Los Angeles Clippers, un impossible last shot ?

La fin de cycle approche pour les Clippers, contraints à l'exploit s'ils ne veulent pas être à nouveau à ranger au rayon des déceptions.

Los Angeles Clippers, un impossible last shot ?
C'était bien sympathique ce concept de "Lob City" quand même. Surtout sa version 2.0 une fois CP3 débarqué en ville. Un cocktail survitaminé de spectacle et d'efficacité sportive que la franchise la plus médiocre de la ligue n'avait jamais connu. Ça ne pouvait décemment pas échouer, qui plus est avec un coach aussi référencé que Doc Rivers. Voilà cinq ans que Chris Paul, Blake Griffin et DeAndre Jordan portent l'ambitieux projet de garnir le Staples Center de quelques bannières, notamment une avec la mention "World Champions". Chaque année ou presque, c'est la même rengaine. Sur le papier, les Californiens ont un effectif plus excitant et d'apparence compétitif que la plupart des 29 autres franchises NBA. On les croit capables de passer un cap pour avoir le droit de défier le champion de l'Est au mois de juin. Mais qu'il s'agisse de blessures, d'effondrements psychologiques ou simplement d'un niveau collectif inférieur à l'adversaire, le parcours s'achève invariablement par une sortie de route avant l'heure escomptée. Le comportement des uns et des autres - sur et en dehors du terrain - et l'absence de résultats probants (aucune finale de Conférence) ont pourtant fait des Los Angeles Clippers une équipe décevante, isolée et souvent même détestée par ses adversaires et une partie des observateurs. Les voilà aujourd'hui confrontés à un constat presque implacable : cette saison 2016-2017 est sans doute leur dernière chance de réussir quelque chose sous leur forme actuelle. On ne peut jamais vraiment présumer des intentions d'un joueur 7 ou 8 mois avant qu'il ne soit confronté à une décision importante pour sa carrière sur le plan contractuel. Mais le risque est évident de voir le noyau dur des Clippers se démanteler l'été prochain. Chris Paul et Blake Griffin ont tous les deux la possibilité de devenir free agents et Doc Rivers lui-même s'attend à ce que ses deux chefs de file testent le marché. Si la saison s'avère à nouveau décevante, il n'est pas complètement insensé d'imaginer Blake Griffin céder aux appels du pied du Thunder, la franchise de sa ville natale (il y a aussi fait son cursus universitaire), pour former un duo de choc avec Russell Westbrook. Dans le même ordre d'idées, et puisque le comeback est à la mode, pourquoi Chris Paul n'irait pas récupérer sa villa de New Orleans pour aider Anthony Davis à rendre les Pelicans compétitifs ? Ce ne sont que des spéculations, mais elles sont forcément présentes dans l'esprit de l'omnipotent Doc Rivers et le poussent à envisager cette saison comme une sorte de "last shot".

Surclassés par la concurrence au poste 3

Mais les Clippers, aussi bons soient-ils sur le papier avec un quatuor Paul-Redick-Griffin-Jordan expérimenté et complémentaire, ont-ils vraiment ce qu'il faut pour mettre un terme à la domination des Warriors et des Spurs à l'Ouest ? Sur les qualités athlétiques, la créativité et la détermination, c'est bien possible. Paul et Griffin sont, dans l'idée, deux des dix meilleurs basketteurs de la ligue, quelle que soit leur supposée à incapacité à porter la franchise aux nues. A l'intérieur, DeAndre Jordan a beaucoup progressé et son été avec Team USA l'a très certainement fait mûrir encore davantage. Au sein du backcourt, JJ Redick est l'une des gâchettes les plus régulières de la ligue et un élément dont beaucoup d'autres équipes aimeraient disposer. Ils feront tous leur saison (si Blake Griffin évite de se blesser en cognant des membres du staff et que CP3 prend sur lui pour tolérer les errements tactiques de Jordan...) et on n'imagine pas Los Angeles finir au-delà du top 4 à l'Ouest. En revanche, le bât blesse dangereusement au poste 3, un marronnier depuis le début de l'ère Rivers. C'est là que se trouve la clé du probable nouvel échec des Clippers dans leur quête du trophée Larry O'Brien. [caption id="attachment_296893" align="alignright" width="318"] Wesley Johnson au poste 3, ça fait quand même léger...[/caption] Si en saison régulière les Californiens peuvent très bien passer entre les gouttes et finir sur le podium sans "small forward" de haut niveau, il n'en est rien en playoffs. Quand vos rivaux vous opposent, selon les séquences de jeu, des types comme Kevin Durant, Kawhi Leonard ou Klay Thompson pour ne citer qu'eux, vous ne faites pas le poids avec les valeureux mais limités Luc Mbah-a-Moute et Wesley Johnson. Il y a quelques années, Paul Pierce, qui sera lui aussi candidat à du temps de jeu dans ce rôle, aurait pu être une solution viable. Mais à bientôt 39 ans, "The Truth" n'est plus capable de tenir ses cadets dans des duels à mort et dans des rencontres d'un tel standing. Rivers pourrait parfaitement décaler l'une de ses recrues estivales, Alan Anderson, au poste 3, mais il n'y a pas grand chose de très emballant dans cette perspective, l'ancien joueur des Raptors et des Nets affichant un pauvre 34.5% à 3 points similaire à celui de Johnson. Les meilleures équipes de la ligue rendront cette lacune criante en playoffs, où un élément faible offensivement (c'est aussi le cas en défense évidemment) est rapidement exploité par l'adversaire. OKC l'a vécu l'an dernier avec Andre Roberson sur la fin de la série culte contre les Warriors. En termes de production, Jamal Crawford et Austin Rivers pourront amener une contribution honnête en attaque par instants, mais le risque est élevé de voir ces choix là aussi punis par l'opposition. C'est là que l'on peut se demander si Doc Rivers, unanimement considéré comme l'une des pointures de la ligue en tant que coach, est un si bon General Manager que cela. Lors de la Draft, les Clippers disposaient des 25e, 39e et 40e choix. De quoi sélectionner au moins un joueur capable d'être une plus-value à l'aile. Plutôt que de se pencher sur le cas du Turc Furkan Korkmaz, de l'énergique Malcolm Brogdon ou de Patrick McCaw, LA a opté pour le poste 4 Brice Johnson, puis le meneur français David Michineau et le pivot Diamond Stone. Ces éléments s'avéreront peut-être doués en fin de compte, mais il est étonnant que Rivers n'ait pas cherché à dealer ses picks contre un poste 3 ou à directement en drafter un. On pourra difficilement blâmer les Clippers s'ils s'inclinent en finale de Conférence contre les clinquants Warriors ou les sur-expérimentés Spurs. Mais s'ils répètent le schéma devenu habituel et s'arrêtent en chemin, cette déficience leur sera rabâchée et provoquera, à coup presque sûr, la fin de cycle tant redoutée. Doc Rivers a encore quelques semaines pour tenter un coup ou trouver une formule qui rendrait son équipe injouable en dépit de ce problème. https://www.youtube.com/watch?v=OvUibopO-ow