Analyse : Comment le Heat a éliminé les Nets

Le Miami Heat est une machine à gagner depuis trois ans. Pour se défaire des Brooklyn Nets, les Floridiens n'ont pas eu besoin de s'appuyer sur des systèmes et des ajustements permanents. Analyse.

Analyse : Comment le Heat a éliminé les Nets
En cinq matches face aux Brooklyn Nets, Mario Chalmers a cumulé 23 passes décisives. Une statistique honnête pour un joueur classé comme « meneur de jeu » (même si, au Miami Heat, LeBron James et parfois Dwyane Wade sont chargés de la création). Mais deux de ses 23 caviars figurent pour l’instant parmi les passes les plus importantes de la saison pour les Floridiens. Pour être plus clair, Chalmers est à l’origine des deux tirs à trois-points décisifs de Chris Bosh (dans le Game 4) et Ray Allen (dans le Game 5). Deux paniers derrière l’arc qui ont changé le cours des rencontres et donc de la série, remportée en cinq manches par le Heat. Deux « extra-passes » symboles du jeu offensif des doubles champions en titre. [caption id="attachment_155281" align="alignnone" width="640"] A peine la balle réceptionnée, Mario Chalmers transmet à Chris Bosh.[/caption] [caption id="attachment_155287" align="alignnone" width="640"] Même si Shaun Livingston est revenu désespérément pour contester, Mario Chalmers avait l'espace pour shooter. Il a préféré faire la passe en plus pour Ray Allen, complètement seul.[/caption] Mario Chalmers a beau être un meneur de jeu de formation, il n'évolue pas avec la gonfle entre les mains. Comme dit plus haut, LeBron James et Dwyane Wade ont pour mission de créer du jeu. Pour les autres joueurs du Miami Heat, tout est une question de placement. Dans le Game 4, "Rio" a laissé ses deux stars mettre en place un système avant de couper à l'aile opposée. Chris Bosh s'est placé dans le corner (il est à 6/9 depuis les coins), à sa droite. A l'instant même où il a reçu le ballon des mains de LeBron, Chalmers l'a confié à son intérieur All-Star. Même chose hier soir, avec cette passe en plus qui fait toute la différence. A vitesse réelle, cela donne ça.

Le tir décisif de Chris Bosh

[youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=UFUSFtYslCY[/youtube]

Le tir décisif de Ray Allen

[youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=-YI8vnyc2Cs[/youtube] La majorité des joueurs du Miami Heat sont réputés pour leur qualité de shooteurs. Mario Chalmers aurait très bien pu prendre l'un de ses deux tirs, voire même les deux. Il tourne à 38,5% de réussite à trois-points depuis le début des playoffs. Avant d'arriver en NBA, il avait notamment arraché la prolongation en finale NCAA (face aux Tigers de Memphis emmenés par John Calipari et Derrick Rose) en plantant l'un des paniers à trois-points les plus marquants de l'histoire récente du championnat universitaire. Et pourtant, il n'a pas hésité à faire la passe en plus afin d'offrir un tir plus ouvert à l'un de ses coéquipiers. Les joueurs du Miami Heat – et ceux des San Antonio Spurs – ont cette capacité à faire tourner la balle jusqu’à un coéquipier complètement démarqué. Un tel mouvement en attaque nécessite des joueurs conscients qu’ils doivent laisser leur ego de côté. Il y a l’envie de faire la passe en plus et d’obtenir le meilleur tir possible.
« Personne n’est égoïste. Lorsqu’on a un bon tir, on le prend. Sinon, on cherche une autre solution. On essaye de faire bouger la balle », expliquait Mario Chalmers après la large victoire du Miami Heat en ouverture des demi-finales de Conférence.
A Miami, la balle va d’un point A à un point B, un point C, etc. Le but étant d’éliminer tous les tirs contestés. Les joueurs d’Erik Spoelstra convertissent 48,8% de leurs tentatives depuis le début des playoffs. Seuls les San Antonio Spurs font mieux (49,3%). On retrouve exactement le même duo de tête concernant l’adresse à trois-points (le Heat est à égalité avec les Pacers, 38,7%, mais les Floridiens shootent beaucoup derrière l’arc que les joueurs d’Indianapolis). [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=GyFe9lbeI_4[/youtube] Le constat était encore plus saisissant cette nuit, lorsque les Brooklyn Nets ont tenté en vain de jouer l’isolation pour Joe Johnson à tout va dans le quatrième QT. L’arrière new-yorkais a certes mis des points (34 au total) mais LeBron James – l’un des meilleurs défenseurs de la NBA – a rapidement su trouver les ajustements nécessaires pour empêcher le All-Star de marquer sur chaque action. A l’inverse, il est beaucoup plus dur de s’adapter au jeu offensif du Heat. Pourtant, après le premier match de la série, Jason Kidd estimait « qu’il n’est pas possible de battre les joueurs de Miami en un-contre-un ». Lorsque les Nets ont fait tourner la balle durant la série, ils ont inscrit une pluie de trois-points (15/25 dans le Game 3). C’est également en faisant circuler la gonfle que Joe Johnson a inscrit un trois-points important à quelques secondes de la fin du match. Et pourtant, Brooklyn s’est quand même reposé sur les qualités individuelles de sa star dans les moments chauds. Pas le Heat. LeBron a la puissance pour attaquer le cercle sur chaque action et marquer 40 points ou plus à chaque match. Mais Miami n’aurait sans doute pas le même succès. Remporter un titre NBA est quelque chose de plus grand que soi. Cela nécessite un dépassement de sa propre personne. Mario Chalmers l’a compris. Le Heat aussi.