En NBA, pour gagner un titre, il vaut mieux être entouré. Aucune légende de cette ligue et de ce sport ne s’est faite toute seule. Quelle que soit l’époque. Les meilleurs joueurs l’ont toujours plutôt bien compris. L’évolution de la Free Agency et du rapport de force entre les pros et les franchises leur ont permis de s’associer de plus en plus souvent et de plus en facilement. Avoir une star ne suffit pas. Il en faut au moins deux.
C’est la base. Mais ce qui est moins souvent mis en lumière, c’est l’effort et les sacrifices qui seront nécessaires pour ensuite se hisser jusqu’au sommet de la ligue. Notamment pour l’une des deux individualités brillantes qui acceptera de se mettre en retrait. Être une deuxième option dans cette ligue est une tâche difficile et parfois ingrate. Pour les meilleures d’entre elles, ça revient souvent à renoncer à certaines récompenses ou à une forme de reconnaissance du grand public tout en ayant le niveau pour jouer en tant que première lame dans la majorité des autres équipes du championnat.
S’affirmer comme un co-pilote de qualité demande un travail sur son ego. Mais pour qu’un tandem fonctionne, il faut aussi que les deux moteurs de l’équipe soient complémentaires sur le terrain et se tire chacun vers le haut. Tout n’est finalement pas qu’une question de talent, loin de là. C’est aussi (surtout) une affaire de profil et de personnalité. Autant d’éléments qui sont pris en compte dans notre classement.
10. Darius Garland (Cleveland Cavaliers)
C’est intéressant pour nous d’évoquer le cas de Darius Garland car il pourrait être aussi bien la première que la troisième option de son équipe dans un futur proche. Difficile de le situer précisément avec l’arrivée de Donovan Mitchell et l’éclosion probable d’Evan Mobley. En tout cas, c’est sans doute encore lui qui aura les ballons et le statut de premier playmaker cette saison.
Mais Garland va aussi devoir apprendre à se comporter comme un lieutenant de luxe. C’est-à-dire apprendre à jouer sans le ballon, s’affirmer de plus en plus comme une menace extérieure – c’est un sniper adroit de loin mais il fait partie des rares joueurs plus efficaces en sortie de dribble qu’en réception-tir – et… prendre son mal en patience. S’il y parvient tout en continuant à se développer, les Cavaliers pourront vraiment prétendre à une place durable dans le top-5 de la Conférence Est.
9. Brandon Ingram (New Orleans Pelicans)
Pendant des années, Brandon Ingram a été comparé à Kevin Durant. Des rapprochements motivés essentiellement parce qu’il est longiligne et à l’aise balle en main. Mais avec un Zion Williamson qui tient la route, l’ancien joueur des Los Angeles Lakers devra probablement se trouver un nouveau modèle. Pourquoi pas Paul George (spoiler : il est haut placé) ?
Ingram ne peut plus juste être un attaquant. En forme et en bonne santé, Zion va prendre de plus en plus de place, et ça n’a rien à voir avec sa masse corporelle. C’est peut-être justement dans ce rôle d’assassin discret et complet que l’ailier peut vraiment s’affirmer comme un joueur très spécial en NBA. Imaginez un talent de sa trempe – 23 points de moyenne en 3 saisons aux Pelicans – qui se bat aux rebonds, défend dur et allume la défense adverse dès qu’elle se concentre sur Williamson. Ça fait peur.
8. Bam Adebayo (Miami Heat)
Cette huitième place résume le bien que nous pensons de Bam Adebayo mais illustre aussi son importance à Miami et le besoin de le voir passer un cap offensivement. Le pivot est moins doué qu’Ingram balle en main. Moins prolifique que Garland. Il n’y a qu’un seul joueur de ce top-10 qui marque moins de points que lui (19 l’an passé, tout de même).
Adebayo est adroit au poste haut et dispose d’une bonne vision du jeu. C’est d’abord l’un des meilleurs défenseurs du championnat. Mais c’est vraiment son apport en attaque qui doit évoluer d’un cran pour permettre au Heat de passer le cap entre « excellente équipe que personne ne veut affronter » à « vrai favori au titre. »
7. Kyrie Irving (Brooklyn Nets)
Il devrait être BEAUCOUP plus haut. BEAUCOUP. Parce qu’en termes de talent pur, Kyrie Irving est probablement l’un des quinze meilleurs basketteurs de la planète. Et c’est un monstre en deuxième option. Il a même déjà fait ses preuves. 3 finales avec les Cavaliers, pour un titre avec le panier pour la gagne et des performances extraordinaires en playoffs.
