Comment Lonzo Ball essaye de reprendre le contrôle de sa carrière

Longtemps coincé derrière l’image d’un papa exubérant et omniprésent, Lonzo Ball s’est détaché du cocon familial pour grandir en tant que joueur.

Comment Lonzo Ball essaye de reprendre le contrôle de sa carrière
Il fallait voir LaVar Ball débarquer. Riant jusqu’aux oreilles, gesticulant dans tous les sens et tapant dans ses mains. Comme un père de famille bourré au mariage de sa fille. Derrière lui, son aîné, Lonzo Ball, un léger sourire en coin. Discret. Ce jour-là, les deux hommes étaient les invités d’une émission de télé. La carrière du prodige d’UCLA n’avait pas encore commencé mais le gamin était déjà attendu de pied ferme en NBA. La faute à son provocateur de papa, déterminé à crier haut et fort que son fiston jouait mieux au basket que le double-MVP Stephen Curry. Cette image, cette entrée sur le plateau TV, elle résume le parcours de Zo jusqu’à présent : dans l’ombre de son paternel. Victime de ses frasques, de ses exubérances et de ses déclarations avec une « hype » injuste qui le dessert. Mais ça, c’est fini. Transféré de Los Angeles, sa ville natale, à New Orleans l’été dernier – les Pelicans le voulaient absolument en l’échange d’Anthony Davis – le meneur a pris du recul. Avec son père, notamment. Le business familial Big Baller Brand a sombré. Ball est depuis chez Nike. Il est lui-même devenu papa d’une petite fille. Et pour vraiment couper le cordon pour de bon, il a décidé de s’engager au sein de l’écurie Klutch Sports, qui compte notamment son ancien coéquipier LeBron James. Le voilà maintenant représenté par Rich Paul, l’agent le plus puissant du circuit.

« Je voulais prendre ma carrière en main », avoue le joueur de 22 ans. « La première étape de ce processus était de choisir moi-même mon agent. Mon père m’a mis en bonne position pour prendre mes propres décisions. Il contrôlait tout au début de ma carrière. Mais j’avais 18 ou 19 ans. Maintenant j’ai ma propre famille. Il était temps que je prenne mon envol. »

Sorti de son confort, Lonzo Ball peut enfin grandir. En tant qu’homme. Et donc en tant que joueur. S’il n’a toujours pas passé un vrai cap, parfois la faute à des blessures, parfois la faute à des lacunes récurrentes, sa progression est tout de même visible. S’il a déçu dans la bulle, le maître à jouer des Pelicans restaient sur des performances assez solides pendant la saison régulière. Presque 12 points de moyenne, mais aussi 6 rebonds et 7 passes. Ainsi qu’une complicité très intéressante avec Zion Williamson. Les deux jeunes joueurs ont développé une alchimie qui s’illustre par leurs nombreux alley-oops chaque soir. Lonzo, enfin un « Baller » Son évolution aux tirs est même assez marquante. Saviez-vous par exemple que Ball a marqué plus de trois-points, et avec un meilleur pourcentage, que Devin Booker cette saison ? 148 paniers primés à 37%. Il n’a évidemment pas le même impact que la star des Suns. Mais c’est encourageant. Il lui manque un peu de punch dans le drive pour vraiment faire des différences en attaque. Mais avec plus de maturité, plus de sérénité, l’ancien deuxième choix de draft pourrait enfin décoller.

« Je pense que je peux être élu MIP l’an prochain », assure-t-il, confiant.

Il succéderait alors à son coéquipier Brandon Ingram, expédié de L.A. à NO lui aussi, devenu All-Star en 2020. Damian Lillard a d’ailleurs récemment milité en faveur de Lonzo Ball en le nommant parmi les joueurs à suivre pour la saison prochaine. Son frère, LaMelo Ball, pressenti comme pour être drafté dans le top-5 dans quelques semaines, sera lui en lice pour le trophée de ROY. Au plus grand plaisir de LaVar, qui prédisait que ses trois garçons jouaient en NBA (LiAngelo Ball, le cadet, en semble loin). Et même s’il est moins mis en lumière, hors de question pour lui de changer.

« Tout ce que je peux faire en tant que père, c’est de le [Lonzo] guider. Je ne vais pas assumer un rôle réduit. Je vais continuer à être son père. »

Malgré tout, après un an et demi de disputes, Lonzo Ball s’est réconcilié avec le padré. Ils se parleraient même tous les jours. Mais sa carrière est maintenant entre de bonnes mains. Les siennes. Et celles de Rich Paul, donc.