Les stars qui demandent leur transfert, est-ce vraiment une bonne chose ?

De Kawhi Leonard à Anthony Davis, en passant par Kyrie Irving, Paul George ou Jimmy Butler, de nombreux All-Stars ont forcé leur départ depuis quelques années.

Les stars qui demandent leur transfert, est-ce vraiment une bonne chose ?
La ligue appartient aux joueurs. On l’entend tout le temps. Le mot est tellement monté à la tête qu’un mouvement s’est lancé pour que ces derniers « prennent le contrôle » de leur carrière. Une vraie lutte de pouvoir avec des propriétaires vieux et riches. Le « Player empowerment » en VO. L’idée est noble à la base : les patrons des franchises gagnent des millions et des millions sur le dos des athlètes, dont les salaires ne reflètent finalement pas tout ce qu’ils rapportent à leurs employeurs et ce même en étant payé des sommes astronomiques. Si James Dolan vend les New York Knicks demain, combien va-t-il toucher ? 3 ou 4 milliards ? C’est dire. Mais à force de vouloir prendre en main leur destin, les stars NBA vont peut-être parfois trop loin. Enfin, ça se discute. C’est justement le thème d’un passage du podcast de The Ringer avec Bill Simmons. L’extrait est vraiment intéressant alors nous avons souhaité vous le partager. https://twitter.com/ringer/status/1097604516445184000

« - Bill Simmons : J’ai juste le sentiment que si quelqu’un vous paye, vous devriez travailler. (…) Vous signez un nouveau contrat au maximum et au bout de trois ans et demi vous décidez que vous n’avez plus vraiment envie d’être ici et que vous préféreriez être dans cette autre situation là-bas. Et du coup, vous êtes juste là ‘OK, je m’en vais’. »

« - Ryen Russillo : Je n’aime pas ça non plus. Et je trouve ça ridicule le nombre de fois où les gens disent que c’est bien pour le joueur. ‘Le joueur prend le pouvoir, prenez le contrôle de votre carrière.’ Je lutte contre les médias qui disent ça. Combien de superstars ont été mécontentes ? LeBron a été mécontent, Durant est toujours malheureux, Kyrie est malheureux. Kawhi a refusé de jouer l’an dernier. Kawhi a abandonné pendant un an et tout le monde a passé l’éponge. Imaginez si LeBron avait fait ça, ça aurait été incroyable. Je n’arrive toujours pas à croire qu’on a laissé faire Kawhi qui a fait une saison blanche juste parce qu’il était vexé. »

« - BS : On a des gars qui veulent le max mais décident ensuite s’ils veulent jouer pour leur salaire ou non. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là. »

« - RR : On pourrait prendre les 15 meilleurs joueurs de la ligue et se dire que la moitié d’entre eux a été à un moment tellement en colère qu’ils ont forcé leur départ. Certains aimeraient être en colère contre LeBron mais au moins il part en étant free agent. On peut ne pas aimer ce système où il prenait constamment un contrat d’un an sans s’engager au-delà mais au moins il ne signait pas un deal pour demander à être transférer quelque part ensuite. »

Il y a plein, plein, plein de points intéressants dans cet échange. Déjà prenons l’exemple de Kawhi Leonard. La façon dont il joue cette saison laisse effectivement de plus en plus penser qu’il est finalement remis de sa blessure aux quadriceps depuis un bon moment. D’ailleurs, les médecins des San Antonio Spurs l’avaient déclaré apte en cours de saison dernière ! Mais lui assurait qu’il n’était pas prêt. Peut-être qu’il n’avait juste pas envie de jouer, parce qu’il ne voulait tout simplement plus jouer pour les éperons. Est-ce vraiment un comportement que l’on veut accepter ? On peut penser qu’Anthony Davis a peut-être joué son dernier match avec New Orleans. Il a demandé son transfert au beau milieu de la saison. Et c’est là où on en vient à un autre thème avancé : pourquoi ces gars-là ne prennent pas des contrats plus courts ? La réponse est logique, ils veulent toucher le maximum d’argent garanti. Et ça se comprend aussi ! Mais c’est devenu une tradition récente de demander à se barrer six mois ou un an, voire un an et demi, avant l’expiration du contrat sous prétexte que la situation ne plaît plus. L’exemple de LeBron James est pertinent. Il ne prenait que des deals d’un an (avec option) qui mettaient la pression sur sa franchise. C’est peut-être ça, avoir le contrôle ! Sans s’engager sur le long terme, il gardait un certain pouvoir sur ses employeurs. Ce n’était sans doute pas idéal pour les Cavaliers. Mais ça évitait tout le drama autour d’une demande de transfert – même si James et drama dont de toute façon la paire. Les joueurs se défendent en pointant du doigt les agissements des franchises. Les transferts du jour au lendemain, les licenciements soudains, etc. Ils n’ont pas tort. Mais seuls les meilleurs de cette ligue peuvent aller au bras-de-fer et réclamer leur transfert. Et au final, ce sont tous les autres qui subissent les vrais dommages collatéraux – transferts incessants et autres – sans avoir le moindre vrai pouvoir sur leur équipe.