La NBA est de retour, le cirque aussi. Avec les Los Angeles Lakers bien emmitouflés dans leurs costumes de clowns, perruques sur les crânes et gros nez rouges. La franchise hollywoodienne occupe l’attention médiatique. Elle fait constamment l’actualité, qu’elle gagne ou qu’elle perde. Ça ne changera pas tant que LeBron James en porte la tunique.
James, Lakers, autant de mots clés qui font vendre. Encore plus quand ça va mal. Et justement, en ce moment, c’est la catastrophe. Les Angelenos ont perdu leurs trois premiers matches de la saison. Sur le plan comptable, c’est mauvais. Mais est-ce vraiment si catastrophique ? Le sujet serait-il autant décortiqué si les Phoenix Suns ou les Memphis Grizzlies avaient débuté de la même manière ? Bien sûr que non.
Ça n’empêche que le bilan est effectivement alarmant. Sauf que derrière ce 0-3, il y a peut-être des signes encourageants à aller chercher. Parce que tout n’est pas à jeter sur cette première semaine à L.A. Déjà, revenons purement sur les scores et les adversaires.
Lakers @ Warriors : 123-109
Lakers vs Clippers : 97-103
Lakers vs Trail Blazers : 104-106
Trois défaites mais une seule rouste, contre le champion en titre, après avoir été dans le match par moment. Le calendrier n’est pas clément pour les Lakers, qui ont joué deux favoris à l’Ouest et trois candidats aux playoffs dont un concurrent direct sur les places 6-10. Trois défaites, certes, mais deux au terme de rencontres disputées malgré une adresse absolument calamiteuse. Allez, voilà cinq raisons de penser que l’équipe peut relever la barre.
1. La défense !
Les Lakers ont la deuxième meilleure défense NBA au nombre de points encaissés sur 100 possessions : 103,4. L’échantillon est petit donc trop peu significatif mais l’impression visuelle qui se dégage est intéressante. Surtout, l’équipe donne l’impression de progresser dans ce domaine. Contre Golden State, les défenseurs de Los Angeles ont parfois mangé deux, trois coupes dans le dos d’affilée. Ça arrive de moins en moins.
Les trous d’air immondes de la saison dernière semblent en passe d’être gommés et rien que ça, c’est déjà une victoire en soi. Ça pourrait indiquer que le message et le travail de Darvin Ham est entendu. Russell Westbrook est par exemple sous le feu des critiques mais sa défense sur Kawhi Leonard dans le money time contre les Clippers était excellente et décisive.
Les Angelenos sont aussi premiers aux interceptions. Anthony Davis est particulièrement bon en patron de la défense quand il joue pivot. Il est entouré d’athlètes, avec des bras qui gênent les attaquants adverses, que ce soit Westbrook, James, Patrick Beverley, Lonnie Waker IV, le pugnace Austin Reaves ou encore Juan Toscano-Anderson. Le tout est de trouver la bonne rotation pour ne pas être pénalisé en attaque – Los Angeles est la pire équipe en points marqués sur 100 possessions.
2. Les Los Angeles Lakers ne seront pas toujours aussi maladroits
James avait vu juste : si L.A. dispose d’autant de tirs ouverts, c’est parce que l’adversaire laisse cette possibilité. Jusuf Nurkic a fait deux pas en arrières tout en claquant son regard le plus méprisant quand il a vu AD prendre sa chance dans le corner. Ironiquement, la balle a tapé… la tranche.
Pour l’instant, les Lakers ne punissent pas les choix défensifs adverses. Mais ils ne seront pas toujours aussi maladroits. Mathématiquement, ça reste très, très peu probable. Ils sont pour l’instant à 21% de réussite derrière l’arc alors qu’ils sont parmi les dix formations à tenter le plus de 3-points depuis le début de la saison (25 sur 118). Avec un brin d’adresse en plus, ils auraient probablement battu les Clippers et les Blazers.
