« C’est difficile pour les fans des gros marchés comme Los Angeles, Miami et New York de voir ce qu’un gars comme lui est capable de réaliser », avouait Kevin Durant à l’issue d’une rencontre entre les Blazers et le Thunder dominée par LaMarcus Aldridge.Au sein d’une franchise un peu plus exposée, « LMA » serait une star au rayonnement national. Mais voilà, il joue à Portland, « une ville trop petite et trop ennuyeuse » pour la star selon un journaliste de l’Oregonian, le journal local. C'est en passe de changer. Les Blazers renaissent de leurs cendres depuis le début de la saison. Les hommes de Terry Stotts mènent la danse au sein de la Conférence Ouest – 21 victoires et 4 défaites – et LaMarcus est au centre des conversations. Enfin. L’intérieur a été nommé meilleur joueur de la semaine (avec 25,5 points et 14,8 rebonds de moyenne) à l’Ouest pour la troisième fois déjà cette saison ! Ce n’était plus arrivé depuis 23 ans pour un joueur des Blazers. Aldridge succède ainsi à Clyde Drexler, un Hall-Of-Famer.
My name is my name
4 décembre 2013, Moda Center. LaMarcus Aldridge a tout fait au Thunder ce soir-là. 38 points, 13 rebonds, 5 passes, 2 interceptions, zéro balle perdue. Net et sans bavures. Le public se prend au jeu et des « MVP, MVP » s’élèvent des tribunes. « Enfin », glissait Nicolas Batum.« Je suis là depuis longtemps et j’ai très rarement entendu ce genre de chants à mon égard », assurait Aldridge de son côté.Le héros des Trail Blazers a longtemps couru après la reconnaissance, quitte à fâcher une partie de son public. Après une énième saison terminée en eau de boudin, il aurait demandé à quitter la franchise cet été. « Trop émotionnel », comme il l'expliquera plus tard, trop fatigué de perdre, Aldridge en a marre d'être dans l'ombre. Il veut rejoindre un marché à la hauteur de son talent. Il veut gagner, tout simplement. Neil Olshey, le GM, a pris les demandes de sa star au sérieux. Les dirigeants ont offert à leur ailier fort un supporting cast de qualité. Pour la première fois, il est vraiment considéré comme le patron de la franchise. Il n'est plus le « leader par défaut » des Blazers orphelins de Brandon Roy et Greg Oden. LaMarcus Aldridge a atteint petit à petit le statut abstrait mais parfois si important de superstar. [caption id="attachment_125698" align="alignleft" width="300"] LaMarcus Aldridge a retrouvé le sourire.[/caption] L'éditorialiste Bill Simmons en a fait l'un de ses candidats pour le titre de MVP. « Il mérite d’être dans la discussion », assure Wesley Matthews. Être au centre des conversations est déjà une première victoire. Dans les chiffres, LaMarcus Aldridge est moins indispensable à son équipe que Paul George, Kevin Durant ou LeBron James, trois autres candidats à la plus haute récompense individuelle. Mais le Texan porte à bout de bras une franchise historique revenue au premier plan. Et les journalistes votants aiment bien les histoires... Il faut dire que l'intérieur talentueux met le paquet depuis le début de la saison. Il ne fait plus seulement des statistiques, il fait gagner son équipe. Aldridge a pris l'habitude de répondre présent dans les matches importants. Jugez plutôt. 24 points, 7 rebonds et 4 passes dès le 2 novembre, pour une victoire face aux San Antonio Spurs. 30 pions et 21 rebonds le 23 novembre lors d'un succès contre Golden State. 28 points et 10 rebonds pour faire tomber les Indiana Pacers début décembre. Encore plus fort, deux jours plus tard, LaMarcus Aldridge allume le Thunder avec 38 points et 13 rebonds. Et que dire de ce match de mammouth face à Houston, lorsqu'il a cumulé 31 points et 25 rebonds ? [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=vB3Fr-NzTE8[/youtube]
Nouveau rôle pour une nouvelle vie
Symbole de ce changement de statut, Aldridge a été acclamé par le public connaisseur de Salt Lake City lors d'une victoire des siens sur le parquet du Jazz, avec 24 points du champion.« Je n’avais jamais entendu ce genre de chants (MVP, MVP) à l’extérieur », avouait LaMarcus Aldridge, fier. « J’ai le sentiment que c’est pour ça que j’ai travaillé si dur. »La reconnaissance enfin. Pour y arriver, Aldridge a mûri. A 28 ans, il entre dans la meilleure période de sa carrière et se met à développer son meilleur basket. Toutes ses statistiques sont en hausses mais c'est également son attitude qui a changé. Il est devenu un leader, un vrai. Il n'est pas simplement la première option offensive de sa franchise, il a pris les commandes.
[superquote pos="d"]"Je suis un meilleur leader" Aldridge. [/superquote]« J’ai réalisé que je devais donner un peu plus de la voix (be more vocal) – et je dois continuer à l’être encore plus. J'ai tendance à encaisser les coups. Mais désormais, lorsque le jeu se durcit, je joue mon jeu. C'est là que je commence à devenir un meilleur leader. Je peux toujours shooter mais si la défense fait prise à deux sur moi, je peux toujours faire la passe. Cela fait partie de mon développement. Savoir quand je peux dominer ou quand je dois déléguer. »Avec Damian Lillard à ses côtés, LaMarcus Aldridge dispose de l'un des meilleurs lieutenants de la ligue. Un coéquipier au sang glacé capable d'élever son niveau de jeu dans les derniers instants de n'importe quelle rencontre. La revanche des Blazers a sonné. L'heure de la maturité et de la reconnaissance est venue pour Aldridge. Finis les blablas, les états d'âmes. Il est heureux à Portland mais il est surtout heureux de gagner et d'être désormais considéré comme l'un des meilleurs joueurs de la ligue. Les dirigeants de Portland, eux, n'ont plus de tracas à se faire...