On a classé à peu près chronologiquement les événements les plus marquants de l'année 2023 de basket, majoritairement en NBA bien entendu. Il y a de l'agréable et... du moins agréable.
Les matches à 71 pts de Mitchell et Lillard
Depuis Devin Booker en 2017, plus personne en NBA n’avait atteint la barre des 70 points sur un match. En un mois et demi, deux stars de la ligue y sont parvenues. Le 2 janvier, c’est Donovan Mitchel qui claque une performance à 71 points, 11 passes et 8 rebonds lors d’une victoire contre les Bulls. Le 26 février, les Blazers atomisent les Rockets avec 71 points, 6 passes et 7 rebonds. Deux performances incroyables qui n’empêcheront pas Spida de sortir au 1er tour des playoffs avec Cleveland, et à Dame de demander son trade après 11 ans de bons et loyaux services le 2 juillet.
LeBron devient le meilleur marqueur All-Time
Le 7 février 2023, lors d’une défaite à la maison face à OKC, LeBron James est devenu le meilleur marqueur de l’histoire de la NBA en saison régulière (il l’était déjà en combinant SR et playoffs) grâce à son 38 388e point. En plein match, lors d’un temps mort à 10 secondes de la fin du 3e quart-temps, le King s’est vu remettre le ballon du jour par Kareem Abdul-Jabbar lui-même, après quelques années de tensions entre les deux hommes. Un accomplissement qui semblait hors d’atteinte lorsque LeBron est arrivé en NBA en 2003, 20 ans plus tôt, preuve de l’incroyable longévité et régularité du Chosen One, qui sera à son tour bien difficile à détrôner.
Le premier MVP de Joel Embiid
Deux fois deuxième derrière Nikola Jokic en 2021 et 2022, Joel Embiid courait quoi qu’il en dise après le titre de MVP. C’était devenu une frustration et le Camerounais vivait cela comme un manque de reconnaissance. Comme par enchantement, l’année où il aura le moins parlé de la distinction et où il sera resté le plus focus sur ses performances et celles des Sixers, est celle qui l’a vu remporter le trophée. Le 2 mai 2023, Embiid est devenu le deuxième MVP né en Afrique de l’histoire de la NBA après Hakeem Olajuwon et le cinquième Sixer après Wilt Chamberlain, Julius Erving, Moses Malone et Allen Iverson. Le futur international américain (grrr) va désormais pouvoir passer à autre chose se consacrer à sa mission ultime : remporter un titre de champion NBA.
Wembanyama, prince de France
Avant de se rendre en NBA pour devenir le premier n°1 de Draft de l’histoire du basket français, Victor Wembanyama a voulu montrer qu’il pouvait être prophète en son pays. Le 19 mai 2023, “Wemby” a tout raflé lors des Trophées de Betclic Elite : MVP de la saison, meilleur scoreur, meilleur défenseur, meilleur contreur, meilleur espoir et membre du meilleur cinq de la saison. Le tout à 19 ans et au milieu d’une campagne qui l’aura vu guider les Mets jusqu’en finale contre Monaco. Tout simplement exceptionnel.
La retraite de Carmelo Anthony
Quelques semaines après l’entrée dans l’histoire de son ami LeBron, Carmelo Anthony a annoncé ce que l’on pressentait depuis plusieurs mois déjà : sa retraite après 19 saisons en NBA, 10 sélections au All-Star Game, 6 présences dans une All-NBA Team et une place dans la liste des 75 meilleurs joueurs de tous les temps en NBA. “Melo” n’aura jamais disputé de Finales NBA, mais il est parvenu à devenir un joueur emblématique de sa génération, en même temps qu’une légende de Team USA. Bon vent l’artiste !
