"Soit un mort de faim pendant ces finales."Respect des aînés ou véritable capacité à élever son niveau lorsque les enjeux le demandent, toujours est-il que c’est exactement ce que Shane Battier a été pendant les trois premiers games de la finale. Efficace au possible en attaque, il est aujourd’hui la quatrième roue du carrosse chromé du Heat, complétant à merveille le trio magique Bosh-Wade-James en émargeant à 14.3 points et 2.7 rebonds. Mais l’apport défensif de Battier n’en reste pas moins conséquent, lui qui aura été utilisé à toutes les sauces par Erik Spoeltra pendant ces playoffs : Sur les ailes et les lignes arrières, bien entendu mais également en ailier fort intérimaire pendant la convalescence de Bosh (9 matches). Pendant cette finale, il n’est d’ailleurs pas rare de le voir par séquence sur le dos de Serge Ibaka, Nick Collison et même Kendrick Perkins qui s’agace de la lenteur de réaction de ses coéquipiers sur ces séquences :
"C’est perturbant. On ne met parfois pas la balle à l’intérieur pour lui faire payer le fait qu’il défende sur moi."LeBron James en personne reconnaît la valeur de l’apport de leur homme à tout (bien) faire :
"Il est notre homme clé. C’est notre seul gars qui met des tirs dans le périmètre."Pour Battier, ce qui compte, ce n’est tellement de savoir sur qui il défend, ou le nombre de shoots qu’il peut mettre :
"C'est la finale NBA. Il n'y a aucune retenue à avoir. Si tu as un shoot ouvert, prends-le. La pire des choses qui puisse arriver serait que tu le rates. (...) Je veux débarquer et avoir un impact positif sur le jeu. Ça peut être d’une différente manière chaque soir. Certains soirs, ce sera par le shoot. D’autres soirs, ce sera par la défense. Et d’autres soirs, ce sera par une balle perdue provoquée ou deux. C’est comme ça que je peux nourrir mes enfants et mes chiens, en faisant que des bonnes choses arrivent sur le terrain de basket." explique-t-il à Marc J. Spears, de Yahoo.com.A 33 ans révolus, il réalise désormais qu’il n’y a pas beaucoup d’occasions dans une carrière d’accéder au titre. Ses années à Houston l’ont définitivement convaincu de jouer pour n’avoir aucun regret par la suite :
"C’est probablement la seule chose dans ma carrière que je peux déplorer. Ça aurait été amusant de voir où nous aurions pu amener ces équipes avec un Yao en bonne santé. On a fait des choses extraordinaires en considérant les problèmes de blessures que nous avions. Tout d’abord, je suis terriblement désolé pour Yao. Il n’y a pas de meilleur ambassadeur pour le jeu que Yao, de meilleur coéquipier, de meilleure personne (…) Je vais avoir beaucoup de temps pour me reposer pendant plusieurs semaines ensuite. La fatigue et toutes ces choses ne sont pas un problème."Au-delà des statistiques, la portée d’une victoire du Heat en finale aurait aussi une grande portée symbolique pour le natif de Birmingham (Michigan). En effet, en remportant le titre cette année, Shane Battier a l’occasion de graver son nom un peu plus profondément dans l’histoire en devenant le second Blue Devil à soulever le Larry O’Brien Trophy. Car aussi fou que cela puisse paraître, à la tête de l'institution universitaire depuis 1980 (31 saisons !) et du haut de ses 4 titres NCAA et 50 joueurs passés en NBA, Mike Kryzewski n’a jamais vu un autre de ses anciens joueurs que Danny Ferry (en 2003 avec les Spurs de San Antonio) parvenir à remporter le titre NBA. En devenant champion NBA, Battier a même là l’occasion de devenir le seul joueur de Duke à avoir remporté le trophée NCAA (2001) et le titre NBA. Quel titre aurait donc le plus de saveur ?
"Si ça arrive, je vous le dirai", répondait avec le sourire Battier.