L'EuroBasket 2022 a fermé ses portes dimanche sur une frustrante finale France-Espagne perdue par les Bleus. Malgré tout, le tournoi aura été particulièrement divertissant et riche en émotions diverses et variées. Voilà, en vrac, ce que l'on a retenu de ces deux semaines de compétition.
On a aimé : La gigantesque race qu’ont dû se mettre les Polonais avant de jouer contre la France. Vu la gueule de bois qu’ils tenaient et qui nous a permis d’aller en finale, on aurait bien aimé participer à la fête avec eux, Warszawa Style.
On n'a pas aimé : Cette impression de voir le même match France-Espagne depuis 15 ans, avec une faille spatio-temporelle en 2013 qui nous a permis d’affronter la Roja sans Sergio Scariolo. Le gars a le même ascendant psychologique sur Vincent Collet que Mike Tyson sur un poids plume. 6 à 0 pour Scariolo dans les matches en compétition officielle.
On n'a pas aimé : Le fait que TOUT LE MONDE ait dit aux Bleus d’arrêter de perdre des ballons en pagaille, mais qu’ils aient encore salopé 20 possessions (VINGT !) en finale. La folie, c’est de toujours faire la même chose mais d’attendre un résultat différent…
On a aimé : Terrence Tarpey, troisième du nom, empereur du Royaume de France et de Navarre (ah non, merde, encore une victoire de ces fichus espagnols…). Le capitaine du Mans est entré par la petite porte pour se faire une place dans le roster de Vincent Collet et aujourd’hui on ne s’imagine plus vivre sans lui.
Tarpey est le joueur qui a réalisé le plus d’interceptions dans cet EuroBasket 2022, toutes équipes confondues. Il est aussi devenu le Plus/Minus King, avec un différentiel sidérant à chaque match des Bleus (encore le seul en positif lors de la finale). Nous aussi, on veut son maillot qui se vend si bien.
On a aimé : L’abondance de scénarii (oui, on a fait du latin au collège, keskiya ?!) invraisemblables dans cet EuroBasket 2022 plein de rebondissements et de dramaturgie. Globalement, ça a plutôt été en faveur des Bleus, qui se sont pas mal inspirés des Braqueuses de Londres pour avancer dans le tournoi.
On a aimé : Giannis Antetokounmpo. Pour son niveau de jeu, évidemment, lui qui a été élu dans le meilleur cinq du tournoi malgré son incapacité à mener la Grèce au-delà des quarts de finale. Mais aussi, et presque surtout, parce qu’il a fermé sa bouche sur les coups de sifflet tout au long de la compétition malgré son statut de superstar mondiale et double MVP NBA. Vous vous doutez d’où on veut en venir…
On n'a pas aimé : Luka Doncic l’insupportable. En opposition à ce que l’on a vu de Giannis, le rapport de Luka à l’arbitrage est de plus en plus irritant, pour ne pas dire totalement invivable pour un spectateur même fan de lui. Qu’il domine outrageusement des matches (dieu sait que ça a été le cas dans cet Euro) ou qu’il soit en difficulté, le Slovène est constamment dans la contestation et le syndrome de Caliméro.
La nature de son jeu fait qu’il provoque des fautes, parfois grossières, il faut le reconnaître. Mais vriller à ce point en faisant comme s’il y avait une cabale contre lui ou une volonté de lui nuire, c’est épuisant et exaspérant. C’est probablement ce qui l’empêche aujourd’hui d’être totalement adulé et déjà considéré comme le meilleur joueur du monde.
France-Espagne : les notes des Bleus - EuroBasket 2022
On a aimé : Luka Doncic le sublime. Car oui, en dépit de ce que l’on a dit juste au-dessus, qu’est-ce qu’il est fort, bordel de merde. Ses numéros de soliste, ses performances et ses tirs surnaturels ont porté son pays jusqu’en quarts, avec un match à 47 points contre l’équipe de France (un record au 21e siècle). Lorsque l’on arrive à mettre de côté son comportement avec les arbitres, ça touche quand même souvent au divin…
On n'a pas aimé : L’arbitrage dans ce tournoi. Commençons par dire qu’un mauvais arbitrage n’est, à 99.9%, jamais responsable de la déroute ou de la victoire d’une équipe. Simplement, ne serait-ce que du point du vue du spectateur et du sentiment d’équité, c’est quand même mieux quand on n’a pas des parodies comme on en a vu pendant cet Euro.
