Ce qui se passe à San Antonio peut parfois sembler opaque. C’est pourquoi nous vous avons invité à poser des questions à notre correspondant sur place, Benjamin Moubèche, au sujet de Victor Wembanyama et des Spurs. Nous avons reçu des questions capitales, comme celles-ci :
Alors, il est grand ? Plutôt.
Combien de têtes fait-il de plus que toi ? Énormément.
Il est beau ? Les goûts et les couleurs.
Après trois semaines de réflexion sur ces interrogations majeures, nous avons dû faire des choix. Nous avons donc sélectionné cinq autres questions pour cette première édition du mailbag.
Avec sa blessure récente, as-tu remarqué une façon « différente » dont la franchise a géré cette situation par rapport à celle d’un autre joueur ? – Vinsanity
Depuis des années, l’une des principales préoccupations des observateurs est que Victor Wembanyama puisse se blesser en NBA. Bien qu’il n’ait pas un historique de blessures particulièrement important, personne ne sait tout à fait comment gérer un physique si unique. Cela peut conduire à le surprotéger.
Les joueurs sont rarement mis au repos et limités en minutes sans avoir été vraiment blessés. Wembanyama n’a souffert que d’une douleur à la cheville, et d’avoir trébuché sur le pied d’un ramasseur de balle — ce après quoi il se sentait capable de jouer le match. La façon dont les Spurs gèrent ce cas est plus que « différente », elle est étrange.
J’ai demandé l’opinion d’un médecin du sport américain, qui a préféré rester anonyme : « Ce qui est fou ici, c’est qu’il n’y a pas de précédent ni même d’utilité théorique à continuer à faire des IRM tout en le laissant un athlète jouer […] Dans le cas de Victor, c’est très certainement parce que le front office est paranoïaque. »
La franchise a assurément un avis différent — je ne suis pas en position de juger la pertinence de ce protocole. Cependant, il faut garder à l’esprit que cela part d’une bonne intention. Les Spurs ne souhaitent pas prendre le moindre risque avec le nouveau visage de l’équipe, surtout maintenant que les playoffs semblent inaccessibles.
Gregg Popovich à propos de Victor Wembanyama : « Il est frustré par sa limite de minutes, mais il est assez intelligent pour comprendre que c’est le long terme qui nous intéresse. »
Quand à son entrée en jeu dans le quatrième quart-temps face aux Grizzlies : « Quand je l’ai… pic.twitter.com/YH6fzztNGq
— Benjamin Moubèche (@BenjaminMoubech) January 4, 2024
Qu’est-ce qui te marque le plus sur Victor Wembanyama en dehors du terrain ? – Jean-François T.
La veille de sa draft, Victor Wembanyama annonçait vouloir être le meilleur non seulement sur le terrain, mais aussi en dehors. « Je veux aussi être le meilleur avec les médias et en conférence de presse. Je n’aime pas faire les choses à moitié », avait-il précisé. Il a tenu parole.
Chaque rencontre à laquelle il participe — à l’exception d’une soirée de repos apparemment imposée par les Spurs — est suivie d’un passage devant la presse. Bon ou mauvais match, il s’est toujours montré disponible. À ma connaissance, il est le seul joueur à le faire dans toute la NBA, et ses réponses laissent souvent transparaître une maturité déconcertante.
Comment Wembanyama et les Spurs traversent le « process »
C’est sans doute ce qui me frappe le plus jusqu’ici. D’abord parce que c’est l’un des rares moments où nous avons accès à lui. Ensuite, parce que c’est crucial pour le travail que nous faisons tous à San Antonio. Enfin, parce que cela demande un effort mental significatif.
Selon toi, quel est le plus gros problème des Spurs ? – @7vbio
Les Spurs ont la deuxième attaque la moins efficace et la cinquième pire défense de la NBA. Ils ont beaucoup de problèmes. Pour souligner l’évidence, je pense que leur jeunesse est le principal obstacle à la victoire.
Devin Vassell, le plus âgé des titulaires actuels, a seulement 23 ans. C’est une anomalie dans la ligue, et cela explique certaines choses. L’effectif de San Antonio est plein de talent, mais ces joueurs sont avant tout des potentiels. Avec le temps, tous les athlètes expliquent voir le jeu plus lentement : leurs lectures s’améliorent, tout comme leur compréhension du jeu et de l’espace.
