Mais comment Lance Stephenson a-t-il pu tomber si bas ?

Quasi-All-Star il y a deux ans, Lance Stephenson est désormais un paria. Retour sur la chute vertigineuse d'un prodige effronté en quête de rédemption.

Mais comment Lance Stephenson a-t-il pu tomber si bas ?
A peine 26 ans mais déjà six saisons NBA dans les jambes. L’expérience du plus haut niveau avec quatre passages en playoffs et même deux finales de Conférence. Une certaine élégance balle en main. Un playmaker. Un slasher. Un rock athlétique. Solide aux rebonds. De la vista. Un défenseur coriace. Le profil parfait. Le portrait-robot des joueurs que les dirigeants s’arrachent. A un détail près. Il s’appelle Lance Stephenson. Un nom et une mauvaise réputation. Il y a deux ans, l’effronté refusait 44 millions sur cinq ans offerts par les Indiana Pacers. Aujourd’hui, « seuls » 100 000 dollars de son contrat minimum sont garantis par les New Orleans Pelicans, sa nouvelle crèche. Et une putain de question : que s’est-il passé ?

Le héros devenu vilain petit canard

[superquote pos="d"]A peine 100 000 dollars de son contrat sont garantis [/superquote]Flashback, trois ans plus tôt. Septembre 2013. Les Pacers viennent de filer un maximum de pognon à Paul George, star montante de la ligue fraîchement nommé Most Improved Player quelques mois auparavant et héroïque adversaire de LeBron James lors des finales de Conférence à l’Est. Plus de 90 plaques laissées sur la table. Larry Bird, le président de la franchise, n’oublie pas de glisser un mot doux à un autre de ses protégés, plus sulfureux.
« La prochaine fois, c’est ton tour. »
Stephenson a à peine 23 ans. Pour beaucoup, c’est encore un gamin à problèmes sélectionné au second tour de la draft 2010. A peine 12 matches joués lors de sa première saison dans la ligue. 42 lors de la suivante, 2,5 points inscrits en à peine 10 minutes et une provocation envers le King en playoffs pour laquelle il passe tout près de se faire casser la gueule par Chris Andersen, Udonis Haslem et Juwan Howard. La blessure de Danny Granger le propulse dans le cinq, il en profite pour devenir un joueur majeur de l’une des équipes phares de la Conférence Est. L’histoire est en marche. Et voilà que le prodige de Lincoln, célèbre lycée de Brooklyn, est adoubé par le grand Bird. Larry la légende a parfois eu du nez. Et, l’espace d’une saison, Stephenson a certainement été son meilleur coup. Avec 13,8 points à 49%, 7,2 rebonds et 4,6 passes cumulés, le tout en jouant pour un candidat au titre, il n’est pas passé loin du All-Star Game en 2014. Sa campagne pour l’événement le mettant en scène sous le personnage de « Sir Lance A Lot » était hilarante. Il faisait le pitre. Et tout le monde se marrait. Il était le gentil clown. Le mec qui siffle dans l’oreille de James. Les blagues, mêmes les plus débiles, sont pardonnés au génie. Et, à l’époque, il y avait du génie en lui. Mais les meilleures vannes sont aussi les plus courtes. http://www.dailymotion.com/video/x4ryx1n_quand-lance-stephenson-soufflait-dans-l-oreille-de-lebron-james_sport [superquote pos="d"]Lance Stephenson et Evan Turner, trajectoires opposées[/superquote]Août 2016. La ligue s’est gavée. Du pognon aux quatre coins du pays. L’entrée en vigueur du nouveau contrat télévisé a provoqué la hausse extraordinaire du Salary Cap. Evan Turner, back-up catastrophique de l’ex-enfant terrible des Pacers il y a deux ans, a pris 70 millions de dollars. 70. Stephenson ? « Il sera peut-être contraint de jouer en Europe », rapporte le Boston Globe. Plus personne ne voulait de lui. Même les New York Knicks, habitués à prendre des décisions complètement loufoques, n’ont pas souhaité le signer après qu’un bref intérêt ait été relayé dans la presse. Même les Memphis Grizzlies, avec qui il a pourtant fini la saison en trombe avec 14,2 points à 47% (35% à trois-points) et 4,4 rebonds en 26 minutes n’ont pas activé l’option sur son deal, préférant le laisser faire le zouave ailleurs. Même les Brooklyn Nets ont refusé de céder Joe Johnson en l’échange de Lance, tout ça pour couper - sans contrepartie donc - le vétéran un peu plus tard. Entre Stephenson et rien ? Rien, s’il vous plait. Voilà à quel point il est tombé bas. Sa signature aux Charlotte Hornets en 2014 (pour 27 millions sur trois ans) a brisé son élan. Il ne s’est jamais imposé en Caroline du Nord et les dirigeants ont préféré l’envoyer aux Los Angeles Clippers où il n’est pas parvenu à se faire une place. Il a ensuite été refourgué aux Memphis Grizzlies ravagés par les blessures l’an passé.

La dernière chance de relancer sa carrière NBA ?

[superquote pos="d"]Une opportunité à saisir aux Pelicans [/superquote]Started from the bottom and... back at the bottom. Peut-être que « Born Ready » n’était finalement pas prêt. Pas préparé à ça. Il semblait si désespéré cet été qu’il a même envisagé un retour aux Pacers. Ce sont finalement les Pelicans qui ont pris le risque d’ajouter un joueur dont les gamineries n’amusent plus personne. Une étiquette de cancer de vestiaire peut être difficile à décoller. Mais il suffit parfois d’une bonne opportunité - d’une bonne saison - pour se relancer pour de bon. Et Lance Stephenson en a les moyens. Jrue Holiday, meneur titulaire de New Orleans, sera indisponible en début de saison en raison de la grave maladie dont est atteinte sa compagne. Aucune date de retour n’est prévue pour Tyreke Evans. Ne restent donc plus que Tim Frazier et E’Twaun Moore en concurrence avec l’ancien Pacer pour le poste de premier playmaker/ball-handler de l’équipe début octobre. Typiquement l’opportunité parfaite pour Stephenson. La structure de son contrat témoigne de la méfiance des franchises NBA à son égard. Les Pelicans n’ont pas pris de risques. Mais si le garçon retrouve de sa splendeur, c’est un coup gagnant. C’est peut-être maintenant ou jamais pour lui. « Sir Lance a Lot », il est temps de se remettre en selle.