Il y a quand même eu trois arbitres virés du tournoi (El) manu militari pour une bourde lors de Lituanie-Allemagne, un recours très aléatoire et foutraque à la vidéo et un traitement à géométrie variable selon la réputation des joueurs. Rien d’extrêmement nouveau sous le soleil, mais ça n’en reste pas moins navrant.
On a aimé : le fait qu’il n’y a plus de petites équipes. On l’a vu, même l’Espagne a perdu un match de poule contre la Belgique. Avec tout le respect que l’on a pour nos voisins, on n’aurait pas cru ça possible il y a quelques années. Voir la Pologne, la Finlande et la République tchèque, pour ne citer que ces trois-là, faire de belles compétitions là où elles auraient pris des tarifs monstrueux par le passé, c’est très prometteur.
Il y avait une idée directrice et des intentions de jeu derrière chaque équipe. Le niveau de l’EuroBasket 2022 était déjà très relevé et ça ne va aller qu’en grandissant.
On a aimé : l’éclosion au très haut niveau de Franz Wagner, excellent avec l’Allemagne dans la lignée de sa belle saison rookie. On a hâte de voir la suite en NBA. Ah merde, non, il joue en G League à Orlando…
On a aimé : une autre éclosion, plus discrète, celle de Deni Avdija. Israël n’a pas passé le premier tour en perdant son dernier match de poule contre la République tchèque, mais Avdija a montré qu’il était le patron de la sélection. Son duel avec Lauri Markkanen contre la Finlande et son très bon niveau global, avec du playmaking, du scoring et de la défense, c’est une très bonne nouvelle pour les Wizards.
On a aimé : Guerschon Yabusele. Le Dancing Bear a été l’un des meilleurs Français sur ce tournoi, si ce n’est LE meilleur. L’ancien Celtic a de plus en plus confiance en lui et en son jeu offensif. Question a moitié provoc : au-delà de l’avis que l’on peut avoir sur la naturalisation de Joel Embiid, est-ce qu’on a vraiment envie de moins voir Guerschon sur le terrain ?
On a aimé : Les coups de chaud de Thomas Heurtel. Edwin Jackson a résumé le personnage à merveille.
Je veux plus entendre un commentaire négatif sur thomas heurtel !!!! Il peut être bon il peut être mauvais . MAIS JAMAIS IL NE SE CACHE !!!! #cojones
— edwin jackson (@edjacks) September 14, 2022
On n'a pas aimé : la fin de George Eddy avec les Bleus. Non seulement on est dégouté de savoir qu’on n’entendra plus George sur les rencontres de l’équipe de France, mais on a aussi l’impression qu’on lui a un peu forcé la main en annonçant qu’il n’officierait plus sur ce créneau sans lui laisser la primeur de l’annonce.
Mister George n’est pas mort et vous pourrez toujours le retrouver sur Canal Plus Afrique notamment, pour commenter la NBA. Ca ne doit toutefois pas nous empêcher de lui dire merci d’avoir été la voix qui accompagnait les exploits et désillusions des Bleus pendant toutes ces années, entre autres souvenirs qu’il est encore bien temps de célébrer.
On a a aimé : l’académie de jeu espagnole. Oui, on est un peu sado-maso, mais il faut reconnaître que de jouer à ce niveau-là, avec une telle maîtrise collective, sans aucun frère Gasol, ni Ricky Rubio et dans ce qui aurait dû être un tournoi de transition, c’est prodigieux. C’est sur le plan du basket que la Roja a surclassé les Bleus et remporté cet EuroBasket 2022, point barre.
