Les premiers coupables ? Les Clippers eux-mêmes
[caption id="attachment_264503" align="alignleft" width="318"] Blake Griffin : "On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes."[/caption] Estimer que les Clippers n’ont pas évolué revient pour certains à évoquer une pseudo-malédiction qui frapperait l’organisation. Une fois collées, les étiquettes sont difficiles à enlever et les Angelenos traînent une trentaine d’années de désillusions, de saisons calamiteuses, de mauvais choix de draft, de coups du sort, de décisions catastrophiques et de scandales racistes derrière eux.« Quand je suis arrivé aux Clippers, on peut dire qu’il y avait une malédiction. Les entraînements n’étaient pas concluants, les drafts n’apportaient pas grand-chose… Ils ne faisaient donc pas les playoffs. A ce moment, personne n’imaginait nous voir passer un tour de playoffs », raconte Blake Griffin, drafté en première position par Los Angeles en 2009. « C’est décevant mais on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes (pour expliquer cette nouvelle désillusion). »Griffin marque un point. Il ne s’agit pas de minimiser la victoire des Houston Rockets, héroïques, prévisibles mais très bien organisés et déterminés. Les Texans ont montré plus de cœur et plus d’envie alors qu’ils étaient pourtant menés 1-3. Les Clippers ont fait preuve de suffisance. Ils nous avaient pourtant donné envie d’y croire. En éliminant les San Antonio Spurs au terme d’une septième manche épique, les Californiens ont démontré qu’ils étaient eux aussi capables d’affronter l’adversité et d’en sortir vainqueurs. Ils ont donné l’impression d’avoir franchi un cap. Ils ont gagné la première manche contre Houston sans Chris Paul, blessé, et avec la manière (+ 16). Ils ont remporté les Games 3 et 4 avec respectivement 25 et 33 points d’écart. Ils menaient de 19 points dans le quatrième QT du Game 5. Et puis, plus rien. La chute libre.
[superquote pos="d"]"On a mis trop de temps à redescendre sur terre après SA. On n'a fait marche arrière plutôt que d'aller de l'avant." Doc Rivers Coach[/superquote]« On a mis trop de temps à redescendre sur terre après notre victoire contre les Spurs. J’ai le sentiment que l’on a pas abordé la série contre Houston avec la même concentration que celle contre San Antonio », avoue Doc Rivers. « Même à 3-1, je n’avais pas cette impression. On a fait marche arrière plutôt que d’aller de l’avant. Une fois que l’on a commencé à dégringoler, on n’a rien su faire. On n’a mal joué lors du Game 5. C’est comme si tout était déjà fait pour nous alors que je n’arrêtais pas de répéter aux gars qu’il nous restait qu’un seul match à domicile. Ils étaient un peu trop confiants et ensuite il y a eu la débâcle lors du Game 6… »[caption id="attachment_268387" align="alignleft" width="318"] Le comeback des Rockets dans le Game 6 a été fatal aux Clippers.[/caption] Les Clippers n’ont pas seulement été battus, ils ont donné le bâton pour se faire battre de la plus humiliante des manières. Leur qualification était presque assurée quand Kevin McHale a laissé James Harden sur le banc dans les dernières minutes du Game 6. Les joueurs de Doc Rivers se sont relâchés et ils n’ont jamais su relancer la machine. Le momentum avait changé de camp. Boostés par cette victoire inespérée, les Rockets sont devenus la neuvième équipe de l’histoire à remporter une série de playoffs au meilleur des sept matches après avoir été menée 1-3. Quant aux Clippers, ils sont retombés dans leurs travers au plus mauvais moment.
« Je n’aime pas rapporter la mort au sport mais cela résonne comme des funérailles », confie J.J. Redick. « On a eu trois opportunités de se qualifier et on a échoué », ajoute Jamal Crawford.Les mauvais côtés de cette équipe, tous ceux pour quoi elle a été critiquée pendant plusieurs saisons, sont ressortis lors de ce désormais fameux Game 7. Les Clips ont mal défendu. Par déduction, ils ont encore une fois été trop dépendants de leur réussite en attaque et pire encore, trop dépendants des performances de leurs deux cyborgs, Chris Paul et Blake Griffin. Les deux superstars étaient une nouvelle fois trop esseulées, abandonnées par des role player en-dedans et un banc inexistant. C’est pour ces mêmes raisons que nous avions prédit en janvier dernier que la franchise de L.A. ne serait pas sacrée championne NBA. Les soldats de Doc Rivers ont été tout près nous faire manger notre papier. Mais comme l’a si bien rappelé Chris Paul « être tout près ne signifie pas grand-chose ». Les Clippers ont été limités à 100 points à 44% aux tirs et 25% à trois-points alors qu’ils étaient étincelants en attaque depuis le début des playoffs. Ils ont encaissé la bagatelle de 113 points. Ils ont été dominés de bout en bout. Matt Barnes, J.J. Redick et Jamal Crawford ont converti 10 de leurs 32 tentatives en cumulé dont 5/19 derrière l’arc. C’est bien trop peu pour épauler Paul et Griffin. Austin Rivers a inscrit 2 points. Même total pour Glen Davis.
« Les Rockets nous ont détruit », concédait Doc Rivers.
C'est quoi la suite ?
