Tout est décidément possible NBA. Les Denver Nuggets l'ont encore rappelé mardi. A seulement trois matches de la fin de la saison régulière, la franchise du Colorado a débarqué l'entraîneur Michael Malone. Un véritable séisme dans la paysage de la Ligue.
Présent sur le banc des Nuggets depuis 2015 et champion en 2023, le technicien de 53 ans représente l'un des coachs les plus respectés de la NBA. Mais en réalité, son licenciement n'incarne pas une si grande surprise. Des fuites avaient déjà révélé des tensions entre le coach et sa direction en début de saison.
Par contre, le timing interpelle. Juste avant le début des Playoffs. Le grand ménage ne pouvait-il pas attendre ? Sans surprise, les premières explications commencent à sortir pour tenter d'expliquer cette décision très forte.
Des résultats décevants depuis le All-Star Break...
Tout d'abord, sur le plan sportif, les Nuggets ont déçu ces dernières semaines. Et en réalité, cette mauvaise période s'étend depuis le All-Star Break. Même si le bilan global de l'équipe reste largement positif (47-32), le rendement a chuté depuis cette coupure (11-13).
Pire encore, sur les 10 derniers matches, cette formation affiche 3 victoires pour 7 défaites. Au sein de la direction, certains revers ont eu du mal à passer. Lors des chocs face à deux concurrents directs, les Minnesota Timberwolves et les Golden State Warriors. Mais aussi celui contre un adversaire en mode "tanking", les San Antonio Spurs.
Face à ce constat et à la série en cours de 4 défaites consécutives, les dirigeants de Denver ont décidé d'agir. En tentant de provoquer un électrochoc au sein du groupe.
"Nous prenions une direction qui, selon moi, allait mettre un terme à notre saison dans un avenir proche. Tout cela étant pris en considération, nous voulions trouver un moyen de tirer le meilleur parti possible du reste de la saison.
Certaines tendances m'ont paru très inquiétantes à différents moments. Mais elles étaient masquées par quelques victoires ici et là, et dans le monde du sport professionnel, quand la victoire et la défaite se mélangent, la victoire peut masquer beaucoup de choses.
Je pense que l'équipe a plus à offrir que ce qui a été accompli jusqu'à présent. Qu'est-ce que ce groupe peut donner de plus ? Je ne pense pas connaître la réponse à cette question, je pense que personne ne la connaît. Mais je suis persuadé que ce groupe peut accomplir davantage et j'ai hâte de voir ce qu'il peut faire", a expliqué Josh Kroenke pour Altitude TV.
En résumé, les Nuggets avaient le sentiment de foncer droit dans le mur avec Michael Malone. Et en interne, un grand ménage semblait déjà acté pour cet été. Pour tenter de sonner la révolte, Denver a donc agi dès maintenant.
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Une frustration interne, notamment chez Nikola Jokic
Surtout, la direction des Nuggets a fait ce choix après avoir eu des échos du vestiaire. D'après les informations du média The Athletic, il y a eu une frustration très importante au sein du groupe par rapport au jeu de l'équipe. Particulièrement sur le plan défensif.
Sur cet exercice, Denver a effectivement eu du mal à trouver de la régularité de ce côté du parquet. Avec la 20ème défense de la NBA. Et cet agacement a été ressenti par un certain Nikola Jokic. Pour compenser les lacunes des siens, le Serbe a multiplié les belles performances en 2024-2025.
Mais au quotidien, l'intérieur a été frustré par l'investissement défensif et le niveau global de l'équipe. Selon le Denver Post, Jokic n'a pas directement approché sa direction pour demander des changements. Mais il a été prévenu à l'avance des départs de Malone et du GM Calvin Booth (au terme de la saison pour lui).
Avec ce choix, les Nuggets ont peut-être eu l'envie d'envoyer un message à la star de 30 ans : il n'est pas question de "gâcher" une année sans agir. Denver avait le sentiment que cette saison allait se solder par un échec. Puis les départs étaient déjà quasiment actés pour cet été, autant bouger dès maintenant.
Les risques d'un pari perdant sont toujours très grands. Surtout que l'équipe, 5ème à l'Ouest, va avoir trois matches très importants pour éviter le Play-in sous les ordres de l'intérimaire David Adelman. Mais les Nuggets ne voulaient pas rester les bras croisés face à un Jokic frustré.
La "guerre froide" avec Calvin Booth
Dans les précédents thèmes, on évoque "un grand ménage" ou "des départs" déjà prévus pour cet été. Car en interne, rien n'allait entre le coach Michael Malone et le GM Calvin Booth ! Il s'agissait d'un secret très mal gardé dans les sphères de la NBA.
"Le staff ne faisait pas confiance au front office et le front office ne faisait pas confiance au staff", a résumé le Denver Post. De son côté, ESPN explique que les tensions entre les deux hommes se sont transformées en "guerre froide".
Sur quasiment tous les sujets, Malone et Booth ont affiché des désaccords. La construction de l'effectif tout d'abord. Malone a mal vécu le départ de certains vétérans importants. Comme Bruce Brown et Kentavious Caldwell-Pope. Alors que de son côté, Booth a eu la volonté de miser sur des jeunes.
Puis ensuite, l'utilisation des joueurs. Le GM a été agacé par les choix de l'entraîneur pour le développement de plusieurs talents. Par exemple, Booth était sidéré par le temps de jeu de Russell Westbrook par rapport à celui de Jalen Pickett. Notamment sur les fins de matches.
En interne, cette tension entre les deux hommes s'est répercutée. Avec des désaccords sur de très nombreux points, même les plus insignifiants. Et chez les décideurs, le constat était simple : cette situation ne peut pas perdurer.
Avec les victoires de l'équipe, le consensus était d'attendre l'intersaison. Mais la mauvaise dynamique a donc accéléré le processus. Et plutôt que de choisir un camp entre Michael Malone et Calvin Booth, les Nuggets ont dit stop avec les deux.
Rien ne dit que ce choix anticipé va "sauver" les ambitions de Denver pour la saison 2024-2025. Mais le risque, face à une saison qui semblait partir dans le mur, peut presque se comprendre...