Je ne considère pas cela comme un véritable problème. J’adhère à la façon dont l’équipe aborde cette reconstruction. Elle expérimente, cherche des réponses, et se concentre sur le développement des jeunes. Cependant, ce n’est certainement pas la meilleure manière de gagner des matches à court terme. Pour le long terme, seul l’avenir nous dira si ce processus était judicieux.
Penses-tu qu’il y aura des transferts à la mi-saison ? Penses-tu qu’il serait intéressant d’acquérir un autre meneur, ou vaudrait-il mieux attendre l’année prochaine ? – Anthony R. et Titou
Des transferts à la mi-saison ? C’est possible. Des trades qui changeraient vraiment l’équipe ? C’est très peu probable. Il y a peu de chances que les Spurs récupèrent un nouveau meneur titulaire ou un joueur majeur, et il y a deux raisons à cela.
Premièrement, l’équipe est en reconstruction. Plutôt que de dépenser leurs assets, ils cherchent à les accumuler. Ainsi, ils devraient scanner le marché à la recherche de jeunes prometteurs et des tours de drafts — tout cela en sacrifiant un minimum de picks et de jeunes. San Antonio aura sans doute Victor Wembanyama pour au moins huit ans. L’enjeu n’est pas de rendre l’équipe plus performante dès la première année. La franchise doit garder ses assets pour plus tard, lorsque le Français et ses meilleurs coéquipiers seront prêts.
Gregg Popovich « ne pense pas » que les Spurs seront actifs sur le marché des transferts.
« Notre objectif n'est pas immédiat. […] Mais si un trade a du sens aujourd'hui et à long terme, bien sûr que nous l'envisagerons », nuance-t-il. pic.twitter.com/slctL9Sx3U
— Benjamin Moubèche (@BenjaminMoubech) December 16, 2023
Deuxièmement, le marché est faible. Il est irréaliste de penser que des joueurs Trae Young ou Tyrese Haliburton sont disponibles et que les Spurs pourraient les récupérer sans saboter leur avenir à long terme. Au-delà des stars, les meneurs capables de faire une différence à court et long terme sont rares.
Les Pacers refusent de lâcher T. J. McConnell. Tyus Jones ou Malcolm Brogdon nécessitent sans doute de sacrifier des tours de draft ou des jeunes. Ces trois options, souvent citées, n’amélioreraient probablement pas le projet de manière durable. De plus, tous ces joueurs sont sous contrat pour moins de deux ans, et San Antonio n’est pas une destination attractive pour les agents libres.
Que les fans s’impatientent, c’est tout à fait compréhensible. Mais les dirigeants, eux, ne peuvent pas se précipiter.
Victor Wembanyama, les Spurs, et le test du marshmallow
Quels joueurs les Spurs visent-ils à la draft selon toi ? –Erick. B
Sans consensus pour le premier choix de la draft 2024, il n’y a pas de réponse claire à cette question. San Antonio pourrait y voir une opportunité de trouver un meneur si l’un des prospects du poste 1 apparaît comme l’un des plus grands talents disponibles avec leur choix.
Le Serbe Nikola Topic est souvent évoqué, en particulier depuis qu’il monte dans les projections. Il est considéré comme un excellent créateur, mais son tir à trois points reste une incertitude. Isaiah Collier, dont la tendance est à la baisse dans les prédictions après un mois de décembre difficile, pourrait aussi être une piste. Rob Dillingham rejoint progressivement la conversation.
Cependant, les Spurs garderont vraisemblablement l’esprit ouvert. Il est probable qu’ils choisiront le prospect qu’ils estiment le plus talentueux, tant qu’il est compatible avec Victor Wembanyama — et de préférence avec Devin Vassell et Jeremy Sochan. Cela pourrait très bien être Alexandre Sarr ou Zaccharie Risacher, les deux Français les plus attendus de cette cuvée.
En résumé, on ne sait pas grand-chose pour le moment, et il est sans doute trop tôt pour décider.
Le Wembanya-mois : un duel vs LeBron et une cheville qui pose problème