L'une des plus magnifiques performances de LeBron James en carrière est incontestablement son game 6 contre Boston en finale de la Conférence Est en 2012, l'année de son premier titre avec Miami. Alors que les Celtics espéraient faire mordre la poussière au Heat et son Big Three, LeBron a évité l'élimination aux siens avec une copie folle : 45 points, 15 rebonds, 5 passes. Bill Simmons, le patron de The Ringer, alors chez Grantland, a raconté cette performance dantesque à laquelle il a assisté au TD Garden en tant que fan hardcore des Celtics. Son récit est, comme souvent avec lui, superbement écrit et retranscrit bien la magnitude de ce qu'a accompli le King ce soir-là. On vous a traduit ça.
"LeBron avançait avec un regard effrayant sur son visage, une expression relaxée, détachée, qui voulait dire... et bien on ne savait pas trop. Est-ce qu'il était énervé ? Est-ce qu'il avait abandonné ? Est-ce qu'il avait finalement tourné le dos à ses coéquipiers ? Il interagissait à peine avec eux, perdu dans son propre petit monde, comme s'il portait un casque pour écouter de la musique que l'on ne voyait pas.
Puis d'un coup, les tirs ont commencé à tombe. Swish. Swish. Swish. C'est comme si Miami avait réalisé que les Celtics n'avaient personne pour défendre sur LeBron James. Et plus important : LeBron l'a réalisé. Il a cessé de se soucier de partager le ballon, d'impliquer ses coéquipiers, de trouver un joueur ouvert et d'être aimé.
Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je sais juste que les tirs n'ont pas cessé de rentrer. Après son cinquième coup de poignard à peu près (il en a mis 10 de suite), le public a commencé à gronder sur chacun d'entre eux. Si vous avez déjà assisté à un match où cela se produit, vous savez qu'il n'y a aucun son plus meurtrier. Il a assassiné à lui seul l'un des publics les plus abasourdis que j'ai pu connaître à Boston : 30 points en première mi-temps. 30 ! Tout ça avec ce regard vide. C'était comme regarder en vidéosurveillance un serial killer démembrer froidement un corps, puis déposer les éléments dans le frigo. Sauf que là, on était sur place.
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Je sais que Michael Jordan a eu des matches aussi étourdissants. D'autres également. Mais pas avec un tel enjeu. Ce n'était pas juste un match à élimination directe. C'était la carrière entière de LeBron James qui passait au tribunal. Il ne lui a fallu qu'une heure pour dire aux jurés : 'rentrez chez vous, je suis l'un des meilleurs joueurs de tous les temps. Cessez de vous en prendre à moi, de parler des choses dont je ne suis pas capable, de me demander plus que vous ne l'avez jamais demandé à d'autres joueurs, de me blâmer pour une décision stupide que je n'aurais jamais dû prendre. Arrêtez de dire que je suis faible, que je ne veux pas gagner. Arrêtez'.
Les fans étaient dans un tel état de choc que beaucoup d'entre eux, mon père et moi y compris, ont quitté la salle alors qu'il restait trois minutes à jouer. Pas parce qu'on était de mauvais supporters ou que l'on voulait éviter les embouteillages. Mais parce que l'on ne voulait plus être là. On voulait fuir LeBron. Il a ruiné ce qui aurait dû être une nuit magique. On n'a pas eu la moindre occasion d'encourager, de renverser le match, de motiver nos joueurs. Il a pointé une télécommande dans notre direction et a appuyé sur le bouton 'mute'. C'était comme d'être pris dans un accident de voiture. LeBron a roulé sur 18 000 personnes".