Stat : L’adresse cataclysmique des Lakers à 3-points
Depuis 2012, aucune équipe n’a fini une saison sous les 30% de loin. Les Lakers se rapprocheront peut-être de cette triste marque si rien ne change dans l’effectif. Mais ils devraient surtout finir par planter un peu plus de tirs.
Reaves est à 28% contre 31 l’an passé. LeBron est à 25 contre 34 en carrière. Kendrick Nunn à 23 alors qu’il n’était jamais descendu sous les 35. Beverley à 21 alors qu’il a déjà fait 6 saisons de suite à plus de 38. Davis ne sait plus tirer depuis l’an passé. Walker est à 17 contre 31 avec les Spurs en 2021. Westbrook est à 8%. Bref, ces gars-là vont mettre des tirs et la dynamique sera alors complètement différente.
3. Les snipers, ça se trouvent, les défenseurs beaucoup moins
Au moment d’évoquer la maladresse des siens, James en plaçait une sur la construction de l’équipe et l’absence de « lasers », c’est-à-dire ces tireurs extérieurs d’élite qui font flipper les défenses adverses. Il a toujours été entouré de joueurs de ce profil parce que sa capacité à créer pour les autres et à attitrer l’attention de la défense en font des compléments idéaux. Mais les dirigeants californiens n’ont pas visiblement pas compris ça.
La piqure de rappel fait mal. Heureusement, en 2022, il est assez facile de trouver des vrais spécialistes sur le marché. Bien plus facile que de trouver des bons défenseurs capables de switcher sur plusieurs positions. L’idéal serait de mettre la main sur des « 3 and D » mais il ne faut pas non plus trop en demander. Ce qui est sûr, c’est qu’il va y avoir du changement dans l’effectif dès le mois de décembre.
4. James et Davis, c’est solide
Pour jouer le titre – ouch – ou au moins les playoffs, il faut une association de stars. C’est rare et donc cher. Les Lakers ont la chance d’avoir deux des 10-15 meilleurs joueurs du monde avec LeBron James et Anthony Davis. Le problème, c’est tout ce qu’il y autour d’eux. Sauf que ça, pareil, ça se change facilement.
En NBA, les hommes deviennent des produits. Les joueurs sont remplaçables quand ils ne sont pas des superstars. Ils sont des monnaies d’échange. Et là encore, il faudrait peut-être juste une rotation de 7-8 joueurs un peu plus cohérentes pour que Los Angeles passe de 0-3 à un bilan équilibré après 25 matches.
5. Darvin Ham
Son message a l’air de passer et sa philosophie est plutôt bonne. Il respecte les analytiques dans le sens où il veut voir son équipe attaquer le cercle et tenter beaucoup de trois-points. Il axe aussi beaucoup sur la défense. Le fond de jeu des Lakers reste faible mais il y a du mieux. Sachant que les équipes de James ont toujours gravité essentiellement autour de lui.
Il n’a pas hésité à mettre Davis pivot dès le début de la saison et c’est vraiment mieux pour Los Angeles. Pourtant AD réclame à jouer quatre. Au final, Darvin Ham ne fait pas d’état d’âme. Pas même avec Russell Westbrook, qu’il n’hésite pas à planter sur le banc par moment. Il le sortira peut-être même de la rotation.
Sur Westbrook, il a souligné justement le vrai problème du fameux tir tenté à 27 secondes du buzzer dimanche soir. Pour lui, ce n’est pas un mauvais choix mais un mauvais tir – et oui, il y a une nuance. Il regrette que le meneur n’ait pas attaqué le cercle alors que Nurkic était à 5 fautes. Mais jouer le « 2 pour 1 » ne le choque pas. Ham voit les petites choses. Il est dans l’encouragement. Il semble à l’aise en matière de basket (heureusement mais ce n’est pas toujours le cas, même en NBA) et fort dans son caractère. Ça va prendre du temps mais sa philosophie peut mener à quelque chose de bien.