Récupérer D’Angelo Russell, Malik Beasley et Jarred Vanderbilt est un coup de maître. Tout simplement. Rob Pelinka, sous le feu des critiques depuis le début de la saison, semble avoir sécurisé le meilleur trade possible pour les Los Angeles Lakers.
L’affaire n’était pourtant pas gagnée. Depuis le transfert d’Anthony Davis, la réserve de picks de la franchise californienne est à sec. Il ne leur restait, pour composer, que deux premiers tours de draft, en 2027 et 2029. Sans joueur très prometteur à échanger, si ce n’est Austin Reaves, ils n’étaient donc pas en position de force à l’approche de la trade deadline.
Pourtant, nous voilà à ce fameux 9 février, et le roster de Los Angeles s’est considérablement amélioré. Non pas grâce à l’arrivée de Kyrie Irving, comme l’aurait initialement souhaité LeBron James, mais peut-être encore mieux. Le front office a réussi, presque par magie, à récupérer trois joueurs qui pourraient intégrer le cinq majeur de l’équipe.
Décryptage : D’Angelo Russell transféré aux Lakers, Westbrook au Jazz
Une opportunité créée à partir d’un rien
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", affirme la célèbre phrase de Lavoisier. Trois siècles plus tard, voilà que Rob Pelinka jette le doute sur cette vérité supposément immuable. Lorsque l’on voit ce que les Lakers ont dû sacrifier pour réaliser ce transfert, ils semblent pourtant n’avoir rien perdu et tout gagné.
Si l’on veut être rigoureux, la transformation est bien là. Russell Westbrook fait, en pratique, le chemin vers Salt Lake City. Mais la valeur du MVP 2017 — qui porte mieux que jamais son numéro 0 — est devenue nulle. Au point que la piste privilégiée est aujourd’hui est celle du buyout, d’après Chris Haynes du Bleacher Report
Westbrook a bel et bien des airs de "rien" pour le Jazz, si ce n’est de dépense inutile et de complications administratives. Pour Los Angeles, c’est presque un poids en moins. Depuis son arrivée dans la Cité des anges, en 2021, l’expérience a été un échec retentissant.
Son salaire de 47 millions de dollars (!) était une épine dans le pied du front office, qui a cherché à le transférer pendant tout l’été. À l’époque, il était question de faire passer la pilule avec au moins un premier tour de draft. Les Lakers n’en ont effectivement envoyé qu’un, en 2027, mais il est protégé entre les positions 1 à 4. Il sera d’ailleurs immédiatement converti en second tour s’il tombe entre ces deux places, garantissant ainsi à la franchise de ne pas perdre un autre premier tour un peu plus tard.
Finalement, le pick de 2029 a été préservé. Les joueurs sacrifiés à côté relèvent du détail. Damian Jones n’affiche que 8 minutes de moyenne sur ses 22 matches cette saison. 12,2 sur 30 rencontres pour Juan Toscano-Anderson. Ils ne manqueront certainement pas aux Angelinos, qui ne comptaient de toute façon pas sur eux.
Il a donc suffi d’un rien pour matérialiser ce transfert. Pourtant, de l’autre côté, le retour est colossal.
Anthony Davis décrète l'état d'urgence aux Lakers
D’Angelo Russell, Malik Beasley et Jarred Vanderbilt, sauveurs des Lakers ?
"Pour être tout à fait honnête, nous ne sommes pas une équipe construite sur du bon shooting. C’est simplement la vérité. Nous n’avons pas de tireurs d’élite", regrettait LeBron James au début de la saison.
Voilà le meilleur marqueur de l’histoire de la NBA exaucé. D’Angelo Russell, qui réussit 39,1% de ses trois points cette année, apparaît comme la prise parfaite au regard des besoins des Lakers. Son adresse sera précieuse à sa nouvelle équipe. Il pourra, en plus, porter le ballon — motif pour lequel Russell Westbrook avait été recruté.
Le meneur affiche cette saison des moyennes de 17,9 points et 6,2 passes. Il est encore monté d’un cran récemment, avec 21,2 points à 44,3% à trois points sur les 10 derniers matches. S’il parvient à conserver cette dynamique après son retour à Los Angeles, sa présence pourrait tout changer.
"Retour", oui, car c’est ici que Russell a débuté sa carrière il y a huit ans. Il y revient désormais en joueur accompli, pour le plus grand plaisir des fans loyaux. En plus d’être un fit idéal sur le papier, le deuxième choix de la Draft 2015 arrive également avec un vent de nostalgie dans le dos et une belle histoire à raconter. Ce n’est que du bonus.
Au-delà de D’Angelo Russell, Malik Beasley devrait aussi apporter un bout de solution au coach Darvin Ham. L’arrière tourne à 38,2% à l’extérieur depuis la saison de sa révélation, en 2018-2019. Parmi les meilleurs tireurs de la ligue, il n’aura sans doute aucun mal à se faire une place durable en tant que titulaire.
Cette saison, sa moyenne de 35,9% à trois points est en dessous de ses standards. On peut toutefois imaginer que, dans une équipe plus compétitive que le Jazz, ce chiffre augmentera. Beasley arrivera certainement à retrouver l’espace et les conditions nécessaires pour graviter autour de la barre des 40%.
Comme si cela ne suffisait pas, un troisième nom vient s’ajouter à cette liste : celui de Jarred Vanderbilt. Le profil défensif de l’ailier, de par sa polyvalence et son efficacité, en a fait l’un des joueurs les plus prisés du marché. Et c’est bien les Lakers qui ont réussi à lui mettre la main dessus.
Doté d’une bonne compréhension du jeu, solide sur son tir tant qu’il n’a pas à le créer, il sera à sa place dans un collectif ambitieux. Son arrivée offre de nouvelles options à Ham pour adapter sa défense en fonction de l’adversaire et du moment.
Résumons : après ce transfert, les Lakers sont plus jeunes, mieux armés défensivement et ont pallié leur plus gros problème offensif. Ils secouent un effectif qui en avait bien besoin, à un tournant de leur saison. Pour obtenir ce résultat, ils n’ont eu qu’à sacrifier un tour de draft, un joueur indésirable et deux éléments en bout de banc. Que demander de plus à Rob Pelinka, sérieusement ?
Bien qu’il se soit fait attendre, ce trade apparaît comme la meilleure réponse à la première partie d’exercice médiocre de Los Angeles. Ce bouleversement pourrait permettre aux Champions 2020, 13e de l’Ouest avec un bilan de 25-30, de revenir dans le droit chemin. Il reste encore 27 matches de saison régulière sur lesquels ces trois joueurs peuvent changer la donne.
Kareem Abdul-Jabbar : "LeBron James me fait aimer le jeu à nouveau"