Les amis de Tribune 47, "le média du basket français... mais pas que", ont sorti un article aussi long qu'intéressant sur la manière dont un joueur comme Stephen Curry a changé et chance encore aujourd'hui le basket et la manière dont il est joué partout dans le monde. Ce papier d'analyse, dans lequel les célèbres coaches Christian Monschau et Jean-Christophe Prat, mais aussi l'international français Nicolas Lang, ont apporté leur expertise, est signé Anthony Perrey.
En voici une première partie, la suite étant évidemment à retrouver sur Tribune 47.
Depuis 2015, un nom est placé tout en haut de l’affiche parmi les plus grands joueurs de l’histoire de ce sport : Stephen Curry. Considéré comme le meilleur shooteur qui n’ait jamais existé, il a révolutionné le basket-ball au niveau mondial. Depuis, tous les championnats du monde ont adopté la pratique du 3 points.
Tout d’abord, reculons jusqu’en 1961, date de parution de la ligne à 3 points. Dans une compétition baptisée American BasketBall League, qui n’aura duré qu’un an et demi avant de disparaître, c’est là que les premiers tirs à longue distance ont circulé sur les terrains. Un grand bond en avant, et on se retrouve en 1967, du côté l’American BasketBall Association (ABA), qui adopte la ligne à 3 points… En 1976, la ABA et la NBA fusionnent, mais cette fameuse ligne disparaît. Il faut donc attendre trois ans, en 1979, pour que la NBA l’instaure.
Au niveau de la distance, on note une grande différence. En 1984, la FIBA l’avait situé à 6,25 mètres du panier, depuis 2010, elle est située à 6,75 mètres. En NBA, le terrain est plus grand. Donc, la distance entre la ligne à 3 points et le panier est plus longue, soit 7,24 mètres.
Si l’on peut penser que Stephen Curry, meneur des Warriors, est un grand partisan de son arme redoutable, qui lui a permis de bouleverser le monde du basket, ce n’est pas tout à fait le cas. Il a pris position sur l’apprentissage de cet exercice aux plus jeunes. Le « Chef » aimerait que la ligne soit abolie chez les moins de 11 ans. Ce qui n’est pas anodin puisque de plus en plus de jeunes se mettent à tirer de loin.
Si l’on se penche sur les chiffres, dans les catégories U19 et U18 entre 2013 et 2023, les tentatives à 3 points ont augmenté d’au moins 15% lors des grandes compétitions internationales. En 10 ans, le taux d’évolution sur cette statistique est de 17,2% chez les U19, et de 15,9% chez les U18.
Nous avons confronté notre analyse à celle de trois acteurs majeurs du basket français : Christian Monschau, Nicolas Lang, et Jean-Christophe Prat.
"Ce qui fait qu'un joueur se lance, c'est ce qu'il voit à la télévision"
En principe, ce qui est à la mode se démode avec le temps. Néanmoins, le tir à 3 points n’a pas l’air de subir le même effet. Depuis la campagne 2013-2014, soit la saison pendant laquelle s’est révélé Stephen Curry, le nombre de tirs tentés derrière l’arc en Pro A a fortement augmenté. Alors que sur l’édition précédente à celle-ci, seuls Jahmar Young et Marcus Denmon s’approchaient des 6 tentatives en moyenne. Sur la période citée, il y a six joueurs qui comptent au minimum 6 essais à longue distance.
En EuroLeague, les données ne montrent pas autant de précocité. En 2012-2013, avant la révélation du meneur des Warriors, un joueur, Bobby Brown tirait au moins 6 fois derrière l’arc. La saison suivante, ils étaient deux. Celle qui suivait encore, soit lorsque Stephen Curry remporte son premier titre de MVP et sa première bague de champion, ils étaient trois. Et les chiffres ont commencé à baisser au niveau de la réussite.
Une petite transition que la grande compétition européenne de basket s’apprêtait à vivre. De plus en plus de joueurs essayaient de suivre le rythme sans forcément y arriver. Les tentatives augmentaient au fil des campagnes, certains dépassant même les 9 tirs tentés. Cette saison, cinq joueurs ont tiré au minimum à 6 reprises. Quant aux pourcentages, ce sont presque les mêmes qu’il y a dix ans.
Cela signifie donc que la « révolution Curry » a permis aux snipers de l’EuroLeague d’être plus adroits qu’auparavant.
Selon Jean-Christophe Prat, ancien coach du Paris Basketball, si tant de joueurs cherchent à imiter Curry, c’est simplement dû à ses plus belles actions que l’on montre sur nos écrans.
« Ce qui fait qu’un joueur se lance dans un sport, c’est ce qu’il voit à la télévision. On nous montre toujours des dunks ou des tirs à 3 points, donc, ils veulent le reproduire. Quand vous regardez un match NBA en live, et quand vous regardez les highlights, c’est différent.
Un matin, je regarde les highlights d’une rencontre lors de laquelle Ja Morant a été exceptionnel. Il a marqué 40 points en dunkant sur tout le monde. En voyant ça, on se dit le match était génial. Je me le suis coltiné et c’était une purge. Vous croyez que les jeunes regardent les matchs ? Non, juste les highlights. C’est à nous en tant que coach d’orienter le travail. Ce n’est pas que ça un match de basket. »
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