sur le mois de novembre. La dernière fois qu’ils avaient été aussi productifs sur un mois complet, ils avaient fini champions avec à leur tête un certain Drew Alcindor, plus connu sous le nom de Kareem Abdul-Jabbar. C’était en 1971.
Avec de telles performances, Milwaukee est évidemment à classer parmi les favoris pour le titre 2020. Mais ce groupe est-il vraiment plus fort que celui qui a échoué aux portes des finales – éliminé au dernier tour à l’Est par les Toronto Raptors, sacrés ensuite – en 2019 ?
En jetant un œil plus profond aux résultats de novembre, on s’aperçoit que les Bucks ont battu 13 fois un adversaire dont le bilan était inférieur à 50% de victoires. Des équipes a priori plus faibles et des succès presque… logiques. Même si on remarque évidemment chaque année qu’il n’est pas si facile que ça d’imposer sa loi tout au long d’une saison régulière intense et paradoxalement monotone. La lassitude de la routine peut coûter quelques matches. Tout comme le rythme effréné des déplacements, etc. Gagner autant demande du mental. De la force de caractère.
Les Milwaukee Bucks sont armés à ce niveau. Réussir à développer son jeu contre une opposition moins relevée nécessite aussi un système fort, maîtrisé et appliqué. En l’an II de Mike Budenholzer, coach nommé sur le banc en 2018, toute l’équipe comprend mieux ses principes. Les gammes sont récitées. Et c’est une force. Surtout que ses hommes ont engrangé de la confiance en tapant la barre des 60 victoires l’an dernier, alors qu’ils n’étaient pas forcément attendus aussi haut.
« Nous avons pris beaucoup de plaisir l’an dernier. Maintenant on sait ce qu’il faut faire et on sait à quoi s’attendre », remarque Eric Bledsoe.
La question, désormais, elle se pose surtout face aux autres cadors du championnat. Les Bucks ont perdu contre les Celtics mais ils ont battu les Raptors et les Clippers… alors privés de Kawhi Leonard et Paul George (une courte victoire de 5 points). Le premier test se fait encore attendre. Surtout, c’est en playoffs que Milwaukee doit confirmer. Et avec une éventuelle décision de Giannis qui pointe à l’horizon – il sera Free Agent en 2021 mais il est éligible à une extension au Super Max – une « simple » qualification pour les finales à l’Est ne doit plus faire office de satisfaction. Coaches, joueurs, dirigeants, tous le savent. Les finales, ou rien.
Les Milwaukee Bucks ont toujours la même limite
Alors, oui, l’effectif est peut-être un peu plus fort, ou surtout plus à l’aise, malgré la perte dommageable de Malcolm Brogdon. C’était sans doute une erreur d’avoir préféré Bledsoe au ROY 2016 (même si c’est plus complexe qu’un choix entre deux joueurs) mais les résultats n’en pâtissent pas pour le moment. Maintenant, la problématique est toujours la même pour les Bucks : comment aller très, très, très loin en playoffs en confiant les derniers ballons à Bledsoe, encore lui, et Khris Middleton ? Les deux sont de très bons joueurs. Middleton est même un All-Star. Mais quand les matches sont tendus, les scores serrés, les défenses resserrées sur demi-terrain, une équipe veut-t-elle tout miser sur un exploit de ces gars-là ?
C’est la grande question tant que Giannis Antetokounmpo n’est pas à même de créer continuellement sur attaque placée, balle en main, avec donc un tir menaçant. Il progresse sensiblement dans ce domaine. Déjà sa mécanique est plus fluide. Ensuite, il a l’air vraiment en confiance. Il n’hésite pas à dégainer dans le but de punir ses vis-à-vis quand ils reculent. Mais le retour sur investissement est encore trop léger : il est à 30% de réussite derrière l’arc. Dès les 35%, la ligue pourra se mettre à trembler. Son évolution est perpétuelle et elle est intéressante. Mais peut-être encore trop juste pour vraiment aller chercher le titre. Les finales NBA, en revanche, ça paraît jouable. Et une fois arrivé à ce stade, qui sait ce qui peut arriver.