"Notre plan était assez simple et le même que la plupart des autres équipes. Essayer de le couvrir en un contre un aussi longtemps que possible, puis effectuer une prise à deux en fin de possession et le pousser à aller sur sa gauche. Il avait déjà vu cette stratégie un paquet de fois.
On a mis John Starks sur lui. Puis Anthony Mason, pour le sortir de la peinture et l'obliger à jouer autour du périmètre", raconte Jeff Van Gundy, alors assistant de Pat Riley, dans le NY Daily News.
Avec John Starks, Anthony Mason (Rest in Power), Charles Oakley et Pat Ewing, les Knicks ont quasiment ce qui se fait de mieux comme armada susceptible de gêner Michael Jordan à l'époque de ce côté-ci du pays. Surtout un Jordan de 32 ans, inactif pendant aussi longtemps et désormais affublé du numéro 45. Ce fameux 45 que Nick Anderson décrira comme "moins explosif et différent du numéro 23, qui ne l'aurait jamais laissé lui faire autant de misères" lors du match entre Orlando et Chicago un peu plus tôt. Malheureusement pour les Knicks, Jordan a coché cette date dans le calendrier depuis bien trop longtemps. Les Knicks ont beau le pousser, l'agripper, le percuter, rien n'y fait. "His Airness" claque 55 points (le chiffre 55 est souvent qualifié de "double nickel" aux Etats-Unis) à 21/37 (3/4 à 3 points) et prouve qu'il n'a rien perdu de sa férocité et de son génie offensif. Son fait d'armes majeur dans ce match n'est étonnamment même pas un panier. Alors qu'il reste 14 secondes à jouer et que les deux équipes sont à égalité, Michael Jordan a la balle en main. Tout le monde s'attend à une énième initiative solitaire pour repartir de Big Apple en héros. Raté. C'est Bill Wennington qui raconte le mieux la suite des événements."Michael a la balle et va sur la droite en sortie d'écran. Patrick Ewing défendait sur moi sur la gauche. Pat sort d'un coup et me laisse pour jouer la prise à deux. Je m'attends à ce que Mike shoote, mais il me donne la balle. Et comme on me l'a appris au lycée et à la fac, si tu es seul sous le panier, tu sautes et tu dunkes".
Cette passe décisive pour un panier marqué à 3 secondes de la fin est suivi par une presse de Jordan sur Starks en sortie de temps mort et par une perte de balle du meneur des Knicks. Une autre action sous-cotée et décisive dans ce succès. L'intensité et la pression retombent alors doucement, notamment chez le Zen Master."Ce n'est pas un game 7, mais ça y ressemblait drôlement. C'était un peu l'officialisation de son retour en tant que roi. Michael m'a épaté", se réjouit alors Phil Jackson.
Van Gundy, lui, est encore abasourdi par le simple souvenir de ce Jordan incandescent."Ce match, contre l'une des meilleures défenses de la ligue, c'est l'un des plus grands exploits auxquels j'ai pu assister. Réussir à être aussi efficace avec l'arbitrage de l'époque, c'était incroyable. 55 points à l'époque valent sans doute 75 points aujourd'hui. C'était tellement plus physique..."
Il y a 20 ans, Michael Jordan s'effondrait dans le vestiaire des Bulls Au sortir de la rencontre, Michael Jordan se voit demander ce qu'il a encore en magasin pour épater la galerie maintenant qu'il est de retour."Je ne sais pas et c'est ce qui est amusant. Qui sait ce que je serai capable de faire demain ?", lâche-t-il au micro de TNT.
Ce qu'il fera à partir de la rentrée suivante, c'est remporter trois bagues et deux titres de MVP supplémentaires, pour asseoir son statut de G.O.A.T. Rien que ça.