L'euphorie durera ce qu'elle durera. Le Jazz n'a pas vocation à faire partie des meilleures équipes de l'Est et personne n'en voudra à Will Hardy et à ses joueurs lorsqu'ils rentreront dans le rang. En attendant, il faut profiter et se réjouir. Ces joueurs n'avaient aucune raison de jouer ensemble à la base. Ils ont été réunis presque par hasard, au gré des trades et de la reconstruction massive déclenchée par Danny Ainge. L'ancien boss des Celtics ne s'est jamais dit "tiens, ce serait bien d'associer Kelly Olynyk, Lauri Markkanen et Jarred Vanderbilt, ce cocktail va nous mener en playoffs". Mais parfois, la magie opère quand des types pas désirés par leur ancien employeur et pas beaucoup plus par leur nouveau, joignent leurs efforts pour donner tort à ceux qui leur promettaient l'étiquette de champions du tanking.
Utah, donc, est à 6-2, et joue au basket avec une envie et une énergie que peu d'équipes arrivent à matcher depuis la reprise. Dans cette belle euphorie, Salt Lake City s'est trouvé un nouveau chouchou, après 5 ans marqués par le tandem Donovan Mitchell-Rudy Gobert, avec les hauts et les bas que l'on connaît dans leur relation. Lauri Markkanen a d'abord pris cette nouvelle expérience en NBA avec scepticisme, après une escale à Cleveland et des premières années en dents de scie à Chicago, où il a un temps incarné l'espoir de renouveau.
Le Finlandais se voyait bien rester chez les jeunes et ambitieux Cavaliers. Apprendre à deux jours du début de l'EuroBasket 2022 qu'il était envoyé au Jazz, une équipe que tout le monde imaginait embarquée dans la Wembanyama Race a assurément été déroutant. Plutôt que de déprimer, Markkanen a pris le parti de se dire qu'il devait désormais montrer qu'il n'était pas un joueur que l'on bringuebale d'une franchise à l'autre.
Le 7e pick de la Draft 2017 a d'abord été fantastique pendant l'Euro. Personne n'y a marqué plus de points que lui (195) et sa moyenne au scoring (27.9), la deuxième du tournoi derrière Giannis Antetokounmpo, a porté la Finlande jusqu'en quarts de finale. Cette confiance acquise avec les Susijengi (la meute de loups en VF), il l'a emmenée dans ses bagages. Depuis le début de la saison, Lauri Markkanen irradie offensivement (22.6 points par match) lui qui n'a jamais dépassé 18 points de moyenne, prend plus de 9 rebonds par match, a quasiment triplé sa moyenne de passes décisives (3) et semble même avoir décidé de devenir plus sérieux dans la protection du cercle.
"Lauri a un bon footwork et il sait utiliser sa taille et sa longueur. C'est un 7 footer, il ne faut pas l'oublier. Tout ça, plus sa qualité de déplacement, fait de lui un bon défenseur", explique Will Hardy.
MIP et All-Star cette année ?
Son match contre Memphis, l'une des meilleures équipes de l'Ouest, la nuit dernière, est venu confirmer l'impression des derniers jours. Markkanen est LE joueur à neutraliser pour les adversaires du Jazz, mais rien ne semble le décontenancer ou le sortir du confort qui lui permet de shooter à 50% depuis la reprise. Il a signé face aux Grizzlies son quatrième double-double (31 points, 12 rebonds) en huit matches.
Lauri Markkanen brought it on both ends, dropping 31 PTS and logging a career-high 4 BLK in the @utahjazz victory to stay undefeated at home! #TakeNote@MarkkanenLauri: 31 PTS, 11 REB, 4 BLK (career-high) pic.twitter.com/gKmDuV7X6v
— NBA (@NBA) November 1, 2022
"Je pense que je me suis amélioré chaque année, mais ce n'est pas à moi de dire si je suis au meilleur niveau de ma carrière. J'ai encore beaucoup de choses à travailler pour avoir le package complet", a modestement avoué le "Finnisher", après sa performance contre Memphis.
C'est peut-être ça le plus intéressant, d'ailleurs, indépendamment des résultats collectifs du Jazz. Lauri Markkanen est très loin d'avoir trouvé son rythme de croisière à 3 points (31% contre 36.3% en carrière) et sa relation joueur/coach avec Will Hardy n'en est qu'à ses balbutiements. L'ancien adjoint de Gregg Popovich, décrit comme le nouveau prodige du coaching NBA à 34 ans, a déjà déverrouillé quelques portes chez son joueur. On n'ose pas imaginer ce qu'il en sera après plusieurs mois ou plusieurs années de collaboration.
En attendant, Markkanen est lancé sur une campagne qui peut le mener tout droit au titre de MIP et, pourquoi pas, à une première sélection au All-Star Game. Après seulement 8 matches, il déclenche en tout cas déjà des scènes de liesse à la Vivint Arena, là où tout le monde s'attendait à entendre les mouches voler. C'est peut-être le début de l'ère "Lauri Legend" à Salt Lake City.