Le parcours du Miami Heat
C'est à l'issue de la saison en cours, avec un poil plus de recul, que l'on saura peut-être si la campagne de Miami était plus le fruit d'un immense concours de circonstances sublimées par un collectif abouti et une superstar extraordinaire ou si c'était finalement complètement logique de retrouver cette équipe aussi loin dans la compétition. Tout dépend du point de vue. D'un côté, le Heat est devenu la deuxième franchise de l'Histoire à atteindre les finales NBA en terminant huitième de sa Conférence. Les équipes aussi mal classées ne sont pas vouées à jouer les premiers rôles. De l'autre, ce même groupe - ou presque - avait déjà atteint le dernier round en 2020, ne passant pas si loin du sacre, et aurait même pu jouer une autre finale si le tir à trois-points de Jimmy Butler avait trouvé sa cible lors du Game 7 des finales de Conférence Est 2022.
Bref, en 2023, il y a eu une anomalie du côté du club floridien. Reste à déterminer s'il s'agit de la saison régulière ratée ou des playoffs incroyables. En tout cas, les résultats restent les mêmes : Miami n'a pas volé sa place. Qualifié de justesse en se réveillant sur le tard lors de l'ultime match de play-in contre Chicago, le Heat a ensuite éliminé coup sur coup les Bucks (privés en partie, c'est vrai, de Giannis Antetokounmpo), les Knicks puis les Celtics.
Milwaukee et Boston étaient pourtant considérés comme les (très) grands favoris à l'Est et tout le monde attendait leurs retrouvailles au sommet. Erik Spoelstra, Bam Adebayo, Butler et leurs coéquipiers sont venus jouer les trouble-fête.
D'ailleurs, ce parcours mémorable, c'est aussi celui des Gabe Vincent, des Max Strus, etc. Des joueurs dont on se demande parfois s'ils auraient eu le même impact en dehors du système de South Beach. 2024 nous apportera peut-être des réponses. Mais en 2023, Miami a vraiment frappé fort.
Le sacre des Nuggets et de Jokic
La NBA a un nouveau shérif. Et c'est un gros Babar au jeu atypique. Ses premiers mots après avoir mené les Denver Nuggets au premier titre de leur Histoire ? "Boulot accompli, on peut enfin rentrer à la maison." Autrement dit, chez lui, en Serbie, où Nikola Jokic peut enfin se consacrer à son autre grande passion : ses chevaux.
Mais ne nous y trompons pas, le pivot est de la race des plus grands de son sport et il a le même feu en lui que les autres légendes qui ont marqué la ligue depuis des décennies. Son talent a parfois été sous-estimé - ça paraît dingue vu le niveau du bonhomme - et il n'a pas reçu de troisième MVP de suite sous prétexte que ça le ferait rentrer trop haut dans la catégorie des plus grands joueurs de tous les temps pour un type qui n'avait pas (encore) marqué les playoffs de son empreinte.
Ce n'était qu'une question de temps. Jokic a mis tout le monde d'accord à l'issue d'un printemps encore plus époustouflant que sa saison régulière. 26-12-9 pour se mettre en jambes contre les Wolves. Un triple-double de moyenne lors d'une série fantastique contre les Suns (34-13-10). Une domination totale contre les Lakers malgré Anthony Davis puis une finale complètement maîtrisée et bouclée en 30-14-7 contre le Heat.
Un jour, les fans de basket se repencheront sur cette campagne du "Joker" et réaliseront qu'il s'agit de l'une des plus exceptionnelles de l'histoire du basket. Aucune équipe n'a trouvé de solution pour l'arrêter en 2023. Et il est possible que ce soit à nouveau le cas en 2024.
La Draft de Victor Wembanyama
Quelques mois avant que Tony Parker ne rejoigne ses anciens camarades des Spurs au Hall of Fame, un événement que l’on n’aurait pas non plus cru possible il y a ne serait-ce que 10 ans, s’est produit. Un Français a été sélectionné en première position de la Draft. Certes, on a eu un peu de temps pour s’y préparer vu la hype autour de Victor Wembanyama et sa médiatisation, mais ça n’en reste pas moins incroyable quand on repense là aussi au caractère invraisemblable de cette situation à une autre époque. Drafter un Européen tout court était considéré comme un énorme risque il y a 15 ou 20 ans. Alors miser l’avenir de la franchise sur lui… Le 22 juin 2023, Victor Wembanyama est monté sur la scène du Barclays Center pour serrer la pince d’Adam Silver et marquer l’histoire du sport français. A lui, maintenant, de montrer qu’il peut laisser une trace bien plus importante encore désormais.
