Kyrie Irving se dirige de plus en plus vers un départ des Brooklyn Nets. Les spéculations autour de son avenir devraient nous surprendre. Un énième rebondissement et un nouveau dossier dramatique qui vient agiter une ligue qui ne s’arrête décidément jamais de tourner. Mais nous sommes presque blasés. Et finalement même pas étonnés que le bougre soit déjà prêt à quitter la franchise qu’il avait rejointe en grandes pompes à l’été 2019.
Ironiquement, s’il finissait vraiment par partir dès cet été, son passage à Brooklyn aura laissé de nombreuses traces… tout en étant quasiment anecdotique sur le terrain. Il n’a joué que 103 matches en trois saisons avec les Nets, pour 27 points de moyenne, certes, mais rien de mieux qu’une élimination au second tour des playoffs en 2021.
Entre temps, il s’est évertué, peut-être même malgré lui, à faire voler en éclat des fondations pourtant solides, établies par les dirigeants et le staff de l’organisation pendant plusieurs années. Ça a commencé dès la première tournée en équipe, quand il refusait d’enlever sa casquette au moment de la photo collective.
« Tu n’auras qu’à la retirer sur Photoshop », rétorquait Irving.
Bien plus grave et contraignant, il remettait en question les méthodes imposées par Sean Marks, le GM, et Kenny Atkinson, le coach. Ce dernier a fini par craquer et par quitter le navire, sentant l’entourloupe. Steve Nash est arrivé sur le banc. Au même moment, « Uncle Drew » livrait toute une théorie sur le fait que lui ou Kevin Durant pouvaient aussi coacher. Dans un autre live Instagram avec son coéquipier et ami, il débattait du nombre de post-ups qui devrait lui être accordé chaque soir.
Ce sont des petits détails mis bout à bout. Mais ils donnent un paysage d’ensemble du bordel ambiant créé et alimenté par l’ancien meneur All-Star. Mais une étape a été franchie quand il a refusé de se faire vacciner contre le COVID-19, malgré les lois en place à New York qui l’empêchaient alors de jouer les matches à domicile. Les Nets ne voulaient pas d’un basketteur à mi-temps. Ils ont fini par céder. Le mal était déjà fait. D’une manière ou d’une autre, le choix du bonhomme – qui après tout lui appartient – a fait dérailler la saison et a poussé James Harden à partir.
Et maintenant, c’est donc Kyrie Irving qui risque de mettre les voiles. Les dirigeants, visiblement fatigués de son attitude, ne veulent plus céder et ne s’imaginent pas le prolonger au maximum sur le long terme. Contrarié, le joueur chercherait donc à partir. Il pourrait le fait très simplement en renonçant à sa dernière année de contrat pour tester le marché. Sauf qu’il sait pertinemment que les équipes qu’il aimerait rejoindre n’ont pas la marge salariale nécessaire pour le signer.
Du coup, il va selon toute vraisemblance « opt in » et palper 36 millions de dollars avant de forcer son transfert. Les Lakers, Clippers, Mavericks, Sixers, Knicks ou encore le Heat font partie des franchises ciblées. Mais rien ne garanti que l’intérêt soit réciproque.
Kyrie Irving, son plan pour mettre les voiles dévoilé
Les Nets pourraient voir cette envie de départ comme un don du ciel et une occasion de s’en débarrasser pour récupérer d’autres assets. De toute façon, Kevin Durant a toujours été, est et sera encore l’élément central du projet. Enfin sera… c’est là tout le problème. Selon les dernières rumeurs, le double champion NBA s’interrogerait lui aussi sur son avenir au sein de la franchise.
Alors peut-être que c’est juste du bluff pour forcer la main de ses dirigeants. Ou peut-être que le camp d’Irving fait fuiter des informations en espérant faire pression sur les Nets. Mais il existe donc un monde où les deux superstars souhaiteraient quitter Brooklyn. Un transfert de Durant paraît tout de même très peu probable. Il est sous contrat pendant encore quatre ans. C’est l’un des meilleurs joueurs du monde. Il faudrait un package historiquement dingue pour convaincre les Nets de le laisser partir.
C’est cruel pour Marks et tout le reste de l’encadrement. Le GM a récupéré une organisation au fond du trou, sans aucun pick, sans âme, sans marge de manœuvre, sans ambition. Il a travaillé d’arrache-pied pour la mettre en position de signer non pas une mais plusieurs stars. En créant un groupe, un posant des bases sérieuses, en dénichant des joueurs, en faisant des bons deals. Les arrivées de Kevin Durant et Kyrie Irving sont venus récompensées tout ce boulot.
Depuis, les Nets ont flingué leur culture, leurs picks, leur cap… et les voilà en position de tout perdre et de se retrouver exactement au même stade qu’il y a bientôt dix ans. Quel gâchis.