Est-il humainement possible de détester les Warriors ?
Pas facile, à moins d'être fan des Celtics, de se réjouir d'une éventuelle défaite de Golden State dans ces Finales NBA. Pratiquement tous les membres de cette franchise, devenue dynastie, donnent envie de les soutenir :
- Stephen Curry est un family guy brillant, humble et monstrueusement doué au basket, un sport dont il a modifié l'approche pour des millions de personnes.
- Steve Kerr a une histoire personnelle et des convictions, aussi bien sportives que politiques, inspirantes.
- Klay Thompson a tellement galéré que l'imaginer soulever le trophée Larry O'Brien après deux ans hors des terrains serait une belle histoire.
- Même Draymond Green, dont la personnalité est plutôt clivante - euphémisme - est le joueur en activité le plus intéressant à écouter lorsqu'il parle de basket.
- Gary Payton et sa belle gestion du lourd poids de son nom, Jordan Poole en train de devenir un Splash Brother alors que très peu de gens misaient sur lui, Andrew Wiggins devenu la meilleure version de lui-même, etc...
MAIS, si vous voulez trouver quelques raisons de ne pas aimer les Warriors et de souhaiter leur défaite, c'est toujours possible. Golden State, ça reste l'équipe de la Silicon Valley, de l'ultra-tech et d'une certaine forme d'arrogance à vouloir imposer son business model au monde entier. Joe Lacob, le boss de la franchise, aime rappeler qu'il a "des années-lumière d'avance" sur le reste de la NBA et qu'il trouve normal d'être présent en Finales NBA presque à chaque fois ces 8 dernières années. Si vous êtes plus "blue collar", sueur et fighting spirit, vous pouvez vous ranger du côté de Boston et applaudirez frénétiquement si les Dubs se plantent.
Si Al Horford gagne, peut-il aller au Hall of Fame ?
On n'aurait jamais osé se poser cette question il n'y a pas si longtemps, mais imaginez deux secondes que les Celtics remportent le titre avec un Horford au même niveau que ce qu'il montre depuis le début de ces playoffs ? On parlera alors d'un joueur-clé dans l'obtention d'un titre NBA, mais aussi d'un quintuple All-Star, d'un double champion NCAA et d'un joueur pas si loin d'un double-double de moyenne en carrière. On aurait déjà vu des membres moins accomplis, non ? On adorait voir jouer Mitch Richmond, mais mérite-t-il plus qu'un Al Horford avec une bague ?
Jimmy Butler est un tueur quand même/ Preview Celtics-Warriors
Stephen Curry a-t-il plus envie de jouer au golf que de disputer ces Finales ?
Ne comptez pas sur Stephen Curry pour se mettre en stress total et rester enfermé dans sa bulle avant ces Finales. Le meneur des Warriors est détendu et compte le rester tout au long de la série, vraisemblablement en allant taper la balle de golf entre deux matches pour s'aérer l'esprit. Peut-être a-t-il dans l'idée de faire une Jordan 86, avec un match à 63 points contre les Celtics quelques heures après s'être saigné sur le green avec Danny Ainge ?
Steph Curry regripping his golf clubs ahead of the NBA Finals ➡️ Priorities. 😂 pic.twitter.com/ddtFpavCst
— Caddie Network (@CaddieNetwork) May 31, 2022
Si Stephen Curry n'est pas MVP de ces Finales, est-ce une catastrophe pour sa legacy ?
Non. L'intérêt des trophées individuels de ce type, c'est qu'ils servent un peu de photographie d'une année ou d'une époque, pour permettre à ceux qui ne l'ont pas vécue d'avoir quelques repères. Pour certains joueurs, finir une carrière aussi brillante sans titre de MVP des Finales serait sans doute problématique. Sauf que les joueurs en question n'ont pas l'aura et la popularité dont bénéficiera à coup sûr Stephen Curry même dans 30 ou 40 ans.
La littérature et les vidéos sauront mettre en avant son impact culturel et la manière dont il a changé le jeu. Curry aura joué à une époque où tout était filmé et tout le monde sera capable de comprendre quel monstre il a été, indépendamment de ce trophée de MVP des Finales. Même si sa carrière s'arrêtait aujourd'hui, sans titre supplémentaire, ni MVP de plus, il en a assez fait pour être dans le top des joueurs All-Time. Que ce soit dans le top 10, 20, 30 ou même 50, chacun aura son avis sur la question et c'est une autre histoire.
Jayson Tatum doit-il invoquer l'esprit de Kobe Bryant ?