Jaylen Brown signe le plus gros contrat de l’histoire
Le 26 juillet, après plusieurs mois d’interrogation et de doutes, les Celtics offrent à Jaylen Brown, l’un de leurs joueurs majeurs depuis sa Draft en 2016, une prolongation de contrat de cinq ans pour 304 millions de dollars, effaçant des tablettes le précédent deal record qui appartenait à Nikola Jokic (276 millions). Brown sera probablement dépassé prochainement, mais voir un contrat dépasser la barre symbolique des 300 millions méritait d’être mentionné dans les événements de l’année.
Britney Spears giflée en voulant approcher Wembanyama
Le 7 juillet 2023, Victor Wembanyama comprend le cirque médiatique dans lequel il vient d’entrer et qui risque de devenir son quotidien jusqu’à la fin de sa carrière. Il avait déjà pu avoir un avant-goût avec l’accueil réservé par les fans à sa descente de l’avion à New York pour la Draft, mais ce qu’il a constaté lors de la Summer League de Las Vegas est plus proche du Kamoulox que d’un récit crédible. Imaginez si à la fin des années 90 et au début des années 2000, alors qu’elle était l’une des personnes les plus célèbres de la planète et une icône de la pop, on vous avait annoncé que Britney Spears ferait des pieds et des mains dans le hall d’un hôtel de Vegas pour approcher un jeune basketteur français. Et imaginez qu’on ait précisé qu’en tentant de le toucher au milieu d’une foule, elle se serait fait gifler par un membre de la sécurité du joueur en question ? Cet incident improbable, finalement un peu tombé dans l’oubli, est bien arrivé.
Sabrina Ionescu explose le concours à 3 pts
Le 16 juillet, lors du All-Star Game de la WNBA, Sabrina Ionescu, la meneuse du New York Liberty, était au coeur de l’actualité basket. Non contente de remporter le concours à 3 points, Ionescu a fait exploser les compteurs en marquant 37 points sur 40 possibles, reléguant aux oubliettes les records NBA de Stephen Curry et Tyrese Haliburton (31). Ionescu a rentré 25 de ses 27 tirs pour une démonstration saisissante.
TP au Hall of Fame
On savait que ça allait arriver, mais il faut quand même se rendre compte de la portée et de la signification de l’entrée de Tony Parker au Hall of Fame. En NBA, être invité au Panthéon de Springfield est quasiment ce qu’il y a de plus prestigieux pour un athlète américain. Alors pour un Français… Il faut se souvenir du chemin parcouru entre les premiers pas d’un tricolore en NBA, Tariq Abdul-Wahad, et ce 12 août 2023, où TP est devenu un immortel du basket. Aujourd’hui, qu’un Français soit n°1 de Draft n’est même plus si surprenant, là où cela paraissait totalement invraisemblable lorsque le meneur des Spurs a débarqué en NBA. On s’est parfois un peu moqué de ses phases d’entrepreneur sur LinkedIn en mode “si quand tu dis ton rêve à quelqu’un il ne te rigole pas au nez, c’est que tu ne rêves pas assez grand”, mais il faut reconnaître qu’on aurait pris TP pour un fou s’il avait énoncé cet objectif du Hall of Fame lorsqu’il évoluait à l’INSEP ou à Paris. Rien que pour cette confiance et cette assurance, il mérite bien d’être considéré comme l’un des plus grands de l’histoire du sport français.
Son speech sur la scène de Springfield, avec un hommage à sa famille et à ceux qui lui ont permis d’atteindre l’excellence ultime, vaut le détour si vous êtes passé à côté.
Le fiasco des Bleus au Mondial
Les moments importants d’une année ne sont pas forcément toujours des bons souvenirs. On aurait aimé parler d’autre chose concernant les Bleus, mais le fait est que cette FIBA Wolrd Cup est probablement le moment qui a suscité le plus d’émotions - et vraiment pas les meilleures - pour les fans français de basket-ball. Cette équipe de France débarquait pleine d’ambitions et rêvait publiquement d’or. Et c’est probablement parce qu’elle en avait sur le papier les moyens que le crash a été aussi violent à observer.
