Cinq ans en arrière, je reprenais une formule de Charles Barkley en qualifiant la carrière de LeBron James comme « la plus grande de l'Histoire. » Un édito publié sur le site d'Eurosport qui m'a valu de nombreuses critiques et autres insultes. Alors ce nouveau papier n'est en rien une quelconque futile revanche mais simplement une occasion de faire le point, au moment où le King vient de devenir le meilleur marqueur de tous les temps en dépassant Kareem Abdul-Jabbar. Un record qui, quand j'ai commencé à suivre le basket, semblait absolument intouchable.
L'idée derrière l'appellation « plus grande carrière » c'était de montrer qu'au-delà des discussions impossibles et sans fin au sujet du GOAT, avec la difficulté que ça implique de comparer le niveau de jeu de deux bonhommes qui ont évolué dans des équipes différentes, à des époques différentes et donc dans des contextes différents, il est crédible de déterminer une catégorie dans laquelle James ferait finalement mieux que Michael Jordan : celle des accomplissements sur l'ensemble de son parcours.
Comme je le soulignais dans l'article posté en 2018, je n'ai pas particulièrement grandi avec Jordan mais je pense avoir suffisamment de recul et de « connaissances » pour au moins, un peu, analyser sa carrière et comprendre ce qui le rendait aussi fort. Ses 6 titres en 6 finales, sa domination technique, physique, mentale, l'impression dégagée, les performances plus extraordinaires les unes que les autres et l'impact sans précédent qu'il a eu sur son sport en font peut-être, sans doute, le meilleur joueur de l'Histoire du basket-ball.
Mais pour moi, il n'y a rien de contradictoire à cette position en clamant que LeBron, lui, a fait la meilleure carrière. Carrière qui n'est même pas encore terminée mais qui, dans sa narration, dans sa longévité et dans son lot de rebondissements, semble inégalée.
LeBron James est le meilleur marqueur de tous les temps en saison régulière. Il est le meilleur marqueur en playoffs. Il est le quatrième meilleur passeur. Il peut prendre sa retraite avec plus de 40 000 points, 10 000 rebonds et 10 000 passes au compteur. C'est extraordinaire d'un point de vue comptable.
Oui, il n'a pas gagné autant que Jordan, mais il a gagné tout de même 4 bagues avec 3 franchises différentes en étant élu MVP des finales à chaque fois. Il a offert à Cleveland un premier titre majeur après plus d'un demi-siècle d'attente en remontant un déficit de 1-3, une première dans l'histoire de la NBA, avec deux matches de suite à 41 points puis un triple-double au Game 7.
LeBron James le GOAT ? Le King n’a pas peur de le dire !
Il a formé une équipe incroyable au Heat. Il a ramené les Lakers, franchise iconique, au sommet 10 ans après le dernier sacré de Los Angeles.
(Beaucoup) Plus fort encore, il a disputé 8 finales de suite entre 2011 et 2018, qui plus est avec deux équipes différentes. C'est sans doute l'accomplissement le plus sous-estimé de toute sa carrière. On n'imagine pas le niveau de difficulté du truc. Se maintenir à un tel niveau saison après saison, en luttant contre les pépins physiques, l'ennui, etc. C'est irréel. Je ne sais pas combien de temps on devra attendre pour revoir une superstar qui joue autant de finales d'affilée. Longtemps sans doute.
La carrière de Jordan est différente et c'est aussi ce qui fait son charme. Ses principaux supporters insistent sur le fait que MJ aurait lui aussi pu gagner encore plus s'il n'avait pas arrêté à deux reprises en 1993 - au sommet de son art - et en 1998. Peut-être. Sans doute. Mais on ne le saura jamais. Parce que justement ce n'est pas arrivé. Parfois, c'est aussi simple que ça. C'est d'ailleurs intéressant de noter que Steve Kerr, membre du second three peat des Bulls, pense que l'équipe chicagoane aurait eu du mal à enchaîner.
En fait, j'ai l'impression que la plupart des discussions concernant le GOAT sont plombées par le fait que chacun n'emploie pas le même langage, la même définition, les mêmes critères, etc.
En devenant le joueur qu'il était censé devenir, en surpassant des attentes pourtant démesurées, plus que n'importe quel autre prospect avant lui, en compilant des stats, des récompenses et des titres pendant aussi longtemps, LeBron James n'est peut-être pas devenu le plus grand, ça, ça peut éventuellement se discuter, mais je pense qu'il est clair que sa carrière reste la plus incroyable qu'il nous ait été donnée de voir en NBA.