On le sait, Jayson Tatum avait développé une relation forte avec Kobe Bryant et travaillait avec l'été jusqu'à sa tragique disparition. Depuis, il revendique autant que possible l'héritage du Black Mamba, son joueur préféré, et a même porté un brassard floqué du numéro 24 lors du game 7 contre Miami. Paradoxalement, Tatum doit éviter de trop emprunter à l'héritage de Kobe, en tout cas dans sa dimension hero ball.
Les fois où l'ailier des Celtics a insisté sur l'isolation et été moins playmaker que scoreur pur, ça a souvent joué en défaveur de son équipe. En revanche, le registre de two-way player qu'il déploie depuis le début de l'année et qu'il a transporté jusqu'en playoffs a peut-être quelque chose à voir avec le joueur qu'était Kobe. Dans tous les cas, ces Finales doivent permettre à Jayson Tatum de devenir... Jayson Tatum. Pas l'héritier de qui que ce soit, même s'il est possible que l'hologramme de Kobe soit assis sur le banc des Celtics pour l'encourager, à la manière des grands Jedi disparus dans Star Wars.
Les blessures, facteur X des Finales Warriors-Celtics ?
Robert "TimeLord" Williams arrivera-t-il à l'heure au game 1 ?
C'est probable. Les petits soucis de réveil et de ponctualité de l'intérieur des Celtics qui lui ont valu son surnom sont derrière lui. Attention tout de même aux pauses WC un peu trop longues, comme celle qui l'a poussé à démarrer la deuxième mi-temps du game 3 contre Miami sur le banc, d'après Grant Williams. Mais peut-on vraiment faire confiance à un type qui veut absolument se faire surnommer "Batman" parce qu'il a verrouillé Nikola Jokic une fois dans sa vie ?
Gregg Popovich gagnant à tous les coups ?
Oui. Que ce soit Steve Kerr, son ancien joueur chez les Spurs, mais aussi assistant et successeur sur le banc de Team USA, ou Ime Udoka, avec lequel il a collaboré pendant 7 ans à San Antonio, Gregg Popovich verra l'un de ses nombreux padawans en NBA être couronné. Comme l'an dernier lorsque Mike Budenholzer et Monty Williams se sont affrontés, d'ailleurs.
Les Warriors sont-ils invincible à domicile ?
A l'heure qu'il est, on dirait bien que oui... Être invaincu à domicile quand on s'apprête à disputer des Finales NBA avec l'avantage du terrain, c'est plutôt un paramètre sympathique. Les Warriors ont disputé 9 rencontres au Chase Center dans ces playoffs, face à Denver, Memphis et Dallas. Aucune de ces trois équipes n'est parvenue à s'imposer en terre californienne.
Néanmoins, Boston est déjà reparti de San Francisco avec une victoire cette saison. Le 17 mars dernier, les joueurs d'Ime Udoka avaient largement dominé Golden State (110-88), avec 26 points de Jayson Tatum notamment. C'est lors de ce match que Marcus Smart avait provoqué la blessure au pied de Stephen Curry en disputant un ballon de manière un peu intense, ce qui est un pléonasme pour l'ami Marcus...
Tatum et Brown peuvent-ils être moins brouillons ?
On parle souvent de la tendance que peuvent avoir les Warriors à se relâcher et à perdre beaucoup de ballons. Attention tout de même du côté des Celtics, puisque c'est aussi un problème, particulièrement chez le tandem Tatum-Brown. Aussi magnifique soit-il depuis le début des playoffs, Jayson Tatum a perdu 77 ballons en 18 matches (4.3 par match). C'est 18 de plus que le deuxième plus gros cafouilleur de ballons sur la même période. Jaylen Brown tourne lui à trois ballons perdus par match. Contre certaines équipes, ce n'est pas ultra-pénalisant. Face à des Warriors en jambes, c'est une sentence de peine de mort.
Jordan Poole, MVP surprise des Finales ?
Le Splash Nephew fait une saison phénoménale avec les Warriors, qu'il soit dans le cinq ou en sortie de banc. Il existe un scénario où Stephen Curry et Klay Thompson sont gênés et pas forcément adroits et productifs tout au long de la série, mais relayés par la patte folle de l'ancien de Michigan. Poole est tout à fait capable de tourner à 25 points par match sur 5 ou 6 rencontres. Et ce ne serait pas la première fois qu'un joueur inattendu et pas toujours titulaire rafle la mise sous le maillot des Warriors...
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