On pourrait qualifier de « vintage » la performance de James Harden, auteur de 31 points et 9 passes lors du Game 3 entre les Philadelphia Sixers et le Miami Heat dimanche soir. Un adjectif assez fou pour une superstar qui semblait encore dominer toutes les défenses NBA il n’y a pas si longtemps que ça. Mais à 32 ans, l’ancien MVP n’est plus le même joueur. La faute à des blessures à répétition, notamment aux ischios, qui lui ont fait perdre en explosivité.
Il ne peut plus se montrer aussi tranchant balle en main. En tout cas, pas tous les soirs. Sauf qu’il existe continuellement un décalage entre le niveau « réel » des athlètes et leur perception auprès du public. C’est pourquoi, finalement, on s’attendait à retrouver le Harden des Houston Rockets lors des deux premiers matches de la série, disputés sans Joel Embiid. Celui qui terminait meilleur scoreur de la ligue trois saisons de suite en claquant notamment 36 points par match avec quelques triple-doubles à plus de 50 unités.
C’est encore en lui. Il peut évidemment sortir des performances ahurissantes. Mais de manière très ponctuelle désormais. Les Sixers ne l’entendront évidemment pas de cette oreille. Pour Doc Rivers, la prestation s’explique simplement par « James qui fait du James. » Autrement dit, business as usual. L’intéresse minimise aussi le côté évènementiel de son carton avec un « j’ai juste mis mes tirs. »
Mais le contraste entre sa déclaration et sa série de 12 matches consécutifs en playoffs est saisissante. Quelques jours plus tôt, il confiait aussi « être le joueur collectif ultime », une façon de recentrer le débat sur son évolution en tant que playmaker. Oui, il marque nettement moins – sous les 20 points de moyenne depuis le début de la compétition – mais il n’a jamais été aussi altruiste.
Il se murmure aussi que le vétéran serait prêt à accepter un salaire inférieur au maximum cet été, après avoir activé son option. Le signe qu’il reste tout de même conscient d’une légère perte de vitesse. Aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. Toujours un peu plus direct, Embiid a commenté les 31 points de son camarade en rappelant que « c’est pour ça qu’il est là. »
Sans doute sans le vouloir, le pivot All-Star a mis le doigt sur un potentiel problème à Philadelphia. Les Sixers ont fait venir James Harden pour qu’il assume un rôle de superstar. Pas celui de troisième ou quatrième option qui alimente Tyrese Maxey et Tobias Harris en bons ballons. Et jusqu’à présent, le barbu peinait à enfiler son ancien costume, dans lequel il ne rentre plus tout à fait.
Son agressivité a tout de même fait la différence dimanche soir. Il a tenté 18 tirs, dont 10 trois-points. Avec aussi 10 lancers. Ce n’était pas encore arrivé une seule fois depuis le coup d’envoi des playoffs. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’a sans doute pas besoin d’en faire beaucoup plus grâce à la présence d’Embiid à ses côtés. Le retour du Camerounais lui donne un peu plus de libertés, lui qui subissait la défense étouffante du Heat. Là, il peut s’exprimer.
Ses 6 paniers primés ont fait mal à Miami. Leur timing encore plus. 16 de ses 31 points ont été inscrits dans le quatrième quart-temps. C’est peut-être ça, la meilleure formule : un James Harden qui essaye de faire circuler pendant la première partie du match avant de monter en puissance et de faire la différence dans le money time. Un peu comme son ancien coéquipier Chris Paul le fait aux Phoenix Suns. En tout cas, les Sixers vont encore avoir besoin qu'il se chauffe sur un ou deux matches pendant la série pour avoir une chance d'atteindre les finales de Conférence à l'Est.
CQFR : Le réveil de Harden porte Philly, Dallas contrarie encore Phoenix