Un crash en deux temps. D’abord, une branlée monumentale face au Canada, qui a roulé sur des Bleus qui n’ont pas donné l’impression de revenir du vestiaire après la mi-temps. De 43-40, le score est passé à 95-65. Trop gros, presque, pour perdre totalement son optimisme pour la suite. Après tout, ça semblait peu probable qu’on réédite une telle prestation. Impossible que le ballon circule aussi peu que contre le Canada, qu’il n’arrive quasiment que dans les mains de Fournier, que les intérieurs ne voient à nouveau plus un ballon alors qu’un Lessort dominait en première mi-temps. Impossible que notre équipe, réputée depuis des années pour sa défense physique et intraitable, se laisse encore une fois marcher dessus. Impossible qu’elle continue à se voir si forte sans mettre le bleu de chauffe.
Et pourtant… On y a cru, certes, quand cette fois-ci, nos Bleus sont revenus des vestiaires dans d’excellentes dispositions. Et puis, à +12, tout s’est délité. Des balles perdues, l’expulsion de De Colo, la fébrilité d’une équipe qui n’avait plus aucune certitude. Plus de certitude, mais pas mal d’excuses une fois le fiasco entériné (86-88). L’absence de Thomas Heurtel, les arbitres nuls à chier qui ont expulsé Nando, la préparation, Tom Thibodeau… Espérons juste que la remise en cause que certains joueurs ont opérée par la suite et surtout celle - trop timide ? - de la Fédé quelques semaines plus tard ne soient pas de façade. Ecrire dans un an le même genre de paragraphes dans les moments de 2024 serait d’une immense tristesse. Au moins, avec 12 engagés aux JO, on ne finira pas 18ème…
Les "Au fait, ils deviennent quoi ?" de 2023
La saga Harden
Le 5 avril 2023, James Harden est devenu le quatrième arrière dans l’histoire de la NBA à compiler au moins 10 matches de playoffs à 40 points, grâce à une performance XXL face à Boston. Il s’agit du dernier moment de félicité de l’ancien MVP sous le maillot des Sixers. Après avoir activé son option pour une saison à 35 millions et déjà montré quelques signes d’agacement, Harden demande son trade pour la troisième fois en moins de trois ans. Le 14 août, alors en déplacement promotionnel en Chine, il balance ces mots qui feront le tour de la planète basket. On a beau vérifier, il n’y a pas de trucage. James Harden dit au micro : “Daryl Morey est un menteur et je ne jouerai plus jamais pour une franchise dont il fait partie”. Après une guerre des nerfs et un bras de fer entre Morey et lui, c’est bien le “Bearded One” qui obtient gain de cause et est tradé aux Clippers le 1er novembre. James Harden nous aura bien fatigués et on espère maintenant le voir justifier ce nouveau changement d’humeur sous le maillot des Clippers en 2024.
La NBA Cup
Quand on a appris la tenue d’un tournoi en pleine saison, avec un Final Four à Vegas et des règles un peu floues, on a été beaucoup à se dire que la NBA fonçait vers un retentissant échec. Tout n’a pas été parfait dans la NBA Cup, mais la ligue a réussi à en faire un événement de la fin d’année 2023 (du 3 novembre au 9 décembre), avec des parquets personnalisés, tantôt cool, tantôt dangereux pour les épileptiques, mais aussi des scénarios intéressants sur des fins de matches, là où on se serait dirigé vers du garbage time en temps normal. Le format à élimination directe à partir des quarts, la motivation de certaines équipes comme Indiana et la victoire finale de LeBron James et des Lakers ont été de bonnes pubs pour cette Cup à laquelle il faudrait maintenant trouver un nom un peu plus pimpant. Histoire d’éviter que la moitié des gens continuent d’appeler ça le “play-in tournament”, par exemple…