Vous l’avez lu, relu ou entendu en boucle depuis octobre : à 33 ans et après quinze saisons NBA, LeBron James pratique peut-être le meilleur basket de sa carrière. Difficile de vraiment juger mais la longévité du King est si impressionnante qu’il en devient presque logique de céder à la tentation de classer ses performances actuelles au-dessus de bien d’autres (que bon nombre d’entre nous ont de toute façon déjà oubliés tant il y en a). Mais c’est vrai qu’il y a un parfum spécial autour de cette campagne. Le King collection 17-18 envoie du lourd. Et il joue peut-être, là encore le conditionnel est important, ses meilleurs playoffs.
Il était déjà au-dessus du lot pendant la saison régulière. Il a encore haussé le ton depuis trois semaines. Le prodige d’Akron compense les lacunes et le manque de cohésion (ou de repères, bien que ses camarades montent aussi en puissance) de l’effectif des Cleveland Cavaliers à coup de cartons. Plus saisissants et sensationnels les uns que les autres. Et déjà quatre matches à plus de quarante points en comptant les 43 pions passés cette nuit à des Toronto Raptors décidément victimes favorites du grand James. Il n’y a qu’en 2009 qu’il avait dépassé aussi souvent la barre des 40. Mais en quatorze rencontres. Là, il n’en a joué que 9. Pour l’instant.
Il pointe à 34,4 pions par rencontre depuis le début des PO. Sa deuxième meilleure moyenne aux points, après 2009 justement (35,3). C’est aussi sa deuxième meilleure performance globale aux rebonds (9,9) et la meilleure à la passe (9). Après, évidemment, ces chiffres sont susceptibles d’être chamboulés au fur et à mesure des matches. Ils peuvent très bien descendre… ou même monter. Car LeBron James est lancé. Il a démoli les Indiana Pacers carrément à lui tout seul avec 46 points dans le Game 2, 44 dans le Game 5 et 45 lors du Game 7. Il avait posté un triple-double au Game 1 du premier tour et il a fait de même au Game 1 des demi-finales de Conférence. C’était d’ailleurs selon lui son plus mauvais match de la saison…
Il n’y a plus rien à faire pour arrêter LeBron James
Il a réagi avec cette performance épique contre Toronto. 43 points, 8 rebonds et 14 passes. Le premier joueur de l’Histoire à dépasser simultanément les 40 pts et 14 pds sur un match de playoffs, évidemment. Le plus dingue, c’est peut-être son jeu en lui-même. Du basket total. Aucun schéma défensif n’est vraiment taillé pour contrer les talents immenses du natif d’Akron. Le plus logique consiste à passer sous les écrans pour l’inciter à shooter six ou sept mètres. Lui barrer tout accès au cercle et vivre avec les aléas d’un shoot de plus en plus consistant.
« Je sais ce que j’ai à faire », lâchait-il à son agent Rich Paul au moment où les Raptors se sont une nouvelle fois mis en mode tranchée près du cercle pour forcer la superstar à prendre ses tirs. « Je sais que l’on veut m’interdire l’accès à la raquette et m’empêcher d’obtenir des lancers-francs. On veut m’inciter à tirer. J’ai essayé de beaucoup bosser tout au long de ma carrière pour contrer cette stratégie. »
LeBron James affiche déjà un très propre 52% de réussite aux tirs depuis le début des playoffs (avec un moins correct 31% à trois-points). Il était d'ailleurs particulièrement efficace cette nuit avec sept paniers « en fadeaway ». Un record au cours des quinze dernières années. 26 de ses 28 shoots ont été contestés. Il en a mis 17 d’entre eux. Injouable. Il ne sera évidemment pas toujours aussi adroit. Peut-être qu’il va redescendre sur terre par moment. Peut-être sera-t-il rattrapé par la fatigue. Et peut-être même qu’il ne s’agit pas de la campagne de playoffs la plus folle de sa carrière (2009, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016… il y en a un paquet). Mais il continue donc d’écrire sa légende match après match. Un jour, nous prendrons tous un peu de recul pour savourer tout ça. Et on se dira tous que c’était complètement dingue.