Comment San Antonio a attiré LaMarcus Aldridge
[caption id="attachment_127585" align="alignleft" width="318"] Gregg Popovich, heureux après la signature de LaMarcus Aldridge.[/caption] Pour la plupart d'entre nous, fans de basket, et encore plus fans français, il nous est facile d'imaginer pourquoi Aldridge a rejoint la franchise texane. Pourquoi ? Parce que les Spurs. Parce que cinq titres en quinze ans. Parce que Tim Duncan. Parce que Gregg Popovich. Parce qu'une organisation démentielle qui a encore étalé le reste de la ligue de sa classe et de sa supériorité en réalisant le plus gros coup du marché des transferts. Ce n'est pas un terrain sur lequel nous sommes habitués à voir les éperons briller. Certes, R.C. Buford (le GM) et coach Pop multiplie les paris gagnants été après été mais la franchise texane n'a jamais vraiment été en position de recruter des superstars via la free agency. Elle n'en a pas forcément eu besoin non plus au cours de ces quinze dernières années. Les Spurs se sont construits autour de Tim Duncan puis autour de leur Big Three et se sont assurés de conserver leur star et de leur offrir le meilleur supporting cast possible. [superquote pos="d"]Aldridge a peut-être simplement compris qui il est en NBA : Une star mais pas un leader[/superquote]Attirer un gros poisson à Fort Alamo devenait en revanche une nécessité à quelques encablures de la fin de carrière de la légende Duncan. Kawhi Leonard est taillé pour reprendre le flambeau mais il valait mieux lui apporter l'aide d'un All-Star déjà confirmé. Les Spurs ont ciblé deux joueurs : Marc Gasol et LaMarcus Aldridge. Le premier n'a jamais laissé le moindre doute sur son intention de prolonger à Memphis, le second a préféré quitter Portland, esquiver Los Angeles et New York et a résisté aux charmes de Phoenix pour s'installer du côté de la "River City". Les motivations d'Aldridge pourraient nous sembler évidentes mais son départ a tout de même laissé surpris certains dirigeants NBA. Il se dit en coulisse que la star serait un brin jalouse et constamment en quête de reconnaissance. Il se dit que LaMarcus supportait mal de partager la lumière des projecteurs avec Brandon Roy, Greg Oden (avant qu'il se brise les genoux) puis Damian Lillard. Il se dit qu'il voulait briller au sein d'un grand marché pour enfin être reconnu à sa vraie valeur. Pourtant, en rejoignant San Antonio, il va découvrir une franchise où le collectif prime systématiquement sur l'individu et où les stars acceptent de mettre leur ego de côté pour le bien du groupe. Il sera dans l'ombre de Tim Duncan, un futur Hall Of Famer et meilleur joueur de l'histoire à son poste. Il devra plus tard accepter de diriger l'équipe avec Kawhi Leonard, MVP des finales en 2014 et successeur désigné de Duncan par Popovich himself. Alors pourquoi sommes-nous si peu surpris et aussi excités à l'idée de le voir porter les couleurs de San Antonio ? Parce que les Spurs."Je pense que sa famille a joué un rôle important dans la décision. Ses enfants habitent aux Texas, ils ont grandi maintenant", tente d'expliquer un dirigeant NBA. "Et puis ce sont les Spurs... il n'y a rien à dire à ce niveau-là."Parce que les Spurs... LaMarcus Aldridge a peut-être compris qu'il est vraiment en NBA : une star extrêmement efficace en attaque mais qui n'a pas la personnalité pour s'affirmer comme un vrai leader au sein d'un vestiaire. Wesley Matthews et Damian Lillard semblaient assumer ce rôle à Portland. Aldridge a essayé mais le joueur est décrit comme un individu introverti et à la personnalité changeante. Difficile de délier le vrai du faux mais toujours est-il qu'il n'a jamais démontré sa capacité à assumer le leadership d'une franchise en mesure de VRAIMENT jouer le titre. Il n'aura pas à tenir ce rôle à San Antonio. En revanche, son apport offensif fait de l'équipe texane une armada redoutable. REDOUTABLE.
Une puissance de frappe surréaliste
[caption id="attachment_262465" align="alignleft" width="318"] Avec Tim Duncan et LaMarcus Aldridge dans la raquette, les Spurs nous font un remake des tours jumelles.[/caption] Les éperons inscrivaient 106,2 points sur 100 possessions lors de la saison écoulée, soit la septième marque de la ligue. Le tout avec un Tiago Splitter aligné en pivot. Aldridge évoluera au poste d'ailier-fort (avec Duncan décalé en 5) et il est l'un des attaquants les plus efficaces de la NBA."Ils ont plus de puissance en attaque désormais. Ils seront plus explosifs. Ils ont maintenant l'un des meilleurs joueurs de la ligue dos au panier", poursuit le dirigeant NBA.'LMA' est parfois "critiqué" pour sa tendance à shooter à mi-distance - un tir de plus en plus proscrit au sein de la ligue moderne - mais il ne faut pas oublier pour autant que 1) il excelle de cette distance 2) il excelle aussi dos au cercle. Le jeu des Spurs devrait rester le même avec toujours cette recherche d'une circulation de balle accrue et du meilleur tir possible. Aldridge devrait en profiter pour obtenir quelques shoots ouverts à mi-distance ou dans l'un des corners. Mais sa présence permet aussi à San Antonio de se renforcer sur attaque placé avec une star susceptible de terrasser ses adversaires en un-contre-un ou de provoquer des prises à deux. Avec Danny Green et de nombreux shooteurs dans les parages, les adversaires des Spurs hésiteront à deux fois avant de trapper sur Aldridge.
Les Spurs peuvent viser le titre en 2016, 2017, 2018... et ainsi de suite ?
[caption id="attachment_284490" align="alignleft" width="318"] Kawhi Leonard et LaMarcus Aldridge seront les deux patrons des Spurs dans les années à venir.[/caption] Sa défense n'est pas au niveau de ses qualités offensives - mais c'est le cas pour la plupart des superstars NBA - mais les présences de Leonard, Green et Duncan assurent aux Spurs un noyau dur de ce côté du parquet."Il peut switcher sur les pick&roll", assure le dirigeant. "Ses statistiques en défense seront plus flatteuses en raison des schémas et de la tradition des Spurs."San Antonio s'est clairement mis en position de remporter le titre 2016 en embauchant celui qui voulait s'imposer "comme le meilleur Blazer de l'histoire". Les dirigeants vont ainsi offrir un dernier run pour une bague à Tim Duncan (histoire de compter un titre de plus que Kobe Bryant et autant que Michael Jordan) mais ils ont aussi assuré l'après TD. Ou comment faire d'une pierre deux coups. Ou comment réaliser un nouveau coup de maître. Ou comment se renouveler une nouvelle fois lorsqu'on domine une ligue sur l'ensemble des quinze dernières années. Comment ? Pourquoi ? Parce que les Spurs, tout simplement.