Manu Ginobili va entrer au Hall of Fame en 2022, pour être le deuxième membre du trio magique des Spurs à avoir le droit à cet honneur. Il y a le palmarès, évidemment, mais aussi les souvenirs de ses fantastiques performances en playoffs qui ont contribué à faire de lui l'un des joueurs les plus aimés et spectaculaires de sa génération.
2005 - Game 7 des Finales NBA contre Detroit01
Avant d'être l'homme fort de ce match crucial pour détrôner les champions en titre, Manu Ginobili avait vécu une série un peu particulière. Fantastique dans le Game 3 avec 27 points inscrits (sur 8 shoots) et 7 passes décisives, il avait ensuite un peu disparu des débats à cause d'une blessure à la cuisse.
C'était évidemment avant ce Game 7 où, cheveux au vents (oui, oui), il avait été l'homme-clé du succès texan. En plus de son boulot de harcèlement défensif dans ce match verrouillé par les Spurs (81-74), "El Manu" avait rayonné en attaque avec 23 points et 4 passes à 8/13. Sa gestion du chrono et son sang froid sur la ligne diaboliques dans le money time font encore cauchemarder la bande à Chauncey Billups, qui pensait pouvoir réussir un back to back après l'épopée de 2004.
2008 - Game 1 du 1er tour contre Phoenix
Ses deux passes décisives pour Michael Finley (pour arracher la prolongation) et Tim Duncan (pour en forcer une seconde) à 3 points auraient sans doute pu suffire à souligner son importance cruciale dans le game 1 de cette série achevée en 5 matches. Sauf que Manu Ginobili ne s'est pas arrêté en si bon chemin et a pris les choses en main à la finition lors de la 2e prolongation : trois paniers dans le trafic et un 4e devenu culte à 1.8 seconde de la fin.
En patron, "El Manu" décide de jouer le coup en solo sur la dernière possession et de tenter un drive de possédé comme il en a le secret. En déséquilibre et malgré la défense de Raja Bell, excusez du peu, Gino transperce le filet et permet aux Spurs d'attaquer la série tambour battant.
2012 - Game 1 de la finale de Conférence contre OKC
Dans ce Game 1 d'une série qui verra les Spurs chuter et OKC atteindre les premières (et dernières) Finales NBA de son histoire à ce jour, Manu Ginobili livre un duel de haute volée avec le 6e homme adverse. Un certain James Harden, dont on n'imagine pas encore le destin de candidat au titre de MVP 5 ans plus tard.
Alors que Tim Duncan et Tony Parker sont en difficulté offensivement, l'Argentin montre les muscles et claque 26 points à 9/14 avec 11 pions dans le dernier quart-temps et une insolente réussite dans les dernières minutes, où il fait passer les défenseurs du Thunder pour des plots.
2013 - Game 5 des Finales NBA contre Miami
La machine à remonter le temps fonctionne à plein régime pour l'Argentin dans ce Game 5 contre l'énorme armada du Heat. A 35 ans, il se joue complètement de ses adversaires pour faire basculer la série à 3-2 en faveur des Spurs devant un public de l'AT&T Center qui ne l'avait plus vu aussi virtuose depuis quelques mois.
Avec 24 points, 10 passes et quelques séquences embarrassantes pour LeBron James et sa bande (le "King" lui-même n'arrive pas à défendre sur le vétéran), Ginobili livre un petit chef d'œuvre que l'on croit alors décisif pour l'obtention d'un nouveau titre NBA. C'était sans compter le shoot de Ray Allen et un Game 7 mieux géré par les Floridiens...
2014 - Game 5 des Finales NBA contre Miami
Le revanche est douce pour Manu Ginobili un an plus tard. Pendant trois quart-temps dans ce Game 5 qui débouchera sur une 5e bague et l'avènement de Kawhi Leonard, "El Manu" empoisonne et rend fou les hommes d'Erik Spoelstra. Provocateur, adroit, acharné à la récupération du ballon, Ginobili inscrit 19 points en trois quart-temps et tue les espoirs de comeback et de Three Peat de Miami. Un sentiment d'impuissance qui conduira probablement LeBron James à s'interroger et à rentrer à Cleveland avec le destin que l'on connaît...
2017 - Game 5 des demi-finales de Conférence contre Houston
Il y a 5 ans, Manu Ginobili réussissait le dernier exploit de sa fantastique carrière en playoffs. L'Argentin semblait au crépuscule de sa carrière et sur le point de dire stop pour ne pas écorner le souvenir qu'il laisserait aux fans de basket enamourés de son jeu depuis 15 ans.
Enterrer "El Manu" était un peu prématuré. Ce jour-là, dans le Game 5 de la série contre les Houston Rockets, le vétéran des Spurs a refait surface et ressorti du placard deux costumes bien larges : celui de chef d'orchestre principal et celui de clutch player qu'il a longtemps porté dans le Texas.
Face aux Rockets, donc, le divin chauve a non seulement marqué le panier pour que le match aille en prolongation, mais aussi réussi un contre magnifique sur James Harden à l'ultime seconde.
"Quand vous avez besoin de quelqu'un dans un grand moment, appelez Manu", avait coutume de dire Gregg Popovich.