Depuis que Mark Jackson a cédé sa place sur le banc des Golden State Warriors il y a 8 ans, son nom revient presque à chaque fois qu'un poste se libère en NBA. Logique, peut-on se dire, puisqu'il a contribué, quoi qu'on en dise, à développer l'équipe qui est devenue quelques mois plus tard championne NBA sous les ordres de Steve Kerr. Il était à peu près certain que des courtisans frapperaient à sa porte avec ce CV d'apparence aussi propre. Surtout des équipes en quête d'un coach capable de faire progresser un noyau jeune et prometteur. Sauf que... non.
Face au manque de propositions, l'ancien meneur des Indiana Pacers et des New York Knicks, qui fête ses 57 ans aujourd'hui, est retourné à son job de consultant en compagnie de Jeff Van Gundy sur ESPN. Mark Jackson a ses fans, pas lassés par ses traditionnels "Mama, there goes that man". Mais il a aussi de plus en plus de détracteurs, agacés de le voir fréquemment critiquer des coaches dont le travail semble pourtant supérieur au sien. Dernier exemple en date : Frank Vogel, considéré par Jackson comme pas vraiment méritant dans la quête du titre des Los Angeles Lakers. Et à côté de ça, toujours pas de retour sur un banc NBA...
Mais pourquoi ce désamour ? Mark Jackson a beau avoir ce côté pasteur bienveillant et motivant, il a tout de même un passif assez lourd qui a de quoi rebuter les dirigeants actuels de la NBA.
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En tant que joueur, sa popularité avait déjà pris un coup lorsqu'il avait été désigné comme responsable de la retraite de John Stockton au Jazz en 2003, alors que celui-ci voulait initialement prolonger l'aventure. Le caractère de Jackson et son apparent manque de respect pour son aîné étaient visiblement en question. A peine sa reconversion entamée, il avait également été au cœur d'un scandale de chantage après une aventure extra-conjugale avec une strip-teaseuse qui le faisait chanter, alors qu'il se présentait (comme aujourd'hui) comme un chrétien fervent et un "champion de Dieu".
Tout ça n'a pas grand chose à voir avec le terrain. Passons donc à son expérience à Golden State, au sujet de laquelle plusieurs médias divers et variés, d'ESPN à de simples informateurs sur Reddit, ont sorti quelques pépites.
- Mark Jackson aurait développé une paranoïa généralisée. Il a apparemment soupçonné Mike Malone (l'actuel coach des Denver Nuggets), alors son assistant, de vouloir son job et a mis un coup de pression à sa direction pour le faire virer. Celle-ci voulait à la base simplement nommer Malone "assistant principal", pour épauler Jackson comme Alvin Gentry l'a fait quelques années plus tard avec l'inexpérimenté Steve Kerr.
- Il a formellement refusé à tous ses adjoints de communiquer avec la presse pendant son mandat, de peur qu'ils ne le critiquent et précarisent son poste.
- Son staff et une partie de ses joueurs lui reprochaient en privé de n'avoir aucune stratégie autre que de l'isolation à outrance et critiquaient également son absence de préparation pour les matches.
- Il a interdit à Jerry West (oui, LE Jerry West) et au très populaire commentateur local Jim Barnett d'assister aux entraînements. Selon Darren Erman, assistant à l'époque, c'était pour ne pas que ces derniers entendent les discours assez "fous" tenus par Jackson durant les séances.
- Erman a d'ailleurs tenté d'enregistrer certaines séances pour montrer à la direction ce dont était capable Mark Jackson. Un exemple en particulier, évoqué en privé par Erman : sa certitude qu'Harrison Barnes était "possédé par un démon", ce qui expliquait son absence de progression.
- Un autre exemple : la mise en accusation devant tout le groupe de Festus Ezeli, qu'il a accusé de se réjouir intérieurement des défaites pour servir sa propre cause (alors que celui-ci était blessé...).
- Erman s'est fait prendre la main dans le sac par Mark Jackson en train d'enregistrer l'un des fameux discours et a été viré sur le champ par la direction, pas encore au fait de ce qui se tramait. Erman a expliqué, dans son désir de vengeance, que des joueurs auraient été dressés les uns contre les autres par Jackson, qui expliquait à l'un que l'autre le critiquait en privé et vice-versa.
- L'un des points de rupture : ses déclarations après le coming out de Jason Collins. Alors que la quasi-totalité de la NBA a soutenu Collins, Jackson a simplement expliqué qu'il "avait son avis sur ce qui était bien ou mal et prierait pour lui et sa famille". La Bay Area est une zone très gay-friendly et plusieurs membres du board des Warriors sont homosexuels. La pilule n'est pas très bien passée...
- Sur le plan des résultats, le GM Bob Myers lui a reproché de ne pas avoir su faire passer un nouveau cap à l'équipe. Après la bonne saison 2012-2013 (demi-finale de Conférence), les Warriors étaient sortis au 1er tour contre les Clippers l'année suivante.
Voilà autant de raisons qui permettent de comprendre pourquoi personne n'a tenté de relancer Mark Jackson à l'heure qu'il est. Mike D'Antoni avait par exemple attendu 6 ans, pour d'autres raisons, avant de retrouver la lumière. Il ne faut jamais dire jamais, mais plus le temps passe, plus il semble compliqué d'imaginer celui qui reste l'un des meilleurs passeurs de l'histoire de la NBA retrouver un banc.
Kendrick Perkins pousse un gros coup de gueule pour défendre Mark Jackson