Je suis tombé sur un post de l’un des comptes US mainstream (qui me gonflent de plus en plus) ce weekend. Le tweet relayait la déclaration d’un dirigeant anonyme qui confiait, attention, shocking news, que LeBron James « est encore bon mais ne peut plus porter une équipe. » Encore un truc bidon présenté de façon sensationnaliste par un média basket – ça nous arrive aussi de le faire, je sais bien – pour générer du clic.
Shannon Sharpe, d’habitude pas le dernier pour me casser les couilles m’arracher les cheveux avec des prises de position exacerbée a eu la même réaction que moi : « Le fait que les gens s’attendent encore à ce que LeBron porte une équipe témoigne de sa grandeur. (…) Quel joueur de 37 ans aurait pu le faire dans l’Histoire de la NBA ? On a compris : il n’est plus le meilleur joueur de la ligue. »
Ben, justement, ce n’est pas sûr que tout le monde ait capté. Il y a toujours des fans, des joueurs et parfois même des coaches pour répéter haut et fort que James est le meilleur basketteur de la planète. Mais non. Vraiment non. Et ce n’est pas du tout, du tout, du tout, une critique.
Ce que fait le natif d’Akron à 37 ans n’est pas normal. Au même âge, Kobe Bryant sortait une dernière saison dégueulasse et forcée – apparemment nombreux sont ceux qui ont oublié à quel point son tour d’honneur pouvait être difficile à regarder par moment : 35% de réussite aux tirs au passage – sans faire figure de locomotive en NBA. D’ailleurs, cette ultime saison n’a pas affecté du tout sa legacy. J’ai l’impression que certains fans ont constamment besoin de défendre l’héritage de LBJ. Pas besoin. Plus besoin. Il a déjà tout prouvé.
Au même âge, Michael Jordan n’arrivait pas à qualifier les Washington Wizards pour les playoffs au sein d’une Conférence Est vraiment pas dingue. Larry Bird, Magic Johnson, Wilt Chamberlain… tous avaient déjà pris leur retraite à 37 ans. Shaquille O’Neal tournait à 12 points par match en jouant aux Cleveland Cavaliers, avec Bron, justement. Bref, ce que fait James à son âge n’est pas normal. Mais qu’il n’arrive pas à porter les Los Angeles Lakers vers les sommets, ça, par contre, c’est tout à fait normal.
Ça aurait même dû être prévisible. Mais il paraît que c’est trop risqué de miser « contre » le numéro 23 – enfin numéro 6 maintenant – des Angelenos. Mouais. Déjà, faut arrêter avec cette histoire de pour ou contre. Là, il s’agit juste d’être objectif et de comprendre la réalité des choses. La réalité du terrain.
Giannis Antetokounmpo, Kevin Durant, Nikola Jokic et compagnie sont tous des joueurs plus dominants que LeBron James à ce moment précis. Ça ne change pas le fait qu’il reste l’un des meilleurs en NBA. Et ça ne change pas non plus le fait qu’il est l’un des meilleurs de tous les temps. Peut-être même le meilleur selon certains, si jamais le débat du GOAT signifie réellement quelque chose.
Par contre, malgré sa longévité impressionnante et son niveau technique hors du commun, il ne peut pas non plus masquer à lui seul les très nombreuses lacunes de l’effectif californien. Il en avait encore la capacité aux Cavaliers. Plus maintenant.
Si nous étions aussi sceptiques sur les Lakers en début de saison, c’est justement parce que cette équipe est mal construite. Russell Westbrook au côté de James, il ne fallait pas être devin pour s’attendre à ce que ça plante. Il suffisait de regarder les matches, analyser le « fit », etc. Faire venir plein de vétérans incapables de défendre, ça aussi c’était une idée bizarre. Bien sûr que je n’avais pas anticipé que Los Angeles se casserait la gueule à ce point. Mais je ne suis pas surpris de ne retrouver les Lakers parmi les formations les plus stables et les plus solides du championnat.
LeBron est encore assez fort pour briller s’il dispose vraiment du bon supporting cast autour. Ça inclut des défenseurs de qualité, des joueurs mobiles et des joueurs adroits, de préférence polyvalents. D’ailleurs, on le voit bien : les Lakers marchent mieux quand il joue avec Anthony Davis, Austin Reaves, Malik Monk et… c’est presque tout. C’est le problème de cette équipe : elle est trop incomplète.
Du coup, James peut maintenant se reposer sur les chiffres. Il lui reste les statistiques. Scorer. Scorer. Et encore scorer. Histoire de se rapprocher de Kareem Abdul-Jabbar, puis de le dépasser. Pour ensuite concentrer toute la narrative là-dessus dans 5, 10 ou 15 ans, quand plus personne ne se souviendra des déconvenues des Lakers pendant son passage – le titre 2020 évidemment mis à part.