4- Manu Ginobili
Ça peut faire grincer des dents certains supporters français des Spurs (et ils sont nombreux). Tim Duncan était le meilleur joueur de San Antonio. Tony Parker son lieutenant devenu patron. Manu Ginobili avait l’étiquette du virtuose capable du meilleur comme du pire, même si, heureusement, bien plus souvent le meilleur que le pire. Sauf qu’il a aussi été en un sens l’âme des Spurs au cours des nombreuses années glorieuses passées par le trio au sommet de la ligue.
On peut parfois se demander si la franchise texane n’aurait pas gagné autant de titre en switchant TP par Jason Kidd ou Chris Paul par la suite. Ce n’est pas une insulte envers le frenchy : cette question, les dirigeants se la sont posés à plusieurs reprises, avec même des deals sérieusement discutés. Mais ils ont toujours fini par choisir Parker. En revanche, les Spurs n’auraient jamais connu le même succès sans « El Manu. »
Pas parce qu’il était plus fort. Ça, ça se discute et c’est une question d’appréciation. Ginobili était surtout plus important pour ce qu’il représentait. Ce joueur taré qui prenait feu dans les moments les plus chauds, ce grain de folie dans un système extrêmement bien huilé, ce guerrier qui ne lâchait rien et donnait le ton, parfois trop, au point de pousser Gregg Popovich à lui dire de se calmer lors des entraînements de présaison.
Surtout, le quadruple champion NBA a accepté le plus grand des sacrifices parmi le trio. Il est celui qui est sorti du banc, quitte à faire moins de statistiques et à accumuler moins de distinctions individuelles. « Seulement » 13 points de moyenne en carrière et deux sélections au All-Star Game. Mais ne vous y trompez pas, c’était un crack absolu. Il aurait très bien pu mériter lui aussi son trophée de MVP des finales en 2005 d’ailleurs.
Les coaches des Spurs ont un temps envisagé de sortir Tony Parker du banc. Mais ils en sont arrivés à la conclusion qu’il n’accepterait pas aussi bien un tel sacrifice. Manu Ginobili, lui, n’a pas bronché. « Il a été aussi important que Duncan dans la construction de notre culture », reconnaissait même RC Buford, dirigeant historique de la franchise. L’Argentin a aussi forcément une place particulière dans le cœur des fans de San Antonio, où la communauté hispanique est fortement représentée.