L’Espagne a toujours une très grosse longueur d’avance sur le reste de la concurrence en matière de formation et de culture basket. C’est dans ce genre de contexte qu’on le comprend bien.
Dégoutés par Juan Hernangómez, les Bleus perdent la finale
On n'a pas aimé : la naturalisation de Lorenzo Brown. C’est justement parce que l’Espagne a un vivier, un savoir-faire et une culture formidables qu’on s’accorde le droit d’être un peu rageux sur ce point précis. On est globalement pas pour les naturalisations sportives, y compris celle de Joel Embiid, mais c’est quand même nettement moins dérangeant quand ça concerne une nation avec des moyens basket modestes et que le joueur a un petit rapport avec la choucroute.
Lorenzo Brown n’avait pas le moindre lien avec l’Espagne. Il n’y a jamais joué et ne parle pas la langue. Le fait qu’il ait été excellent tout au long du tournoi, comme l’avait été Anthony Randolph avec la Slovénie, ça pique quand même un peu…
On a aimé : Gordon Herbert et la défense de l’Allemagne. Les Allemands ont fait honneur à leur statut de pays-hôte et on a même cru un temps qu’ils pourraient aller au bout. Le bronze est déjà une belle performance pour laquelle les fans peuvent remercier leurs joueurs, mais aussi et surtout le sélectionneur Gordon Herbert.
L’ancien coach du Paris Basket de Pau-Orthez a rappelé qu’il était un maître tacticien, capable de faire défendre le plomb à une équipe qui a joué un basket enthousiasmant, discipliné et efficace. La manière dont l’Allemagne nous a harcelés défensivement en match de poule a marqué les esprits.
On a aimé : l’hommage ultra classe à Dirk Nowitzki en ouverture. Même en costard, c’est toujours un kif de le voir sur un terrain.
On a aimé : Rudy Gobert. Les gens vont peut-être rester sur sa finale décevante, mais Rudy a été déterminant et décisif pour les Bleus dans les moments les plus difficiles du tournoi. Défensivement et à la finition, il a pris ses responsabilités pour mener les Bleus jusqu’en finale. Les Wolves ont en tout cas beaucoup dû aimer ce qu’ils ont vu, indépendamment des critiques que l’on entend ici et là sur ses complexes en attaque. Gobert est dans le meilleur cinq du tournoi et c’est ultra mérité.
On a aimé : le coeur de l’Italie. Au final, c’est sans doute leur trop grande émotivité qui leur a coûté leur quart de finale contre la France, mais on avait rarement vu une équipe nationale faire autant corps, du dernier remplaçant au coach, la “Mouche Atomique” Pozzecco.
On a aimé et pas aimé : ce salaud de Rodolfo Fernandez Farres, plus connu sous le nom de Rudy Fernandez. On peut le détester, on peut l’adorer, on peut le putain de DETESTER !!!!, mais sa perf dans les dernières minutes du match contre la Finlande était folle et la manière dont il s’est comporté en vétéran-leader a été admirable. S’il prend sa retraite bientôt, il nous restera un autre Fernandez, Jaime, à détester. L’honneur et les traditions sont saufs.
On a aimé : voir Goran Dragic finir systématiquement premier toutes les contre-attaques. On se serait cru revenu à ses débuts de dragster à l’Euro 2007.
On a aimé : la résilience de l’équipe de France. Parvenir à sortir du trou qu’on a creusé soi-même, match après match et se mettre en position de pouvoir prendre les matches sur le fil, c’est une qualité rare. L’EdF a manqué de constance, mais pas de ressources. Même si la défaite fait mal, même si l'Espagne s'empare de cet EuroBasket 2022, on finit malgré tout sur une superbe médaille d'argent sur laquelle peu de gens auraient misé après le match d'ouverture ou à 75-77, lancers contre nous à suivre, à quelques secondes contre la Turquie et l'Italie. Merci les gars.
Willy Hernangomez MVP de l’Eurobasket 2022, Rudy Gobert dans le meilleur cinq