Pour mieux comprendre ce qui se passe à San Antonio, nous vous avons invité à poser des questions à notre correspondant sur place, Benjamin Moubèche, au sujet de Victor Wembanyama et des Spurs.
Au-delà des habituelles questions capillaires, la majorité de celles que nous avons reçues se concentrait sur l’avenir de Wembanyama et de son équipe. Nous avons donc sélectionné cinq questions sur ce thème pour cette deuxième édition du mailbag.
Quelle est la tendance pendant l’intersaison, à la free agency et à la draft, pour compléter au mieux l’effectif ? — Jurgen Phildar
Impossible de prédire avec certitude ce que feront les Spurs cet été. Gregg Popovich lui-même a avoué qu’il ne le savait pas encore.
Malgré toutes les ressources à leur disposition, la tendance semble être à la continuité. « Dès la fin de la saison, il y aura peut-être des changements. Mais pour moi, cela passe notamment par une meilleure connaissance de nous-mêmes et le développement des joueurs que nous avons déjà », a récemment jugé Victor Wembanyama.
Victor Wembanyama veut « trust the process » avec les Spurs
Les tours de draft que San Antonio pourrait transférer cet été ne reviendront pas. Signer de gros contrats limiterait la marge de manœuvre de l’équipe à l’avenir. N’ayant pas d’autre impératif que d’assurer la viabilité du projet à long terme, elle optera probablement pour la prudence.
Si une opportunité alléchante se présente, qu’il s’agisse d’un transfert ou d’une signature, les Spurs la saisiront assurément. Cela reste néanmoins peu probable. Compte tenu du contexte et de la faiblesse de la classe d’agents libres à venir, ils garderont sans doute leurs choix de draft et la plupart de leurs joueurs sous contrat, avec quelques opérations à la marge.
Penses-tu que l’un des cadres de l’effectif sera transféré à l’intersaison ? — Texphilou
Dans l’éventualité d’un transfert majeur, l’un des cadres de l’effectif devra partir pour équilibrer les salaires dans le trade. Il y a toutefois peu de chances que cela arrive, et peu de chances que l’un d’entre eux soit échangé dans un contexte différent.
Les Spurs ne chercheront pas à se séparer d’un cadre juste pour s’en débarrasser. Ils n’auraient rien à gagner et tout à perdre. Ils n’ont pas de contrat « boulet », pas besoin de libérer de cap space, et la plupart de leurs joueurs sous contrat ont signé pour des montants très raisonnables. Et lorsque l’on écoute Wembanyama, cela ne semble pas être dans le plan des Spurs.
Certes, San Antonio ne gardera pas éternellement tous ses jeunes. Des choix s’imposeront. Pour le moment, il faut garder à l’esprit que personne n’acceptera de les récupérer en échange de meilleurs joueurs — les transferts ne fonctionnent tout simplement pas comme cela. Sauf surprise sur le marché, garder le groupe intact et continuer de le développer s’impose comme le choix le plus judicieux.
Qu’est-ce qui manque à l’équipe pour passer un cap ? — Steph
Du temps, principalement. Les joueurs ont du potentiel, mais ils ont besoin de temps pour le réaliser. Jeremy Sochan et Devin Vassell, par exemple, sont très prometteurs. Victor Wembanyama peut encore devenir un bien meilleur joueur — ce qui est inquiétant pour la NBA. L’équipe passera un cap naturel avec l’expérience.
San Antonio pourrait certainement être plus efficace aujourd’hui en adaptant sa manière de jouer. La structure se précise doucement, mais la franchise reste un « laboratoire » qui privilégie logiquement le développement à l’efficacité et laisse donc une grande liberté à ses joueurs. Cela viendra aussi avec le temps.
Au-delà de cette évidence, il manque beaucoup d’éléments à cette équipe pour devenir compétitive. La priorité est sans doute le tir à trois points, bien que l’équipe ait fait des progrès dans ce domaine en cours de saison. Le recrutement d’un créateur capable de shooter apparaît comme un bon moyen de faire évoluer l’effectif.
Victor Wembanyama, Kyrie Irving le voit comme un sérieux candidat au DPOY
On parle beaucoup des immenses qualités de Victor Wembanyama, mais sur quel point faible doit-il travailler le plus ? — Le Seigneur Des Arceaux
La progression de Wembanyama cette saison est impressionnante, surtout dans sa compréhension du jeu. Pourtant, il reste de nombreux domaines dans lesquels il doit encore progresser et il est difficile d’en choisir un en particulier.
Son catch-and-shoot fait partie de ceux qui figurent en haut de la liste. Déjà prodigieux en pull-up (40% de réussite), sa précision chute lorsqu’il reçoit le ballon de la part d’un coéquipier (26,2%). Cette anomalie doit être corrigée pour qu’il devienne une véritable menace en pick-and-pop.
On pourrait également parler de ses écrans. Actuellement, il choisit généralement de feinter et ceux qu’il pose réellement posent assez peu de problèmes à ses adversaires. Son handle doit aussi être perfectionné pour minimiser les pertes de balles, notamment sur drives. Nous avons abordé tous ces points dans le dernier épisode de « Moub Deep », avec Azad de QiBasket.
Comment vois-tu la prochaine saison de Victor Wembanyama et de ses Spurs ? Penses-tu qu’ils auront un meilleur bilan ou qu’ils se rapprocheront du play-in ? — West
En ce qui concerne les Spurs, c’est encore difficile à dire. Leur intersaison sera déterminante. Si l’équipe opte pour un recrutement axé sur les résultats immédiats, le play-in sera à leur portée. Cependant, comme évoqué précédemment, ce ne sera probablement pas leur approche.
Il ne faut pas écarter la possibilité qu’ils connaissent une autre saison sans résultats. Avec Wembanyama dans sa deuxième année et l’arrivée de nouveaux rookies, San Antonio pourrait conserver sa dimension « laboratoire » pour maximiser le développement. C’est peut-être le scénario le plus plausible.