[caption id="attachment_269533" align="alignleft" width="318"] Dédé va choper un très joli contrat cet été.[/caption] Il faut maintenant reconstruire et ajouter des pièces à l’ensemble du puzzle – ou le modifier ? – pour espérer atteindre enfin les finales de Conférence.« On va franchir cette étape comme on l’a fait pour les précédentes », promet Blake Griffin.Les Los Angeles Clippers abordent la prochaine intersaison avec plusieurs incertitudes. La marge de manœuvre de la franchise est serrée et DeAndre Jordan est le seul joueur du cinq majeur dont le contrat arrive à expiration cet été.
« Resigner D.J. est notre priorité », martèle déjà Doc Rivers GM, le pendant de Doc Rivers le coach au sein de la direction.[superquote pos="d"]"Resigner DeAndre Jordan est notre priorité." Doc Rivers GM[/superquote]Le prolonger, oui, mais à quel prix ? Selon les sources rapportées par ESPN, la franchise devrait offrir un contrat de 108,7 millions de dollars sur cinq ans à son pivot. Les autres organisations peuvent lui proposer au maximum 80,7 millions sur quatre saisons. Jordan a aussi l’opportunité de s’engager pour deux ans avec la deuxième année de contrat en option afin de tester à nouveau le marché dès 2016 juste après l’explosion du Salary Cap. Le joueur de 26 ans a pratiqué le meilleur basket de sa carrière cette saison (11,5 pts et 15 rbds de moyenne) même s’il convertit toujours moins de 40% de ses lancers-francs. Les Clippers vont sans doute le payer cher cet été, même si cela pourrait limiter le recrutement d’autres joueurs.
« J’aimerai évidemment améliorer l’équipe », assure Rivers GM. « Mais ce n’est pas facile dans notre situation. Notre masse salariale est déjà élevée et nous pourrons essentiellement recruter des joueurs au salaire minimum. J’aime bien notre équipe. Il nous faudrait un défenseur supplémentaire et peut-être un autre joueur de plus. »[caption id="attachment_266835" align="alignleft" width="318"] Les Clippers doivent absolument améliorer leur banc.[/caption] Même sans conserver DeAndre Jordan – le laisser partir sans contrepartie serait tout de même une erreur – les Clippers cumulent déjà 66 millions de dollars de masse salariale (en supposant que Jamal Crawford soit conservé, sa dernière saison est en option). En cas de départ du pivot, les Clips seraient contraint d’aligner Spencer Hawes dans le cinq sans avoir pour autant la possibilité de recruter une star ou un vrai joueur d’impact.
« On ne va pas faire venir une star. On va faire avec ce que l’on a et construire autour », poursuit Rivers.Austin Rivers, Glen Davis, Hedo Turkoglu, Ekpe Udoh et Dahntay Jones seront libres cet été. La franchise a donc l’occasion de refonder son banc de touche en enrôlant des vétérans ou des jeunes joueurs prêts à prouver qu’ils méritent leur place en NBA. Avec une marge de manœuvre si faible, les dirigeants vont devoir tenter des coups. Jusqu’ici, ils n’ont pas été payants mais Doc Rivers s’estime vraiment « proche » du but.
Les années passent, pas la douleur
[caption id="attachment_269535" align="alignleft" width="318"] A 30 ans, Chris Paul est toujours puceau de la moindre finale de Conférence.[/caption] Un terme qui commence à filer de l’urticaire à Chris Paul. A 30 ans, le meneur All-Star a encore été éliminé aux portes des finales de Conférence. Il a pourtant une nouvelle fois brillé tout au long des playoffs en cumulant 22,1 points, 4,4 rebonds et 8,8 passes de moyenne. Déprimé, CP3 ne cachait pas sa déception après ce nouveau crève-cœur.« Comme disait Ricky Bobby : ‘si vous n’êtes pas premier vous êtes le dernier.’ Cela ne suffit pas d’être proche de gagner. L’été va être long et cela commence à me peser pour tout vous dire. Je suis désolé mais je ne vois pas vraiment en quoi on grandit après une défaite. »C’est peut-être là où le bât blesse pour la superstar. Ses échecs personnels le suivent et ils s’accumulent. C’est un cercle vicieux. On pensait qu’il avait conjuré le sort – tiens, tiens, malédiction te revoilà – en éliminant les Spurs au buzzer il y a quelques semaines. Le coup sur la tête est trop dur à encaisser après ces trois revers consécutifs contre Houston.
« Je pense que l’on va repenser pendant longtemps à ce qui s’est passé dans le Game 6 », admet Doc Rivers.Ce Game 6 va hanter les Clippers comme le Game 6 des finales NBA 2013 a provoqué des cauchemars chez les Spurs pendant les mois qui ont suivis. Les éperons ont su se relever et remporter le titre de la plus belle des manières la saison suivante. On ressent un traumatisme chez les Clips. Ils craquent au plus mauvais moment. Ils se sabotent eux-mêmes. Le syndrome de la peur de l’échec ? Le CSKA Moscou vit une aventure similaire depuis leur cruelle défaite lors du Final Four en 2012. Ils l’ont encore démontré ce weekend à Madrid. Mais contrairement à la franchise NBA de Los Angeles, la formation russe compte déjà plusieurs trophées dans son armoire. Quant aux Spurs, well, ce sont les Spurs. Les Clippers sont peut-être simplement maudits après tout.