Le mieux chaussé, c’est Cordinier

Isaïa Cordinier a enfilé ses chaussures de bonhomme pour mener l'équipe de France à une nouvelle finale aux Jeux Olympiques.

Le mieux chaussé, c’est Cordinier

« En fait, on est des cailleras. Et quand on joue comme des cailleras, ben voilà ce qui se passe », résumait honnêtement Isaïa Cordinier après avoir racketté aux Canadiens puis aux Allemands leur goûter Olympique. Les joueurs de l’équipe de France ont joué comme des thugs, combatifs, acharnés, jamais vaincus, le quart et la demi-finale de leur tournoi. Mais la plus grosse racaille, c’est lui, le gars de Créteil, dans le Val-de-Marne.

Il est celui qui mène la révolte depuis deux matches. Les Bleus se sont transformés depuis qu’ils ont quitté Lille pour Paris. Parfois mous, trop friables et trop inconstants et donc globalement décevants en phases de poule, ils sont bien plus conquérants depuis le début des matches à élimination directe. Et c’est à quelques kilomètres de sa banlieue, à l’Accor Arena de Bercy, en bordure de son département, que Cordinier incarne le visage de cette métamorphose.

Le joueur de 27 ans amène de la percussion, de la création, du scoring et de l’intensité à chacun de ses passages sur le terrain. Ces derniers sont de plus en plus nombreux et de plus en plus longs. « C'est dingue ! Il marche sur l'eau, il nous porte offensivement, défensivement, il est dans l'énergie. Ça fait deux matchs qu'il est énorme et j'espère qu'il en fera un troisième comme ça », note son coéquipier Matthew Strazel.

Remplaçant lors des trois premiers matches, Isaïa Cordinier a été bombardé dans le cinq majeur contre le Canada. Avec 25 minutes à la clé. Puis 33 contre l’Allemagne. Son temps de jeu est passé de 14 à 29 minutes entre les poules et la phase finale. Parce que Vincent Collet n’a pas d’autres choix que de le laisser sur le parquet et de s’appuyer sur lui.

L’arrière de la Virtus Bologne n’est plus seulement un titulaire indiscutable : il devient carrément par moment la pierre angulaire de l’équipe, par son dynamisme et son énergie. C’est même lui qui prend les tirs en fin de possession par moments. « Il est en confiance et il nous en donne. Il est dans ce registre et il nous fait beaucoup de bien. Il parle de plus en plus, il est de plus en plus vocal. Et ça se voit sur le terrain. C’est un joueur de caractère et quand il ressent des choses, il n’hésite pas à le montrer et ça donne de la force à l’équipe », poursuit Strazel.

Guerschon Yabusele, la mélodie du Dancing Bear

Il a donné le ton en ouvrant la partie avec deux tirs primés contre le Team Canada. Les Français ont suivi son exemple pour prendre 14 points d’avance tôt dans la partie. Il a fini avec 20 pions et 3 interceptions. Rebelote contre l’Allemagne avec 16 pions au compteur et 7 rebonds en prime. En plus des lancers-francs pour la gagne à 7 secondes du buzzer.

Cordinier se fait un nom. Kevin Durant a beau avoir du mal à le prononcer, il a remarqué les performances du bonhomme. « Il a été lancé et joue un basket incroyable », estime l’Américain. Vrai reconnaît vrai. D’ailleurs, les plus fins puristes souligneront que l’ancien joueur de Nanterre s’était déjà montré très précieux lors de la Coupe du Monde complètement raté par l’EDF l’an passé. Il en était l’une des rares satisfactions alors qu’il venait simplement en tant que joker médical à l’époque.

Il a gravi les échelons depuis. Comme Guerschon Yabusele, il est l’un des rares joueurs bleus à se montrer très régulier. Ils sont aujourd’hui les deux principaux atouts de leur équipe. « Guerschon leur a cassé la gueule, Isaïa aussi », lâchait Evan Fournier après la victoire hier. Un truc de cailleras. Maintenant, Isaïa Cordinier n’a plus qu’à enfiler sa plus belles paires de TN pour aller maltraiter les touristes cainris en voyage dans la capitale.