« C’est injuste de comparer les hommes entre eux. Surtout que nous parlons de joueurs issus d’environnement différent. Mais il y a beaucoup de similitudes dans la façon dont jouent Lauri et Dirk. Si Lauri reste en bonne santé et s’il bosse aussi dur que Dirk a bossé, alors il peut atteindre son niveau. »
Le nouveau Dirk, un de plus. Lauri Markkanen, alias Nowitzki 3.0. Sauf que, dictature de l’instant oblige, cette comparaison injuste et injustifiée prend une toute autre allure maintenant que le prodige finlandais enchaîne carton sur carton à l’Eurobasket. Pour sa première compétition FIBA, le natif de Vantaa fait sensation. Il est tout simplement le troisième meilleur marqueur du tournoi avec 22,5 points par match. A ses paniers à gogo s’ajoutent 7,3 rebonds. Le tout avec une réussite bien Nowitzki-ènne : 56% aux tirs et 50% à trois-points.Lauri Markkanen, bonne pioche des Bulls
En quatre matches, le géant est parvenu a redonné le sourire (ou la trique… ou les deux) à des supporteurs de l’Illinois castrés et démoralisés par les décisions plus ridicules les unes que les autres des deux clowns dirigeants de la franchise : Gar Forman et John Paxson. Mais si les deux rigolos ont visiblement du mal à instaurer un climat sein et apaisant au sein de l’organisation, ils ont au moins le mérite d’avoir du nez en ce qui concerne les jeunes. Sauf pour Cameron Payne. Oubliez Cameron Payne. Personne n’a jamais entendu ce nom. D’ailleurs, c’est qui, Cameron Payne ? Bref, se moquer, c’est facile, mais si les Bulls ont investi sur Markkanen, c’est plutôt bon signe. Surtout qu’ils ont récupéré le septième choix de la dernière draft en cédant principalement Jimmy Butler, seul All-Star à bord d’un navire sans capitaine.« Lauri était le meilleur joueur disponible à ce moment de la draft. Il correspond à ce que nous voulons pour notre équipe et son jeu colle avec la NBA actuelle », expliquait Forman, très formel, lors de l’introduction de son nouveau rookie à Chicago.
Coller avec la NBA moderne, pour un grand, cela revient justement à faire du Nowitzki. La légende bavaroise des Dallas Mavericks a mené une révolution en plantant des banderilles de loin, poussant ainsi les défenses à s’écarter. A l’époque, c’était peu commun. De nos jours, c’est la norme. Et un joueur qui n’est pas capable de mettre des trois-points a nettement plus de chances de finir au placard.Intérieur moderne... et plus encore
Du haut de ses sept pieds (2,13 m, comme Dirk), Lauri Markkanen peut arroser de loin. Il l’avait déjà montré en NCAA mais il fait encore plus fureur sur cet Euro. Il dégaine, il dégaine de loin et il dégaine vite. https://twitter.com/Mike_Schmitz/status/904529939235561477?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.theringer.com%2Fnba%2F2017%2F9%2F5%2F16254780%2Flauri-markkanen-eurobasket Un shooteur de cette trempe à ce poste, c’est l’assurance d’élargir les lignes au maximum et donc de laisser des espaces aux bouffeurs de ballons adeptes des pénétrations. L’idéal pour la NBA. C’est aussi une super option pour jouer du pick-and-pop à gogo, un autre système très populaire outre-Atlantique. Sauf que ce qui nous a marqué justement, ce n’est pas seulement sa capacité à tirer de loin. Grand, blanc, Européen, comparé à Dirk… il était facile de se douter que le Markkanen pouvait planter derrière l’arc. Non, pas contre, ses belles promesses montrées sur le drive, ça, ça nous titille un peu plus. Parce que le jeune homme marque au final assez peu à trois-points. Dix de ses quatorze tentatives par rencontre se font dans l’arc. Il sait donc aussi chatouiller les intérieurs dans la peinture. Il les provoque et les pousse à la faute (5 lancers par match), les dépasse et termine près du cercle. C’est d’autant plus intéressant parce que ça c’est un truc que Dirk Nowitzki sait aussi faire. Pas Ryan Anderson. Pas John Leuer. C’est ce qui fait la différence entre une carrière de joueur de devoir et une carrière de superstar.« Il n’a montré qu’une partie de son talent », promettait à la presse française Jamar Wilson, meneur américain naturalisé finlandais, après les 24 points de son coéquipier contre la Slovénie. « Il travaille tellement dur. C’est un coéquipier modèle. Oui il est très jeune, mais déjà tellement en avance pour son âge. Il va devenir un excellent joueur car en plus de ses qualités c'est une éponge, il écoute beaucoup et respecte énormément le jeu. »
Vous avez compris, il a l’attitude pour briller au plus haut niveau. Pas seulement en FIBA, mais aussi NBA. Parce qu’après tout, c’est le but. Sa carrière professionnelle, c’est aux Etats-Unis qu’il espère la mener. Et là, faut faire gaffe. Gaffe à ne pas crier victoire trop vite. Ses prestations en Summer League étaient par exemple moins bandantes : un peu moins de 15 pions par game mais avec une réussite dégueulasse. Dans la grande ligue, les gabarits des intérieurs adverses sont bien différents. Les gars sont plus mobiles, plus costauds et plus athlétiques. Bien plus à même de secouer le gamin et de l’empêcher de faire la java dans la raquette.