Il y a quelques jours à peine, Markelle Fultz s'imaginait avec un maillot des Boston Celtics. La cohabitation probable avec Isaiah Thomas n'était pas, à ses yeux, un obstacle. La perspective de rejoindre un contender avait quelque chose d'alléchant. Surtout pour un garçon qui a évolué dans une équipe au bilan désastreux en NCAA.
Mais soyons lucides, pour son développement personnel et son image de marque, le trade entre les C's et les Sixers est une excellente nouvelle pour lui.
Cette nuit, Philadelphie a utilisé le 1st pick pour sélectionner Markelle Fultz, sans doute la dernière pierre angulaire du Process de l'architecte Sam Hinkie. Avec Joel Embiid, Ben Simmons, Dario Saric et Fultz, les Sixers ont quatre jeunes joueurs à fort potentiel autour desquels bâtir un avenir ambitieux.
Voici pourquoi il fallait que ce soit le meneur des Washington Huskies et pas un autre des beaux talents qui composent cette promotion 2017.
Il est sûr de lui, comme Embiid et Simmons
Ses concurrents comme De'Aaron Fox ou Lonzo Ball ont beau dire qu'ils se trouvent meilleurs que lui depuis des mois Markelle Fultz a confiance en ses capacités.
Un trait de caractère qu'il partage avec deux de ses futurs camarades de jeu, Joel Embiid et Ben Simmons, tous les deux bien dans leur peau et persuadés de pouvoir devenir les meilleurs de la ligue à leur poste. Fultz, lui, vise carrément les étoiles et la légende.
"Je veux être le meilleur à avoir jamais joué au basket. Et je pense que j'ai de bonnes chances d'y arriver", a-t-il lancé dans un entretien avec Bleacher Report.
Typiquement le genre de phrases que les glorieux anciens un peu aigris lui ressortiront sans doute si les choses ne se passent pas comme prévu.
Mais Philly a trop courbé l'échine pendant toutes ces années de Process pour ne pas embrasser la promesse de meilleurs lendemains et un peu d'ambition. Les fans ont presque versé dans l'auto-flagellation avant d'idolâtrer Hinkie, "mort pour leurs péchés". Des jeunes décomplexés, bien coachés et disciplinés. Voilà ce que l'on veut voir à Philly désormais, avant de retrouver l'ivresse des playoffs à moyen terme. Fultz incarne bien ce nouvel état d'esprit que l'on a pu voir chez Embiid la saison passée.
Markelle Fultz, un cocktail entre Harden, Magic et McGrady
Le petit jeu des comparaisons n'est pas toujours pertinent en NBA. Il peut rapidement pousser les gens à étiqueter un gamin de 19 ans comme le nouveau Jordan et lui plomber son début de carrière. Cela dit, il est toujours utile de se référer à ce qui s'est fait avant pour mieux connaître les capacités d'un basketteur. Sur ce que l'on a vu jusque-là et sur les impressions d'analystes US chevronnés, voilà ce qui ressort.
"C'est Tracy McGrady dans un corps d'1,90m", estime Bill Simmons.
Plus actuelle, la ressemblance avec James Harden en ce qui concerne la variété de son arsenal offensif.
Plus légendaire sans doute, celle avec Magic Johnson pour sa vision du jeu.
Quoi qu'il en soit, le scoring et l'organisation du jeu sont deux secteurs où les Sixers étaient jusque-là déficients à l'extrême. Les meneurs de l'an dernier ? TJ McConnell et Sergio Rodriguez. Pas mal dans des registres différents, mais bien trop léger pour finir dans le top 8 ou même dans le top 10 à l'Est. Avec Fultz et probablement un autre renfort plus expérimenté sur ce poste si les deux pré-cités ne sont pas conservés, les Sixers vont bénéficier d'une incroyable plus-value.
Philly avait besoin d'un "floor general" et pensait tenter de convaincre Kyle Lowry de rentrer chez lui. Pas besoin, désormais, puisque Brett Brown tient là un meneur qui deviendra peut-être plus fort à court terme que le All-Star des Raptors.
Moins de pression sur Ben Simmons
Depuis que l'on sait qu'il est apte à jouer après sa saison blanche, Ben Simmons est l'un des sujets favoris à Philadelphie. Invité du podcast d'Adrian Wojnarowski, Brett Brown n'a pas tari d'éloges sur son protégé.
L'ancien assistant de Gregg Popovich a même été jusqu'à confier qu'il pensait faire débuter l'Australien au poste 1 en début de saison. C'était évidemment avant de savoir que les Sixers seraient en mesure de drafter un meneur. Et au final, c'est peut-être une bonne chose que Simmons ait un ou plusieurs joueurs capables de lui enlever de la pression et des responsabilités à la création.
Sans Fultz, l'ancien joueur de LSU aurait dû assumer une bonne partie des offensives. Là, il pourra se transformer en point forward à l'occasion et faire étalage de sa polyvalence et sa qualité de passe.
En prenant un élément à un autre poste, comme Josh Jackson, Jayson Tatum ou Jonathan Isaac, les Sixers auraient mis en porte à faux Ben Simmons, mais aussi Dario Saric. La venue de Markelle Fultz devrait permettre à tout le monde d'avoir de quoi se mettre sous la dent.