Depuis le début du tournoi, l’équipe de France n’a cessé d’exposer ses limites. Des failles qui semblaient trop ancrées pour se hisser à nouveau au sommet de l’échiquier européen. Et pourtant, deux semaines après la claque reçue contre l’Allemagne en ouverture de la compétition, la voilà donc en finale de l’Eurobasket 2022. Assurée de repartir au moins avec une médaille, la neuvième sur la scène internationale depuis 2000, et en position pour décrocher l’Or continental presque dix ans après le sacre de Tony Parker et consorts.
Qualifiés en finale, Guerschon Yabusele et les Bleus écrasent la Pologne !
Un parcours chaotique. Un scénario incroyable. Mais si elle en est là aujourd’hui, c’est justement parce qu’elle a su monter en puissance au meilleur moment. Les Bleus sont des « late bloomers » à l’échelle de cette compète. Ils se sont révélés sur le tard. Ou plutôt retrouvés, pour reprendre le terme choisi par Evan Fournier à l’issue de la demi-finale contre la Pologne (victoire 95-54).
« On a fait un match complet de A à Z, on était sûrs de nos forces, avec beaucoup de caractère. J'ai retrouvé mon équipe celle en qui j'ai 100 % confiance peu importe l'adversité, et qu'on a eue aux Jeux et à la Coupe du monde. Il n'y a pas eu beaucoup de doute. On leur a sauté à la gorge, on était très agressifs, on ne voulait pas leur laisser de confiance, on voulait les écraser, c'est ce qui s'est passé. »
Un match complet de la première à la dernière minute, c’est justement ce qui manquait aux Bleus sur cet Euro. C’est ce qui explique les victoires arrachées dans la douleur contre la Turquie et l’Italie, respectivement en huitièmes et en quarts, après prolongation. Deux adversaires a priori plus « faibles » sur le papier mais qui ont été en mesure d’éliminer les vice-champions Olympiques en profitant de leur passage à vide. La France a encaissé un 19-0 contre les Turcs. Un 11-3 en à peine 3 minutes contre les Italiens. Deux fois, elle est revenue de l’enfer.
Cette fragilité se traduit par des pertes de balle, souvent bête d’ailleurs, mais pas seulement. Oui, cette équipe est la plus mauvaise du tournoi dans ce domaine. Mais ce qui lui fait vraiment défaut, c’est son irrégularité défensive. Surtout que c’est d’ordinaire l’une des forces des hommes de Vincent Collet. Ils ont souvent eu des limites sur attaque placée, bien avant ce tournoi. En revanche, ils se sont toujours reposés sur ce plancher défensif pour ne jamais être complètement largués. Sans ça, ce groupe est un peu juste pour aller au bout.
Sauf que cette défense de fer, elle l’a donc retrouvé – c’est décidément le bon terme – au meilleur moment. Sans manquer de respect à la Pologne, qui a tout de même sorti la Slovénie de Luka Doncic championne en titre, il suffisait que l’équipe de France se repose sur ses principes habituels pour passer. Elle l’a fait à merveille.
« On a remporté cette victoire avec notre défense. On a débuté avec agressivité et on n'a jamais relâché la pression sur la balle. À un moment, les Polonais n'ont plus été en mesure de supporter cette pression », confie Vincent Collet. « J’avais parlé de la suffisance des Slovènes, et on a été tout l’inverse de ça. On les a pris à la gorge, on n’a jamais défendu comme ce soir depuis le début du tournoi. Ils ne pouvaient pas attaquer face à cette défense-là. »
Si brillant contre les Slovènes, Mateusz Ponitka a été limité à 7 points, 3 sur 10 aux tirs, -28 de différentiel et -1 d’évaluation. L’illustration d’une défense en mission. Les joueurs français ont été actifs, agressifs. Ils ont imposé leur taille, en prenant presque deux fois de rebonds (40 à 21). Ce sont bien souvent les clés du succès au basket.
« Je suis très fier de la façon dont nous avons défendu ce soir pendant 40 minutes. C’était un match avec plus de régularité défensivement : il n’y a pas eu une seule minute où nous avons ressenti un relâchement », remarque Rudy Gobert. « Depuis le début du tournoi, nous avons toujours eu des moments où nous avons perdu notre intensité et notre concentration défensive. Mais ce soir, c’était notre match le plus complet et je suis vraiment fier des gars. »
Ce qu’il faut retenir de cette demi-finale à sens unique, c’est justement cette maîtrise. Une domination totale. Un match référence pour une équipe qui monte en puissance. Là encore au meilleur moment. Tous les joueurs ont marqué contre la Pologne. Chacun s’est relancé. Ils vont arriver en confiance pour le match le plus important de l’année. Beat Spain.