« Ils étaient bien meilleurs que nous. Ils ont dominé tous les secteurs du jeu. C’est comme ça que le basketball devrait être pratiqué. Les gars bougent, coupent, font des passes. Tout tourne autour de l’équipe et non autour de l’individu. Il n’y a pas de place pour l’égoïsme. C’est pour ça qu’ils sont les champions. »Les joueurs de Miami ont eux aussi déjà été élevés au rang de champions. Leur succès collectif n’est plus à prouver. LeBron James ne s’est pas trompé. Les Spurs ont dominé de bout en bout et les deux premiers matches serrés étaient en fait un leurre. L’altruisme des Texan et la force du groupe de Gregg Popovich contraste d’ailleurs avec la dépendance du Heat vis-à-vis de sa superstar. Son unique superstar. On pouvait parler de « Big Three » en 2010, pas en 2014. L’expression semble même démodée, rendu obsolète par la force de frappe de San Antonio. N’en déplaise à certains fans, LeBron était seul. Contraint à l’exploit.
LeBron James, seul au monde
[superquote pos="d"]"Les Spurs étaient bien plus forts" LeBron James[/superquote]Dwyane Wade est l’un des cinq meilleurs joueurs de l’histoire à son poste. Sur l’ensemble de sa carrière, oui. Actuellement, il ne fait même plus partie des dix ou quinze meilleurs joueurs de la NBA. Ce n’est pas une attaque personnelle envers « Flash ». Il a simplement fait son temps. Il peut encore apporter mais Wade ne peut pas être la deuxième option offensive d’une équipe qui vise clairement le titre. Ses genoux ne lui permettent même plus de disputer plus de 50 matches par saison. Il est encore capable de coup d’éclat mais sur combien de matches ? Il a peut-être eu deux ou trois bons matches sur l’ensemble de la série et le Heat s’est incliné quand il a évolué à son meilleur niveau (dans le Game 3). Wade ne peut plus avoir un impact sur cinq ou six rencontres. Il n’est pas fini, il doit juste passer la main pour le rôle honorifique de lieutenant de luxe de LeBron James. On notera aussi sa défense douteuse et son incapacité à marquer derrière la ligne à trois-points, ce qui a posé des problèmes de spacing à Miami. Difficile d’analyser les finales de Chris Bosh. Il a eu ses moments, comme ce tir décisif dans le Game 2, le seul remporté par le Heat. Il a été adroit mais peu utilisé. L’intérieur ne se fait-il pas assez violence ou était-il simplement bien contenu par la défense des Spurs ? Les Texans connaissaient l’importance capitale de Bosh au sein du système floridien et ils ont bien veillé à ne jamais le laisser se mettre dans le rythme. Il a eu des tirs ouverts dans le corner cette nuit mais aucun n’a trouvé la cible. Il s’est également montré incapable de poster Tony Parker à moins de trois mètres du cercle… Il n’était plus dans le coup. A l’image de son équipe. Mario Chalmers a traversé ces finales comme un fantôme et il a même été écarté de la rotation lors du dernier match, débutant la rencontre sur le banc. Norris Cole, son remplaçant attitré, n’a pas su mettre la pression sur les porteurs de balle texans et il n’a eu aucun impact en attaque (3,2 pts à 31,6% aux tirs et 14,3% à trois-points). Chris Andersen est valeureux mais les problèmes de spacing causés par sa présence limitent son temps de jeu. Rashard Lewis a trouvé la mire de loin mais les Spurs l’ont accepté et l’ont laissé libre la plupart du temps, afin de se concentrer sur LeBron. Ray Allen a lui aussi eu quelques très bons passages. Mais n’oublions pas que « Jésus » a 38 ans (39 le 20 juillet prochain). Comme Wade, il ne peut plus tenir le rythme d’une série et il est véritablement performant sur deux ou trois matches. Lorsque les scores sont serrés, cela peut faire la différence. Mais lorsque l’écart entre les deux équipes est aussi grand… Allen a eu des tirs ouverts cette nuit. Il n’a pas trouvé la mire, lui non plus.Quel avenir pour le Miami Heat ?
Le Heat constituait la deuxième attaque la plus efficace de la NBA après les San Antonio Spurs. Mais cette statistique s’explique essentiellement par la présence de LeBron James. Balle en main, il attire l’attention et offre des solutions à ses coéquipiers. Il pénètre, il ressort la gonfle, il finit près du cercle. Quand son équipe est en difficulté, il se place au poste bas et laisse parler sa technique et sa puissance. Mais Miami a pris l’habitude de gagner en défense. Et de ce côté du parquet, les jambes lourdes des Floridiens se sont fait ressentir. Les centaines de matches disputés ont laissé des traces.« Malheureusement, j’ai fait l’erreur de regarder le classement des meilleures défenses de la ligue avant le début des finales. Nous étions douzièmes et je sais qu’une équipe non classée dans les dix meilleures défenses de la ligue ne remporte pas le titre NBA. Ça aurait été historique de battre la meilleure attaque de la ligue (les Spurs) », explique Shane Battier, dont c’était le dernier match cette nuit. « Cette douzième place n’est pas le résultat de deux semaines de basket. C’est les conséquences d’une saison entière. Nous n’avions pas les armes pour lutter face à une force de frappe comme les Spurs. Nous étions exposés. »Cette finale sonne comme la fin d’un cycle. Pas pour le Miami Heat, ni pour LeBron James mais plutôt pour cet effectif vieillissant. Le « King » n’a pas souhaité donner sa réponse sur son avenir et c’est logique, vu la pression et l’émotion liées à la finale. Il a déjà promis que le résultat n’influencerait pas sa décision. Le résultat certes, mais la manière… Le Heat a montré ses limites et Pat Riley doit désormais recentrer le groupe autour de sa star. Il doit l’entourer avec des joueurs d’impact et injecter du sang neuf. Le « Big Three » reprendra sans doute du service à South Beach et repartira en reconquête dès la saison prochaine. Mais avant cela, il faudra entourer LeBron avec des talents nouveaux. Des talents susceptibles d’aider le meilleur joueur du monde à revenir en finale NBA. C’est désormais au Heat de se renouveler… et de prendre sa revanche.