Depuis plusieurs années, Matthieu Gauzin est annoncé comme un grand espoir du basket français. Après avoir retiré son nom de la draft 2021, il a préféré ne pas se présenter en 2022. Mais, à 21 ans, il garde toujours la NBA dans le viseur. Il espère réaliser une belle saison avec son nouveau club, le BCM Gravelines-Dunkerque, pour impressionner les scouts de la grande ligue.
À l’occasion de l’avant-première de la série "Road To Elite", on a pu discuter avec lui de la draft, de sa nouvelle mentalité et des caméras qui l’ont suivi pour le documentaire cette saison.
BasketSession : Est-ce que tu penses te présenter à la draft l’année prochaine ? Est-ce que tu penses pouvoir rejoindre la NBA dans les prochaines saisons ?
Matthieu Gauzin : Franchement, oui. Après tout ce que peut être ce que j’ai vécu ces trois dernières années, mon objectif est clair. Déjà, je veux faire de grandes choses avec Gravelines, parce que c’est un club qui me donne déjà beaucoup. Je n’ai pas encore signé, mais ils me donnent déjà leur confiance, donc c’est à moi de leur rendre.
Dans le documentaire, tu parles de la pression de la draft. Comment le fait de viser la draft NBA a impacté ton jeu pendant la saison ?
Matthieu Gauzin : Au début de la saison, je savais que si je faisais une bonne saison, je serais drafté. Je rentrais dans le match en me disant "Il faut que je joue bien, je joue bien, je joue bien !". Je n’avais pas la bonne mentalité. Tout ce qui était négatif, je le prenais en moi et ça se voyait sur le terrain. Je me suis mis la pression pour rien, alors que j’avais juste à jouer mon basket et kiffer avec mes gars sur le terrain, c’est tout. Il faut toujours rester soi-même. Mais comme je l’ai dit dans le reportage, je voulais être quelqu’un que n’étais pas. C’est-à-dire quelqu’un de sérieux, alors que ce n’est clairement pas moi. Moi, je suis quelqu’un qui rigole tout le temps.
Tu nous as parlé de ta nouvelle mentalité. Est-ce que tu peux nous expliquer en quoi elle consiste ? Est-ce que tu penses qu’elle t’aidera l’année prochaine à atteindre tes objectifs ?
Matthieu Gauzin : Oui, je pense. J’ai pris un gros coup sur la tête, je suis descendu très bas, même dans mon estime de moi. Après, je suis remonté et j’ai relativisé sur ma vie. Je me dis que ma vie, elle est cool. Dans ma vie actuelle, je fais du basket, je ne manque de rien. Donc forcément, en partant de cette mentalité, tu peux vraiment aller loin. Donc je pense qu’il me fallait ce coup derrière la tête pour réaliser ce que j’avais entre les mains.
Est-ce que tu as reçu de l’aide pour changer de mentalité et te recentrer sur toi-même ?
Matthieu Gauzin : Je pense que c’est un sujet tabou. Mais moi, je n’ai pas peur de le dire, parce que c’est important. Je pense que le mental fait 80 % et le physique 20 %. C’est vraiment important, et moi, j’avais négligé ça. Je rentrais dans une routine où j’allais tout le temps à la salle. Je ne faisais pas grand-chose à côté.
En fait, je ne profitais pas vraiment de la vie et je voulais me concentrer uniquement sur le basket. Je me disais : "Il faut que j’aille à la salle, il faut que je joue, il faut que je m’entraîne tout le temps." Alors que, non, je pouvais aussi laisser de la place pour chill. J’ai eu l’aide d’un coach mental, de ma famille, de mes coaches et de mes amis. Ils m’ont dit : "La vie est belle, tu fais du basket et tu es payé pour ça." En plus, je suis jeune. À partir de là, j’ai commencé à relativiser et j’ai commencé à voir la vie sous différents angles.
La saison dernière, tu étais au Champagne Basket. Cette année a été assez difficile, notamment avec les blessures. Est-ce que ces expériences t’ont fait grandir ?
Matthieu Gauzin : C’est le destin. Les choses n’arrivent jamais par hasard. La première saison que j’ai faite en pro s’est très bien passée. Même si l’équipe était 11e ou 12e, individuellement j’étais bon. Ce qui m’est arrivé ensuite, ce n’est que du positif. Avec du recul, je suis contant que ça me soit arrivé jeune, parce que si ça m’était arrivé à 25 ou 26 ans, je n’aurais pas su comment réussir. Là, je suis jeune, j’ai dix ou quinze ans de carrière devant moi si tout se passe bien. Donc je préfère que ça m’arrive maintenant.
Qu’est-ce que ça fait d’avoir un documentaire sur soi ?
Matthieu Gauzin : C’est incroyable. Se voir au cinéma, c’est déjà quelque chose de fou. Pour l’instant je ne réalise pas vraiment. Au début, je ne voulais pas le faire, car ça rajoute une pression supplémentaire. Je voulais qu’on ne voie que mes bonnes actions. Mais la vérité, ce n’est pas ça. Et au final, j’ai kiffé faire le documentaire.
À la fin du documentaire, il est question de blessures. Était-ce parfois difficile d’avoir des caméras qui te suivaient en permanence ?
Matthieu Gauzin : Je pense que, dans la vie, on a tout le temps des moments durs. C’est important de le montrer aux gens, parce que c’est la manière dont tu te relèves qui est très importante. Je pense que c’est important de montrer que tout le monde a des galères. Même LeBron James et Michael Jordan ont des galères. Après, il faut se relever et c’est ça qui définit qui tu es.
Est-ce que tu penses que la diffusion de ce documentaire permettra de rendre le basket français plus visible ?
Matthieu Gauzin : J’espère beaucoup que ça va aider le basket français. Je fais partie d’une génération pour laquelle les réseaux sociaux sont importants. Donc j’espère vraiment que ça va déjà aider les jeunes à croire que tout est possible. Même si on tombe une fois, deux fois, même dix fois, tout est possible. J’espère que ça va aider beaucoup de gens.
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