"Les Spurs, ce sont les Spurs, mec."Et en l'occurrence, les quadruple champions NBA savent trouver la réponse face au quadruple... MVP. II y a six ans, coach Popovich avait donné comme consignes à ses ouailles de stopper avant tout le supporting cast et de laisser le King artiller à mi-distance. LeBron terminera la série avec moins de 38% aux tirs. Là encore, le joueur de Miami a fait du chemin. Même s'il n'est pas un pur shooteur, il a sensiblement progressé dans ce domaine, comme ses statistiques en témoignent (51% aux tirs, 38% à trois-points). Surtout, il a pris l'habitude d'être terriblement efficace et de ne louper que très peu de tir, profitant de son avantage athlétique. Autrement dit, la donne est simple pour les coéquipiers de Tony Parker, il ne faut absolument pas laisser LeBron James s'approcher du panier. Il se coltinait Bruce Bowen en 2007, le voici désormais avec Kawhi Leonard, 21 ans, accroché à ses basques. En plus de ne pas le lâcher d'une semelle, les défenseurs des San Antonio Spurs avaient pour consigne de forcer James... à faire la passe.
"Ils ont fait du bon travail, en plaçant deux mecs sur le porteur de balle (à savoir James les 3/4 du temps)", reconnaissait le champion du Heat à Yahoo ! Sports. "Dès que j'avais le ballon, ils se serraient tous sur moi pour me forcer à faire une passe."Voici donc la tactique. Prises à deux quasi-systématiques, nombreuses rotations en défenses, jamais d'espace pour LeBron James à moins de 5 mètres du cercle, blocage complet de la raquette avec Tiago Splitter et Tim Duncan en deuxième rideau.
"Ils ont très bien resserré le milieu, n'est-ce pas ?" Interrogeait Chris Bosh. "Nous devons faire confiance à nos shooteurs."En réalité, le Miami Heat n'a pas vraiment le choix. En misant tout sur une défense renforcée sur LeBron James, les San Antonio Spurs ont fait le choix de s'exposer à la menace des artilleurs floridiens ou, vu autrement, de parier sur le fait que les coéquipiers de LBJ ne trouveront pas la mire avec constance. Et les snipers d'élite leur ont donné raison, en étant en mal de réussite lors du premier match. Chris Bosh s'imaginait sûrement faire sortir Timmy, son idole, de sa zone de confort en s'éloignant le plus possible du cercle. En effet, l'intérieur du Heat artillait déjà derrière l'arc face aux Pacers pour contraindre Roy Hibbert à quitter la raquette (plus de deux tirs tentés à trois-points en moyenne par match). Rien n'y fait, Mr Big Fundamental a laissé son jeune disciple arroser sans trouver la mire (0/4). Les autres role players du Heat n'ont pas fait mieux, à l'exception de Ray Allen (8/25 derrière l'arc pour Miami).
"J'ai confiance en mes gars, ils rentreront leur shoots lors du prochain match."LeBron James chercherait-il à relancer ses troupes ? Sûrement. Mais on peut aussi y comprendre que Miami ne gagnera pas sans l'adresse de ses joueurs du banc. Les Spurs ont affiché un pourcentage aux tirs encore plus faible que celui du Heat (40%) mais San Antonio a gagné. La défense de Gregg Popovich y est pour beaucoup. Sauf si James parvient à se réinventer, la stratégie défensive ne devrait pas évoluer. Les Shane Battier, Mike Miller, Mario Chalmers, Norris Cole et compagnie vont devoir se mettre au diapason.
"Ils ne vont pas se tuer tout seul, nous allons devoir les battre." Shane Battier.La phrase peut paraître anodine mais pourtant elle est pleine de sens. La défense des San Antonio Spurs a décidé de remettre toute la pression sur les joueurs de complément de l'effectif des champions en titre. Paradoxalement, c'est bien LeBron James qui est étouffé par le système des Texans. Si le Heat ne trouve pas la solution, LBJ pourrait une nouvelle fois se retrouver seul, tout seul. Comme il y a six ans, en fait.