Les mathématiques vous montreront un joueur en phase de reprise et en manque de rythme après de longues semaines d’absence suite à une blessure au mollet. Ne vous laissez pas avoir. Même en compilant 14 points à 5 sur 14 aux tirs (1 sur 7 à trois-points), 5 rebonds et 4 passes en 23 minutes, la première de Luka Doncic avec les Los Angeles Lakers est une belle réussite. D’ailleurs, la franchise hollywoodienne s’est très largement imposée contre le Utah Jazz.
CQFR : Doncic fête sa première, DeRozan MVP
Devant de nombreuses célébrités (dont Dirk Nowitzki, légende des Dallas Mavericks venue pour l'occasion) et une salle complètement acquise à sa cause, drapée de t-shirts au numéro 77 distribués avant le match, le Slovène a rappelé pourquoi il y avait de très nombreuses raisons pour sa nouvelle fan base d’être enthousiaste – et c’est un euphémisme. La superstar et ses partenaires ont régalé et se sont régalés alors qu’ils viennent à peine d’apprendre à se connaître.
Notamment Doncic et LeBron James. Les premières impressions sur l’association des deux masterminds sont vraiment encourageantes et… excitantes ! Ils affichent une complicité naturelle, que ce soit sur le banc lorsqu’ils échangent rires et commentaires, ou sur le terrain, où ils se sont nourris chacun de la présence de l’autre. C’est une bénédiction pour un coach aussi ingénieux que JJ Redick de pouvoir compter sur deux créateurs aussi talentueux.
Il les a directement utilisé à bon escient. Par exemple en les faisant combiner ensemble sur picks-and-roll, un schéma qui pourrait s’avérer vraiment infernal pour les défenses adverses. Ils sont tous les deux grands et costauds et font évidemment quasiment constamment les bonnes lectures en fonction de la réaction de leurs vis-à-vis. Cette configuration va leur donner des tonnes de duels avantageux à exploiter. C’était déjà le cas la nuit dernière, certes contre une équipe très faible en face.
Luka Doncic a de suite cherché à mettre du rythme dans le jeu. Ce qu’il ne faisait pas toujours à Dallas malheureusement. Les Mavericks ont fait un superbe run sur la deuxième moitié de saison dernière justement parce qu’il s’efforçait de jouer vite. Ça faisait toute la différence. Là, il a donné le sentiment de le faire presque instinctivement, avec un James de 40 balais qui courait comme un ado à ses côtés. Une action illustre pleinement la puissance des Lakers en transition : sur un rebond, Doncic a de suite poussé la balle avant de servir LeBron. Juste cette passe a créé un décalage. Mais le King a lui aussi fait le bon choix en envoyant Jaxson Hayes au alley-oop. Un panier inscrit en deux mouvements et peut-être à peine deux secondes. Le genre de contre-attaques éclairs dévastatrices qui font évidemment écho à l’époque « showtime » de Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar.
Il y avait visiblement une volonté pour les deux maestros de se chercher sur le terrain. Leur « fit » ne paraît pas forcément évident sur le papier, parce que ce sont des joueurs similaires sur de nombreux aspects, mais ce serait oublier que ce sont d’abord deux très gros QI basket apparemment déterminés à faire ce qu’il faut pour briller ensemble. La présence de Doncic enlève d’ailleurs beaucoup de pression des épaules de LeBron James, jusqu’alors seul playmaker avec Austin Reaves. Maintenant, avec LBJ et Luka, Redick peut constamment aligner un créateur d’élite sur le parquet s’il le souhaite.
Le prodige de 25 ans a terminé avec 4 caviars mais il a balancé quelques offrandes qui n’ont pas été conclues par ses partenaires. Il a aussi délivré plusieurs « hockey assists », soit la passe qui mène à la passe décisive. Il ne serait pas étonnant de vite le voir à nouveau autour des 10 services par rencontre. Même sans forcément jouer beaucoup.
Dans l’attitude, Luka Doncic a été bon. Il a défendu fort par moment (oui) et il a même accepté les décisions des arbitres dans l’ensemble. Bref, il semblait tout simplement heureux après un si grand changement et un transfert qui l’a évidemment secoué. Est-ce qu’il tiendra sur la durée ? C’est évidemment une autre question. Mais cette première, au-delà des stats donc, est une franche réussite.