« Uncle Drew » est un arrière dans le corps d’un meneur. Avoir un joueur encore plus fort à ses côtés, c’est l’assurance de le laisser faire ce qu’il fait de mieux : scorer, scorer, scorer. Il devrait être premier de ce classement rien qu’avec ses capacités offensives. Alors pourquoi est-il « si » bas ? Parce qu’il n’est pas fiable. Physiquement. Mentalement. Comment faire confiance à un joueur qui peut se rendre indisponible du jour au lendemain ?
6. James Harden (Philadelphia Sixers)
L’erreur à ne pas faire, c’est de considérer comme le James Harden deuxième option sera du même niveau que celui qui décrochait un trophée de MVP avec les Rockets. Cette époque semble révolue pour le barbu. Ses blessures aux ischios ont laissé des traces, même s’il promet évidemment qu’il va revenir à son meilleur niveau.
De toute façon, les Sixers n’ont pas besoin de ce joueur pour aller loin. Un Harden qui comprend son rôle – comme il l’a fait lors des quelques matches disputés avec Philly l’an passé – alimente ses coéquipiers et prend ce que la défense lui donne tout en mettant des tirs lointains devrait suffire. Il le fera en saison régulière, aucun problème. Mais le fera-t-il en playoffs, là où il s’est si souvent éteint ? C’est LA clé de la saison pour la franchise de Pennsylvanie.
5. Chris Paul (Phoenix Suns)
C’est l’heure. L’heure d’accepter et de comprendre que Chris Paul n’est plus la superstar de son équipe. Devin Booker lui avait déjà pris ce statut – sans que ça ne pose de problème entre les deux – l’an passé. Il y a toujours un décalage entre le moment où ça arrive et le moment où chacun s’en rend compte. La planète basket va donc intégrer la notion que CP3 n’est plus le joueur numéro un des Suns cette saison. Puis il ne faut pas oublier qu’il va fêter ses 38 ans en mai prochain.
Ça ne peut le rendre que plus dangereux. Paul va se concentrer sur ce qu’il faisait déjà : faire circuler la balle pendant trois quart-temps puis s’affirmer comme le tueur du money time. Du coup, ça amène à une autre question pour Phoenix : Booker est-il assez fort pour mener une équipe au titre en tant que première option ?
4. Jaylen Brown (Boston Celtics)
Plus Jaylen Brown va progresser, plus les Celtics iront haut. Et ils sortent d’une campagne conclue par des finales NBA perdues en six manches. L’évolution du joueur de 25 ans est telle que la franchise du Massachusetts a refusé de l’échanger pour Kevin Durant. C’est un attaquant de plus en plus tranchant balle en main, en plus d’être un très bon défenseur.
Un « two way player » de très grande qualité qui pourrait continuer à passer des caps, entraînant du même coup son équipe dans son élan.
3. Khris Middleton (Milwaukee Bucks)
Il n’est sans doute pas aussi fort que certains joueurs classés derrière lui mais Khris Middleton est tellement complet et tellement efficace dans son rôle qu’il est devenu l’une des meilleures deuxièmes options de cette ligue. C’est vraiment un homme fort pour les Bucks et… ironiquement parfois une faiblesse.
Giannis Antetokounmpo étant une superstar au profil très particulier, il arrive que Middleton se retrouve avec la balle entre les mains dans les moments les plus chauds des rencontres les plus importantes de la saison… sans être le meilleur joueur de son équipe. C’est quand même passé en 2021. Mais ça a aussi été l’une des limites de Milwaukee par le passé.
2. Paul George (Los Angeles Clippers)
La deuxième option par excellence. Suffisamment humble pour capter que Kawhi Leonard est plus fort que lui, suffisamment fort pour faire la différence. Un Jaylen Brown développé mais en bien plus souvent blessé aussi. Mais malgré toutes ses qualités, Paul George n’est donc pas numéro un de ce classement.
1. Anthony Davis… ou LeBron James (Los Angeles Lakers)
Qui est vraiment le meilleur joueur des Lakers ? La question n’est pas aussi évidente qu’il n’y paraît. LeBron James est le franchise player, ça, c’est sûr. Mais même en 2020, l’année du titre, plusieurs joueurs de Los Angeles qualifiait Anthony Davis de « meilleur basketteur au monde. »
Peut-être qu’aucun des deux ne se comporte vraiment comme une deuxième option. LBJ porte la gonfle. AD peut devenir celui qui score le plus. En tout cas, n’importe lequel finit par s’effacer pourra prétendre à la première place de ce classement. Ce qui tend donc à montrer que les Angelenos disposent encore de l’un des duos les plus dangereux de toute la NBA. Il ne faudrait pas l’oublier. Ce qui nous permet aussi de conclure sur le point essentiel : deux stars, c’est génial, mais si c’est mal construit autour, ça fonce quand même dans le mur.